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Canicule au Maroc : Alerte et Solutions Face à la Chaleur

Le Maroc affronte des canicules records. Comment alerte-t-on la population ? Quelles solutions face à la chaleur extrême ? Découvrez les initiatives…

Imaginez un été où le thermomètre frôle les 46 °C, où l’air brûlant semble peser sur chaque pas. Au Maroc, cette réalité s’installe avec une fréquence alarmante, poussée par le changement climatique. Face à ces vagues de chaleur, le pays déploie des efforts sans précédent pour alerter et protéger sa population, des grandes villes aux villages reculés. Comment un ingénieur polyglotte, des alertes SMS et des campagnes de santé publique s’unissent-ils pour faire face à ce défi brûlant ?

Un pays sous pression thermique

Le Maroc vit une transformation climatique brutale. Les records de température s’enchaînent, et 2024 a marqué un tournant : l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le pays. Avec un déficit pluviométrique de près de 25 %, le cycle de sécheresse entamé en 2018 ne montre aucun signe d’essoufflement. Dans certaines régions, comme à Ben Guerir, le mercure a atteint 46,4 °C en juin, un record mensuel qui illustre l’ampleur du phénomène.

Ces vagues de chaleur ne sont pas qu’un simple inconfort. Elles menacent la santé, l’agriculture et les ressources en eau, tout en accentuant les inégalités entre zones urbaines et rurales. Pourtant, le Maroc ne reste pas les bras croisés. À travers des initiatives innovantes et une communication adaptée, le pays s’organise pour minimiser les impacts de ces épisodes extrêmes.

Une communication multilingue pour alerter tous

Dans un pays où la diversité linguistique est une richesse, parler la langue des habitants est une priorité pour diffuser les alertes météo. Un ingénieur en météorologie de 52 ans, basé à Casablanca, incarne cet effort. Maîtrisant l’arabe classique, le darija (arabe dialectal), et plusieurs dialectes amazighs comme le tamazight et le tachelhit, il s’adresse à tous, des citadins aux habitants des campagnes reculées.

Dans les campagnes, les habitants apprécient qu’on s’exprime dans leur langue.

Sa mission ? Intervenir à la télévision et à la radio pour expliquer les risques liés aux canicules, aux orages ou aux inondations. En s’exprimant dans les langues locales, il garantit que l’information atteint même les zones les plus isolées, où l’accès aux médias numériques reste limité. Il apprend également le tarifit, un dialecte amazigh du nord, pour élargir encore son audience.

Cette approche multilingue est essentielle dans un pays où la fracture numérique et linguistique peut compliquer la diffusion des messages d’urgence. En parallèle, les autorités envoient des alertes par SMS aux responsables locaux, qui relaient ensuite l’information aux communautés. Ce système, bien que perfectible, montre une volonté d’inclure tous les Marocains dans la lutte contre les extrêmes climatiques.

Des outils modernes pour une alerte rapide

La Direction générale de la météorologie (DGM) joue un rôle central dans cette mobilisation. Lorsqu’une vague de chaleur ou un autre phénomène extrême est détecté, des bulletins de vigilance sont transmis aux autorités, à la protection civile et aux médias. Mais le Maroc ne s’arrête pas là. Les réseaux sociaux sont devenus un canal clé pour diffuser rapidement les alertes, touchant ainsi les jeunes générations et les populations urbaines.

Un projet novateur, baptisé Smart Alert, est en cours de développement. Son objectif ? Envoyer des bulletins météo directement sur les téléphones des habitants, même dans les zones à faible couverture réseau. Cette initiative pourrait révolutionner la manière dont les Marocains reçoivent les informations en temps réel, réduisant ainsi les risques liés à une mauvaise préparation.

Une carte de vigilance rouge s’affiche dans les bureaux de la DGM, signalant des températures dépassant les normales saisonnières pour les trois prochains mois.

