En Guinée, un cri retentit dans les rues de Conakry. Un an après la disparition mystérieuse de deux figures emblématiques de l’opposition, Oumar Sylla, surnommé Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, la société civile ne baisse pas les bras. Leur absence, qualifiée de kidnapping par leurs camarades, continue de hanter le pays. Ce 9 juillet 2025 marque une date sombre, celle où ces deux militants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ont été enlevés par des forces de l’ordre, selon leurs proches. Face au silence des autorités, un collectif appelle à une manifestation d’ampleur pour exiger des réponses et dénoncer les abus de pouvoir.
Une Crise Politique qui Persiste
Depuis le coup d’État de 2021 qui a porté le général Mamadi Doumbouya au pouvoir, la Guinée traverse une période de tensions extrêmes. Le FNDC, fer de lance de la contestation contre l’ancien président Alpha Condé, n’a cessé de réclamer un retour à un gouvernement civil. Mais sous la junte, les voix dissidentes sont muselées. La dissolution officielle du FNDC par les autorités militaires en 2022 et l’interdiction des manifestations n’ont fait qu’attiser la colère populaire. Aujourd’hui, l’appel à manifester mercredi à Conakry résonne comme un défi lancé à un régime qui semble inflexible.
“Mercredi marquera un an depuis l’enlèvement de nos camarades. Nous exigeons leur libération immédiate et dénonçons la corruption qui gangrène notre pays.” – Communiqué du FNDC
Qui Sont Foniké Menguè et Billo Bah ?
Oumar Sylla, plus connu sous son surnom Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah sont des figures clés du FNDC. Ces deux activistes se sont imposés comme des défenseurs acharnés de la démocratie en Guinée. Leur engagement pour un retour à un pouvoir civil leur a valu une popularité immense, mais aussi l’hostilité des autorités. Le 9 juillet 2024, ils auraient été arrêtés par des gendarmes et des unités d’élite, selon le FNDC. Depuis, aucune nouvelle officielle. Les autorités nient détenir les deux hommes, laissant leurs familles et leurs camarades dans l’angoisse.
Leur disparition n’est pas un cas isolé. La Guinée, marquée par des décennies de régimes autoritaires, est habituée aux répressions brutales. Mais l’absence prolongée de ces deux figures emblématiques soulève des questions : où sont-ils ? Sont-ils encore en vie ? Ces interrogations alimentent la mobilisation prévue mercredi, qui promet d’être un moment charnière pour le pays.
Un Appel à Manifester Malgré les Risques
Le FNDC a appelé à une grande manifestation dans les rues de Conakry pour exiger des réponses. Cet appel intervient dans un contexte où les manifestations sont strictement interdites depuis 2022. Pourtant, le collectif ne se décourage pas. Outre la libération de Foniké Menguè et Billo Bah, les organisateurs souhaitent dénoncer d’autres fléaux qui minent le pays :
- Les disparitions forcées et détentions arbitraires de militants et d’opposants.
- La corruption généralisée, accusée d’enrichir une élite au détriment du peuple.
- Le pillage des ressources minières, notamment par des compagnies étrangères en lien avec le pouvoir.
Ces revendications ne sont pas nouvelles, mais elles prennent une résonance particulière à l’approche de cet anniversaire tragique. Les organisateurs savent que manifester dans un tel climat est risqué. Depuis 2021, la répression des manifestations a causé au moins 47 morts, selon un rapport d’Amnesty International publié en mai 2024. Pourtant, la détermination reste intacte.
La Corruption et le Pillage des Ressources
La Guinée est l’un des pays les plus riches en ressources minières, notamment en bauxite, fer et or. Pourtant, cette richesse profite peu à la population. Le FNDC accuse le général Doumbouya et son entourage de brader ces ressources à des compagnies étrangères, au détriment des Guinéens. Ce pillage, couplé à une corruption endémique, alimente le mécontentement populaire. Les manifestants veulent mettre un terme à ces pratiques, mais leurs voix sont souvent étouffées.
Problème | Impact |
---|---|
Corruption | Détournement des fonds publics, appauvrissement de la population. |
Pillage des ressources | Profits accaparés par des élites et des compagnies étrangères. |
Répression | 47 morts depuis 2021, climat de peur instauré. |
Un Passé de Répression et de Violence
La Guinée n’est pas étrangère aux violences politiques. Depuis des décennies, le pays oscille entre régimes autoritaires et coups d’État. La junte actuelle, dirigée par Mamadi Doumbouya, a promis des réformes, mais les actions parlent plus fort que les mots. L’interdiction des manifestations, les arrestations arbitraires et les disparitions forcées rappellent les heures sombres du passé. Les opposants, qu’ils soient politiques ou citoyens ordinaires, paient souvent un lourd tribut pour leur engagement.
Le FNDC, malgré sa dissolution officielle, reste un symbole de résistance. Ses membres continuent d’organiser des actions, bravant les interdictions et les risques. Leur courage face à la répression est un message clair : le peuple guinéen ne se taira pas.
“Nous ne pouvons pas rester silencieux face à l’injustice. Nos camarades méritent la liberté, et notre pays mérite la justice.” – Un militant anonyme du FNDC
Quel Avenir pour la Guinée ?
La manifestation prévue mercredi pourrait être un tournant. Dans un pays où la répression est devenue la norme, chaque rassemblement est un acte de bravoure. Mais les défis sont immenses. La junte, soutenue par une partie de l’armée, semble déterminée à conserver le pouvoir. Les disparitions de Foniké Menguè et Billo Bah, tout comme les détentions arbitraires d’autres opposants, sont des signaux inquiétants d’un régime qui craint la contestation.
Pourtant, l’espoir persiste. Les Guinéens, portés par des années de lutte, savent que le changement ne vient pas sans sacrifice. Le FNDC incarne cette résilience, et la mobilisation de mercredi pourrait galvaniser d’autres citoyens à rejoindre le mouvement. Mais une question demeure : jusqu’où ira la junte pour étouffer ces voix ?
Un Combat pour la Justice et la Dignité
La disparition de Foniké Menguè et Billo Bah n’est pas qu’une affaire d’opposants politiques. Elle symbolise un combat plus large pour la justice, la transparence et la dignité en Guinée. Les manifestants qui descendront dans les rues de Conakry mercredi porteront un message universel : personne ne devrait vivre dans la peur pour avoir défendu ses convictions. Leur lutte, bien que périlleuse, est un rappel que la liberté se gagne par la persévérance.
Alors que le monde observe, la Guinée se trouve à un carrefour. La mobilisation de mercredi pourrait être le début d’un mouvement plus large, ou un nouvel épisode de répression. Une chose est sûre : le peuple guinéen, malgré les obstacles, continue de se battre pour un avenir meilleur.
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