L’antisémitisme en France n’a pas de couleur politique. Qu’il s’exprime à l’extrême gauche ou à l’extrême droite, c’est un fléau qu’il faut combattre sans relâche. Pourtant, certains semblent vouloir distinguer un antisémitisme qui serait moins grave qu’un autre selon son origine sur l’échiquier politique. Une posture inadmissible face à ce mal qui ronge notre société.
L’extrême gauche et l’extrême droite, coupables des mêmes dérives
Des voix s’élèvent pour minimiser l’antisémitisme venant de l’extrême gauche, le qualifiant de “contextuel” ou “d’électoral”, par opposition à un antisémitisme qui serait propre à l’extrême droite, jugé plus profond et enraciné. C’est faire fi de la réalité des faits :
- De nombreux cadres et élus de la France Insoumise ont tenu des propos ouvertement antisémites, ciblant Israël et la communauté juive.
- L’extrême gauche entretient des liens avec des organisations classées terroristes, comme le Hamas ou le Hezbollah, ouvertement antisémites.
- Des meetings de la France Insoumise ont donné lieu à des prises de parole assimilant Israël au nazisme et appelant à son boycott.
En parallèle, si l’antisémitisme du Rassemblement National a longtemps fait partie de son ADN, le parti a opéré un virage ces dernières années. Marine Le Pen a exclu les éléments les plus radicaux et pris ses distances avec les dérapages de son père. Pour autant, la vigilance reste de mise.
Un poison sans frontières politiques
Plutôt que de hiérarchiser la gravité de l’antisémitisme selon sa provenance politique, il est urgent de le combattre sur tous les fronts. Extrême gauche et extrême droite se rejoignent dans leur rejet et leur haine des Juifs, nourrie de préjugés et de théories complotistes.
L’antisémitisme n’est l’apanage d’aucun parti, d’aucune idéologie. C’est un poison qui s’insinue partout où la haine peut prospérer. Notre devoir est de le débusquer et de le combattre sans concession, d’où qu’il vienne.
Francis Kalifat, président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF)
Lutter contre l’antisémitisme implique de s’attaquer à ses racines, qui puisent dans des siècles de préjugés, de clichés et de mythes nauséabonds. C’est un combat de tous les instants, qui doit mobiliser les responsables politiques, les institutions, mais aussi chaque citoyen.
Sanctionner les dérives, partout et tout le temps
Tolérance zéro doit être le maître-mot face aux propos et actes antisémites, qu’ils émanent d’élus, de responsables associatifs ou de quidams. La loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur, sans exception ni complaisance en raison d’affinités politiques.
- Les partis doivent exclure sans hésiter les militants et cadres tenant des propos antisémites.
- Les réseaux sociaux doivent fermement réprimer la propagation de contenus haineux visant les Juifs.
- L’Éducation nationale doit renforcer la sensibilisation des élèves aux mécanismes du racisme et de l’antisémitisme.
C’est un effort d’ensemble qui doit être mené, pour ne laisser prospérer aucun espace où l’antisémitisme pourrait s’enraciner et se banaliser. Il en va de la cohésion de notre société et du respect de nos valeurs républicaines.
Mémoire et vigilance, les piliers de la lutte
La lutte contre l’antisémitisme doit aussi s’appuyer sur un travail de mémoire, pour ne jamais oublier où mènent la haine et le rejet de l’autre. Les jeunes générations doivent prendre conscience de l’histoire tragique de l’antisémitisme et de ses conséquences funestes.
Mais la mémoire ne suffit pas. Elle doit s’accompagner d’une vigilance de chaque instant, pour déconstruire les préjugés, combattre les fake news et les théories du complot, terreaux fertiles de la pensée antisémite.
Face à la haine, il n’y a pas de petits combats. Chaque acte compte, chaque prise de position est importante. C’est l’affaire de tous, au quotidien, de refuser la banalisation de l’antisémitisme et du racisme.
Delphine Horvilleur, rabbin et écrivaine
La lutte contre l’antisémitisme est un combat sans fin, qui exige une mobilisation permanente. À nous tous de le mener, sans faiblir, pour que plus jamais la haine des Juifs ne puisse prospérer, où que ce soit sur l’échiquier politique. L’enjeu n’est autre que de préserver notre contrat social et notre capacité à faire société, dans le respect de nos différences.