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Rassemblement Islamiste À Dacca : Un Retour En Force

Des dizaines de milliers de partisans du Jamaat-e-Islami se rassemblent à Dacca. Quel impact ce retour aura-t-il sur les élections de 2026 ? Lisez pour le découvrir...

Dans les rues animées de Dacca, la capitale du Bangladesh, une marée humaine s’est formée ce samedi, portée par une ferveur politique et religieuse. Des dizaines de milliers de personnes, réunies sous la bannière du Jamaat-e-Islami, ont marqué un tournant décisif dans l’histoire récente du pays. Ce rassemblement, le plus imposant organisé par ce parti islamiste depuis des années, n’est pas seulement une démonstration de force : il symbolise un retour spectaculaire sur la scène politique, à l’approche des élections générales prévues pour avril 2026. Comment ce mouvement, longtemps muselé, a-t-il réussi à renaître de ses cendres ? Quels enjeux ce regain d’influence soulève-t-il pour l’avenir du Bangladesh ?

Un Retour Politique Après des Années de Répression

Le Jamaat-e-Islami, principal parti islamiste du Bangladesh, a traversé une période sombre sous le gouvernement de Sheikh Hasina, Première ministre de 2009 à 2024. Pendant ces quinze années, le parti a été la cible d’une répression féroce. Interdit de participer aux élections, il a vu ses dirigeants emprisonnés, certains même exécutés, tandis que ses militants étaient marginalisés. Cette période, marquée par une gouvernance autoritaire surnommée la « bégum de fer », a laissé des cicatrices profondes dans les rangs du parti.

La chute du gouvernement Hasina en août dernier, après des semaines de violentes émeutes, a bouleversé la donne. Le parti, qui opérait dans l’ombre, a saisi cette opportunité pour se réorganiser et mobiliser ses partisans. La récente décision de la Cour suprême d’autoriser le Jamaat-e-Islami à participer aux élections de 2026 a agi comme un catalyseur, redonnant espoir et visibilité à ses membres.

« Nous avons beaucoup souffert ces quinze dernières années. Nous avons été emprisonnés et privés de nos droits politiques. C’est un peu notre libération », a déclaré Mohammad Abdul Mannan, 29 ans, lors du rassemblement.

Une Démonstration de Force à Dacca

Le rassemblement de ce samedi à Dacca n’était pas seulement un événement politique, mais une véritable célébration pour les partisans du Jamaat-e-Islami. Des drapeaux verts et blancs flottaient dans la foule, tandis que les slogans appelaient à une plus grande représentation politique et à des réformes. Ce moment marque un contraste saisissant avec les années où le parti était contraint à la clandestinité.

Pour beaucoup, cet événement était plus qu’un simple meeting. Il représentait une revendication d’identité et une volonté de peser sur l’avenir politique du pays. Les participants, issus de divers horizons, ont exprimé leur soutien à des demandes précises, notamment une représentation proportionnelle au Parlement, une mesure qui pourrait renforcer l’influence du parti dans un système politique dominé par les grands partis laïques.

Points clés du rassemblement :

  • Des dizaines de milliers de participants à Dacca.
  • Première manifestation majeure du Jamaat-e-Islami depuis des années.
  • Revendication d’une représentation proportionnelle au Parlement.
  • Retour en force après des années de répression.

Les Racines Controversées du Jamaat-e-Islami

Le Jamaat-e-Islami n’est pas un parti sans histoire. Fondé sur des idéaux islamistes, il a joué un rôle controversé lors de la guerre d’indépendance du Bangladesh en 1971. À l’époque, le parti s’était rangé du côté du Pakistan, s’opposant à la création du Bangladesh. Cette position reste une source de division dans le pays, où de nombreux citoyens associent encore le parti à une trahison nationale.

