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Élection Cameroun 2025 : Biya Candidat ?

Le Cameroun se prépare pour la présidentielle 2025, mais Paul Biya sera-t-il candidat ? Des défections secouent son camp, tandis que l’opposition s’organise. Que réserve cette élection ?

À quoi ressemble un pays où un homme dirige depuis plus de quatre décennies ? Au Cameroun, cette question résonne alors que la date de la prochaine élection présidentielle a été fixée au 12 octobre 2025. Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 43 ans, maintient le suspense sur sa candidature. Ce silence, loin d’être anodin, alimente les spéculations et attise les tensions dans un pays où la politique est un jeu d’équilibre entre fidélité et ambition.

Un scrutin sous haute tension

Le décret présidentiel est clair : les bureaux de vote ouvriront de 8h à 18h pour permettre aux Camerounais de choisir leur futur président. Mais derrière cette annonce administrative se cache un contexte politique bouillonnant. Paul Biya, figure centrale du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), n’a pas encore révélé s’il briguera un septième mandat. Ce flou stratégique laisse place à toutes les interprétations, dans un pays où son emprise sur le pouvoir est quasi absolue.

Pourtant, des voix s’élèvent, certaines pour demander son départ, d’autres pour réaffirmer leur loyauté. Ce climat d’incertitude est accentué par des défections inattendues dans son camp, signe que l’unité du RDPC vacille à l’approche de ce rendez-vous crucial.

Des défections qui ébranlent le pouvoir

Le camp de Paul Biya, habituellement monolithique, montre des fissures. Deux figures de poids ont récemment quitté le navire pour se lancer dans la course présidentielle. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre chargé de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a claqué la porte du gouvernement pour se présenter sous la bannière de son parti, le FSNC. Un geste audacieux, qui traduit une ambition longtemps contenue.

Plus surprenant encore, Bello Bouba Maïgari, ministre d’État et ancien Premier ministre, a lui aussi décidé de se porter candidat. Allié historique de Biya depuis près de trois décennies à la tête de l’UNDP, son départ marque une rupture symbolique. Ces défections, rares dans un système où la loyauté est une monnaie d’échange, soulignent les tensions internes au sein de la majorité.

« Ces départs montrent que même les proches de Biya sentent que le vent tourne. La question n’est plus seulement de savoir s’il sera candidat, mais s’il peut encore rassembler. »

Analyste politique camerounais

Un RDPC divisé face à l’incertitude

Le RDPC, parti au pouvoir, se retrouve dans une position délicate. D’un côté, certains cadres affirment que Paul Biya est le candidat naturel, comme l’a déclaré Jacques Fame Ndongo, haut responsable du parti, qui assure que sa candidature est « certaine à 100 % ». De l’autre, René Emmanuel Sadi, ministre et porte-parole du gouvernement, a laissé planer le doute en suggérant que Biya pourrait ne pas se représenter. Cette cacophonie médiatique reflète un manque de cohérence rare dans les rangs du pouvoir.

Pour consolider ses bases, le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, a multiplié les réunions avec les élus et ministres des dix régions du pays. Objectif : sonder les soutiens et maintenir l’unité. Selon des sources proches du pouvoir, des partis alliés comme l’ANDP et le MDR ont réaffirmé leur fidélité à Biya, mais ces déclarations ne suffisent pas à masquer les doutes.

Un climat d’incertitude plane sur le Cameroun à l’approche de l’élection. Les défections et les déclarations contradictoires montrent que même les alliés de longue date questionnent l’avenir politique de Biya.

L’opposition en embuscade

Face à un pouvoir fragilisé, l’opposition fourbit ses armes. Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et arrivé deuxième en 2018, est déjà en lice. Sa détermination à défier Biya, malgré les obstacles rencontrés lors du précédent scrutin, en fait un adversaire redoutable. De son côté, Cabral Libii, figure montante de l’opposition, attire une nouvelle génération d’électeurs avec son discours modernisateur.

Les candidats ont jusqu’au 21 juillet 2025 pour officialiser leur candidature, une échéance qui promet de clarifier le paysage politique. Mais pour l’heure, l’opposition doit composer avec un système électoral souvent critiqué pour son manque de transparence.

Les enjeux d’une élection cruciale

Cette élection dépasse la simple question de la candidature de Paul Biya. Elle pose la question de l’avenir d’un pays où les défis économiques, sociaux et sécuritaires s’accumulent. Dans les régions anglophones, les tensions séparatistes persistent, tandis que la jeunesse camerounaise, de plus en plus connectée, aspire à un changement de gouvernance.

Voici les principaux enjeux du scrutin :

  • Transition politique : Après 43 ans au pouvoir, la question de la succession de Biya est dans tous les esprits.
  • Stabilité du RDPC : Les défections affaiblissent le parti, qui doit maintenir son hégémonie.
  • Renouveau de l’opposition : Kamto et Libii incarnent-ils une alternative crédible ?
  • Participation électorale : La méfiance envers le système pourrait limiter le taux de participation.

Un pays à la croisée des chemins

Le Cameroun se trouve à un tournant. L’élection du 12 octobre 2025 ne sera pas seulement un choix de président, mais un test pour la résilience de son système politique. Si Paul Biya se représente, il devra convaincre un électorat de plus en plus critique. S’il choisit de passer la main, il ouvrira la voie à une transition inédite, mais semée d’embûches.

Pour l’instant, le mystère reste entier. Les prochaines semaines, avec la clôture des candidatures, apporteront peut-être des réponses. En attendant, le Cameroun retient son souffle, partagé entre l’espoir d’un renouveau et la crainte d’un statu quo.

Quel avenir pour le Cameroun après 43 ans de règne de Paul Biya ? La réponse se jouera dans les urnes.

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