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Colère Druze : Manifestations à Paris et Londres

À Paris et Londres, les Druzes crient leur colère face aux massacres à Soueida. Quelles sont leurs demandes ? Pourquoi cette tragédie secoue-t-elle l’Europe ?

Dans les rues de Paris et de Londres, des voix s’élèvent, portées par la douleur et la colère. Les Druzes, une minorité religieuse souvent méconnue, ont manifesté récemment pour dénoncer les atrocités commises dans la province de Soueida, en Syrie. Ces rassemblements, bien que modestes en nombre, résonnent comme un cri d’alarme face à une tragédie qui semble échapper à l’attention mondiale. Comment une communauté aussi discrète peut-elle secouer les capitales européennes avec une telle ferveur ?

Une tragédie syrienne au cœur de l’Europe

Les images sont saisissantes. À Paris, devant l’emblématique tour Eiffel, une doctorante en droit brandit des portraits de ses proches disparus. À Londres, un adolescent lutte contre les larmes en évoquant les siens, abattus sans pitié. Ces manifestations, organisées le samedi 19 juillet 2025, ne sont pas de simples rassemblements : elles traduisent un sentiment d’urgence face à ce que certains qualifient de nettoyage ethnique dans le sud de la Syrie. Mais que se passe-t-il à Soueida, et pourquoi cette communauté druze se mobilise-t-elle ainsi ?

Soueida : une ville sous le feu

La province de Soueida, située dans le sud de la Syrie, est le théâtre de violences brutales depuis le 13 juillet 2025. Des affrontements opposent des groupes bédouins sunnites à des combattants druzes, avec des accusations graves contre les forces gouvernementales syriennes. Selon une ONG locale, le bilan est effroyable : 940 morts, dont 588 Druzes, parmi lesquels 326 combattants et 262 civils. Les récits des manifestants à Paris et Londres dressent un tableau glaçant : tirs indiscriminés, pillages, incendies de maisons et de commerces, et même des actes de barbarie comme des décapitations.

“C’est comme un nettoyage ethnique. Ils veulent la ville sans ses habitants,”

William Salha, manifestant à Londres

Les Druzes, une minorité religieuse connue pour sa discrétion et son mode de vie pacifique, se retrouvent au cœur d’une tempête. Les témoignages convergent : des civils, sortis pour des besoins aussi banals que récupérer des médicaments, ont été abattus. Ces actes ne sont pas isolés, mais semblent s’inscrire dans une logique de ciblage systématique.

Des manifestations chargées d’émotion

À Paris, une retraitée tient le portrait de son frère, un homme de 52 ans, père de famille, assassiné sans raison apparente. Sa voix tremble de rage : “Il vivait en paix. Il n’a jamais fait de mal à personne.” À Londres, un jeune garçon raconte comment des membres de sa famille ont été exécutés alors qu’ils tentaient de se défendre. Ces récits personnels, chargés d’émotion, donnent un visage humain à une crise qui pourrait autrement se perdre dans les statistiques.

Les pancartes des manifestants portent des slogans percutants : “Arrêtez le massacre, protégez les minorités !” et “Jolani assassin !”, en référence au président syrien Ahmad al-Chareh, accusé de passivité, voire de complicité.

Les manifestants ne se contentent pas de dénoncer. Ils appellent à des actions concrètes, comme l’ouverture d’un couloir humanitaire vers la Jordanie, la route de Damas étant jugée trop dangereuse. Cette demande traduit leur désespoir face à une situation où la fuite semble être la seule issue pour beaucoup.

Une colère tournée vers l’Occident

Les manifestations ne visent pas seulement le gouvernement syrien. Une frustration palpable s’exprime contre les dirigeants occidentaux, accusés de fermer les yeux. À Paris, une manifestante interpelle directement la France : “Où est-elle, là ?”, en référence à l’accueil récent du président syrien par les autorités françaises. À Londres, la colère se tourne vers le ministre des Affaires étrangères britannique, critiqué pour sa visite en Syrie. Ces reproches reflètent un sentiment d’abandon face à une tentative de normalisation des relations avec un régime controversé.

“Tirs, décapitations, viols, meurtres d’enfants… C’est un mouvement barbare qui se poursuit à Soueida.”

Emad al-Eismy, organisateur de la manifestation à Londres