Cependant, pour ses partisans, cette accusation est injuste. Lors du rassemblement, un participant anonyme a défendu le parti, affirmant qu’il n’avait fait que « défendre l’intégrité de la nation ». Cette divergence de récits historiques continue de nourrir les tensions, alors que le parti cherche à se repositionner comme une force légitime.

« Il était de mon devoir de musulman de venir. Le Jamaat-e-Islami a promis d’établir un État islamique, et c’est pour ça que je suis là », a expliqué Md Shafiqul Islam, 58 ans.

Un Contexte Politique en Ébullition

Le retour du Jamaat-e-Islami intervient dans un climat politique particulièrement instable. Après la chute de Sheikh Hasina, un gouvernement provisoire a pris les rênes du pays, avec pour mission d’organiser des élections libres et équitables en 2026. Ce contexte offre une fenêtre d’opportunité pour des partis comme le Jamaat-e-Islami, qui cherchent à combler le vide laissé par l’ancien régime.

Face à eux, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principal adversaire de l’ancien gouvernement, est considéré comme le favori pour le prochain scrutin. Cependant, l’émergence du Jamaat-e-Islami pourrait redistribuer les cartes, en attirant une partie de l’électorat conservateur. La question est de savoir si le parti islamiste parviendra à surmonter son passé controversé pour séduire un public plus large.

Facteur Impact
Autorisation électorale Le Jamaat-e-Islami peut participer aux élections de 2026.
Chute de Hasina Fin de la répression contre le parti.
Rassemblement de Dacca Démonstration de force et regain de visibilité.

Les Défis d’un Retour en Grâce

Si le Jamaat-e-Islami savoure aujourd’hui son retour sur le devant de la scène, les obstacles restent nombreux. Son passé, notamment son rôle pendant la guerre de 1971, continue de susciter la méfiance d’une partie de la population. De plus, la Constitution laïque du Bangladesh, qui garantit la séparation de la religion et de l’État, représente un défi pour un parti prônant un État islamique.

En 2013, la Haute cour avait interdit au parti de participer aux élections, arguant que sa charte était incompatible avec les principes laïques du pays. Bien que cette interdiction ait été levée, le Jamaat-e-Islami devra convaincre les électeurs qu’il peut s’intégrer dans le cadre démocratique tout en défendant ses idéaux.

Pour y parvenir, le parti mise sur une mobilisation massive et une rhétorique centrée sur la justice et la représentation. Les slogans scandés lors du rassemblement de Dacca, comme ceux réclamant une représentation proportionnelle, montrent une volonté de s’ancrer dans les préoccupations actuelles des Bangladais, tout en conservant une identité religieuse forte.

Un Avenir Incertain pour le Bangladesh

À l’approche des élections de 2026, le Bangladesh se trouve à un carrefour. Le retour du Jamaat-e-Islami, combiné à l’instabilité politique récente, pourrait redéfinir les dynamiques électorales. Si le parti parvient à mobiliser un électorat conservateur tout en élargissant sa base, il pourrait devenir un acteur clé dans le futur Parlement.

Cependant, le chemin est semé d’embûches. La concurrence avec le Parti nationaliste, les tensions autour de la laïcité et les souvenirs douloureux de 1971 seront autant de défis à relever. Pour les observateurs, une question demeure : le Jamaat-e-Islami parviendra-t-il à transformer sa démonstration de force en un véritable pouvoir politique ?

Enjeux pour 2026 :

  • Compétition avec le Parti nationaliste du Bangladesh.
  • Acceptation par une population attachée à la laïcité.
  • Capacité à mobiliser au-delà des cercles islamistes.
  • Réconciliation avec le passé controversé du parti.

Le rassemblement de Dacca n’est que le début. Pour le Jamaat-e-Islami, l’enjeu est clair : transformer cette énergie en un mouvement politique durable. À l’heure où le Bangladesh se prépare à écrire un nouveau chapitre de son histoire, tous les regards sont tournés vers 2026, où les urnes livreront leur verdict.

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