Ce système s’inscrit dans une logique d’adaptation climatique. Avec des prévisions indiquant des températures toujours plus élevées, il devient crucial d’anticiper et d’informer rapidement. Les cartes de vigilance, souvent partagées dans les médias, permettent de visualiser l’ampleur du danger et d’agir en conséquence.

Les défis des zones rurales

Si les villes comme Rabat ou Casablanca bénéficient d’une infrastructure moderne, les zones rurales affrontent des obstacles majeurs. En 2024, environ 5,4 % des habitants des campagnes n’avaient pas accès à l’électricité, et 20,4 % manquaient d’eau potable. Ces chiffres, issus du Haut-Commissariat au Plan, révèlent une vulnérabilité accrue face aux canicules.

Dans ces régions, l’absence de climatisation et la difficulté d’accès à l’eau aggravent les risques de déshydratation et de coups de chaleur. Les habitants, souvent dépendants de l’agriculture, subissent également les conséquences de la sécheresse prolongée, qui réduit les rendements et menace leur subsistance.

Pourtant, des solutions émergent. Un expert en gestion de l’eau propose de revenir à des techniques de construction traditionnelles, adaptées aux conditions climatiques extrêmes. Ces bâtiments, conçus pour rester frais sans climatisation, pourraient être modernisés grâce à des technologies propres, offrant une alternative durable.

Protéger la santé face à la chaleur

Les autorités sanitaires marocaines ne se contentent pas d’alerter sur les températures extrêmes. Elles diffusent des conseils pratiques pour protéger la population. Parmi ceux-ci :

  • Boire régulièrement pour éviter la déshydratation.
  • Rester à l’ombre ou dans des lieux frais.
  • Éviter les sorties entre 11 h et 16 h, heures de fort ensoleillement.
  • Privilégier des vêtements clairs et légers.

À Harhoura, une médecin-cheffe d’un centre de santé local insiste sur l’importance de ces recommandations. Elle rappelle que la chaleur peut aggraver des pathologies existantes, notamment chez les personnes âgées et les enfants. Les campagnes de sensibilisation s’étendent aussi à d’autres dangers liés à la chaleur, comme les piqûres de scorpions et les morsures de serpents.

Grâce à un kit médical dédié, la mortalité liée aux piqûres de scorpions est passée de 7,2 % en 2013 à 1,2 % aujourd’hui.

Avec environ 25 000 piqûres et 250 morsures par an, le ministère de la Santé a lancé une campagne nationale pour éduquer la population sur ces risques. Des kits médicaux, distribués dans les zones à risque, ont permis de sauver des vies en réduisant drastiquement la létalité de ces incidents.

Un avenir sous le signe de l’adaptation

Le Maroc fait face à un défi de taille : s’adapter à un climat de plus en plus hostile. Les initiatives en cours, qu’il s’agisse d’alertes multilingues, de technologies comme Smart Alert ou de campagnes de santé publique, montrent une volonté d’agir. Mais les obstacles restent nombreux, notamment dans les zones rurales où les ressources manquent.

Pour aller plus loin, des experts appellent à des investissements dans l’accès à l’eau potable et à des infrastructures résilientes. La construction durable, inspirée des techniques ancestrales, pourrait jouer un rôle clé. En parallèle, l’éducation et la sensibilisation restent des armes essentielles pour préparer la population aux défis climatiques à venir.

Problème Solution proposée
Canicule Alertes multilingues, conseils santé, Smart Alert
Sécheresse Gestion durable de l’eau, agriculture résiliente
Piqûres/morsures Campagnes de sensibilisation, kits médicaux

Le Maroc, comme beaucoup de pays, se trouve à la croisée des chemins. Les vagues de chaleur, la sécheresse et les risques associés ne feront que s’intensifier si le changement climatique n’est pas freiné. En attendant, les efforts pour alerter, protéger et éduquer la population sont un pas vers un avenir plus résilient. Mais la question demeure : le pays pourra-t-il s’adapter assez vite pour protéger ses habitants ?

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