La capitale française a récemment été le théâtre d’une vive polémique autour d’une soirée de solidarité envers la population de Gaza, initialement prévue mercredi soir dans un lieu culturel appartenant à la mairie de Paris. L’événement, organisé par l’association Urgence Palestine, devait se tenir à la Flèche d’Or, ancienne salle de concert de l’est parisien rachetée par la municipalité à l’issue de la crise sanitaire du Covid-19.
Une affiche controversée à l’origine des critiques
C’est une affiche réalisée pour promouvoir la soirée qui a mis le feu aux poudres. À côté d’une première affiche conviant à cette « soirée de solidarité », les organisateurs en ont en effet accolé une seconde représentant un homme au visage masqué par un foulard traditionnel, accompagnée de la légende : « jusqu’à la libération totale de la Palestine, Intifada ». Un appel direct à la révolte et à la violence selon de nombreux élus et militants, qui ont immédiatement fait part de leur indignation.
La mairie de Paris s’oppose à tout appel à la violence
Face à la polémique grandissante, les adjointes à la maire de Paris Anne Hidalgo ont rapidement réagi. Carine Rolland, en charge de la culture, a souligné avoir été interpellée « au sujet d’un affichage incitant à la violence en lien avec un événement à la Flèche d’Or », affirmant refuser « tout appel pouvant conduire à des débordements, quelle qu’en soit l’origine ». Karen Taïeb, autre adjointe, a pour sa part dénoncé « une incitation à la haine » et « la violence des images » reflétant selon elle « la haine d’Israël et l’antisionisme virulent, ferment de l’antisémitisme dans notre pays ».
Les organisateurs se défendent et déplacent l’événement
Du côté des organisateurs, on assure que le terme « Intifada » fait référence à « la résistance » et à « la révolte », ajoutant que la véritable violence était celle subie par « les dizaines de milliers de gens qui se font tuer à Gaza ». Face aux pressions, l’association Urgence Palestine a toutefois été contrainte d’annuler la soirée à la Flèche d’Or. L’événement a finalement été déplacé dans un local de la Confédération nationale du travail (CNT), qui appartient lui aussi à la mairie, mais avec un lien contractuel différent.
La Ville loue un local à la CNT sans obligation pour la CNT, alors que la Flèche d’Or est un projet culturel financé par la Ville. Les liens ne sont donc pas du tout les mêmes.
– Éric Pliez, maire du XXe arrondissement de Paris
Le conflit israélo-palestinien continue d’enflammer les débats
Cette polémique illustre une fois de plus à quel point le conflit israélo-palestinien reste un sujet brûlant et clivant en France. Alors que les affrontements se poursuivent sur le terrain, notamment dans la bande de Gaza, les tensions se répercutent régulièrement dans le débat public français. Appels au boycott d’Israël, accusations d’antisémitisme, controverses autour de l’antisionisme… Les passions s’exacerbent de part et d’autre, rendant difficile tout dialogue apaisé sur cette question éminemment complexe.
Les lieux publics, théâtres malgré eux des crispations communautaires
Cette affaire met aussi en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les municipalités lorsque des lieux dont elles sont propriétaires se retrouvent au cœur de controverses intercommunautaires. Quelles limites poser à la liberté d’expression et de réunion dans des espaces publics ? Comment ne pas donner l’impression de soutenir un camp plutôt qu’un autre ? Un équilibre délicat à trouver pour les élus locaux, tiraillés entre le respect des principes républicains et la volonté d’apaiser les tensions au sein de leur ville.
Un débat qui est loin d’être clos
Si la soirée prévue à la Flèche d’Or a finalement été annulée et déplacée, nul doute que ce type de polémiques est amené à se reproduire à l’avenir. Tant que le conflit au Proche-Orient ne connaîtra pas de règlement politique durable, ses répercussions continueront inévitablement d’agiter régulièrement la société française. Un défi majeur pour le modèle républicain, qui peine parfois à contenir les passions communautaires tout en préservant ses valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et de fraternité.