Comment un athlète peut-il pulvériser des records tout en jonglant avec les exigences d’une dernière année de médecine ? Cette question intrigue lorsqu’on observe le parcours de Yann Schrub, un coureur français qui, en 2025, a transformé les contraintes en opportunités. Malgré un emploi du temps chargé par ses stages hospitaliers, ce champion d’Europe du 10 km a non seulement brillé sur la piste, mais il a aussi redéfini ce que signifie l’équilibre entre passion et devoir. Son dernier exploit ? Un record personnel sur 1 500 m lors du meeting de l’Est Lyonnais, qui l’a propulsé parmi les qualifiés pour les Mondiaux de Tokyo.
Un Athlète pas comme les Autres
À première vue, Yann Schrub pourrait passer pour un coureur classique, enchaînant les compétitions avec une détermination sans faille. Pourtant, son quotidien est loin d’être ordinaire. Étudiant en médecine à Nancy, il consacre ses journées aux patients, aux diagnostics et aux longues heures d’apprentissage, tout en réservant ses soirées à des entraînements intensifs. Cette double vie, qui pourrait sembler écrasante, est pour lui une source d’épanouissement. L’équilibre qu’il a trouvé entre ces deux mondes est au cœur de ses performances exceptionnelles.
En 2024, Schrub avait mis ses études en pause pour se consacrer pleinement aux Jeux Olympiques de Paris. Résultat ? Une participation au 10 000 m et une 12e place sur 5 000 m. Mais cette focalisation exclusive sur l’athlétisme l’avait laissé insatisfait, comme il l’a confié :
« L’année dernière, je n’avais pas trouvé mon équilibre. Je me suis mis trop de pression. J’ai besoin d’avoir mon cerveau ailleurs. »
Yann Schrub
Cette réflexion l’a poussé à adopter une approche différente en 2025. Plutôt que de tout sacrifier pour la piste, il a choisi de réintégrer ses études, acceptant un emploi du temps surchargé mais plus en phase avec sa personnalité.
Un Début de Saison Prometteur
La saison 2025 de Schrub a démarré sur les chapeaux de roues. En avril, il a décroché un deuxième titre de champion d’Europe sur 10 km, dans les rues de Louvain, en Belgique. Ce succès, qui faisait écho à son titre en cross-country en 2023, semblait être le point culminant de sa saison. Pourtant, il ne s’est pas arrêté là. Lors du meeting de Charléty, le 20 juin, il a signé un impressionnant 12’56’’57 sur 5 000 m, pulvérisant son record personnel et décrochant les minima pour les Championnats du monde de Tokyo (13-21 septembre).
Mais c’est lors du meeting de l’Est Lyonnais, le 5 juillet, que Schrub a véritablement marqué les esprits. Sur 1 500 m, une distance qu’il pratique moins fréquemment, il a non seulement remporté la course, mais il a aussi établi un nouveau record personnel en 3’31’’42. Ce chrono, réalisé en solitaire sur le dernier tour, l’a placé parmi les sept Français qualifiés pour les Mondiaux sur cette distance. Un exploit d’autant plus remarquable que Schrub n’avait pas prévu de briller sur 1 500 m cette saison.
Un meeting devenu incontournable : le meeting de l’Est Lyonnais, à Décines, s’est imposé comme une référence pour le demi-fond en France, grâce à des conditions optimales et une organisation irréprochable.
Moins d’Entraînement, Plus de Résultats
Ce qui rend les performances de Schrub si fascinantes, c’est qu’elles surviennent dans un contexte de réduction de l’entraînement. Contrairement à 2024, où il s’entraînait à plein temps, cette année, ses sessions sur la piste sont limitées par ses obligations médicales. Pourtant, il ne voit pas cela comme un frein, mais comme un défi. « Je ne suis pas frustré de faire moins si je m’entraîne moins, explique-t-il. Je le prends comme un challenge. »
Comment expliquer cette capacité à performer avec moins de préparation physique ? Schrub attribue une grande partie de son succès à son état psychologique. En équilibrant ses études et l’athlétisme, il a trouvé une harmonie qui le libère de la pression qu’il ressentait auparavant. Cette approche lui permet de se concentrer sur des courses soigneusement choisies, où il donne tout.
« Psychologiquement, je vis ma meilleure vie. Cette année, je m’entraîne moins, mais je suis mieux. »
Yann Schrub
La Révolution du Demi-Fond en France
Les performances de Schrub s’inscrivent dans un contexte plus large de renouveau du demi-fond français. En 2025, la discipline connaît un véritable boum, porté par des innovations technologiques et des stratégies d’entraînement modernes. Parmi les facteurs clés :
- Chaussures nouvelle génération : Les avancées technologiques, notamment les plaques de carbone, offrent un gain de performance significatif.
- Wavelight : Cette technologie d’éclairage dynamique aide les coureurs à maintenir un rythme optimal pendant les courses.
- Nutrition d’effort : L’utilisation de bicarbonates et autres compléments améliore l’endurance et la récupération.
Ces éléments, combinés à une nouvelle génération de talents comme Azeddine Habz, recordman de France sur 1 500 m, ont permis à sept athlètes français de réaliser les minima pour les Mondiaux de Tokyo sur cette distance. Schrub, bien qu’il reste concentré sur le 5 000 m, profite pleinement de cette dynamique pour repousser ses limites.
Vers Monaco et Tokyo : Les Prochains Défis
Le prochain rendez-vous de Schrub est fixé au meeting de Monaco, où il affrontera des pointures comme Andreas Almgren, recordman d’Europe, et Jimmy Gressier, son rival de longue date. Cette course sur 5 000 m représente une opportunité de faire descendre encore son chrono et de confirmer sa place parmi l’élite mondiale. Mais au-delà de la performance, Schrub aborde ce défi avec une sérénité rare.
Après Monaco, les regards se tourneront vers Tokyo, où les Championnats du monde (13-21 septembre) pourraient marquer un tournant dans sa carrière. Qualifié sur 1 500 m et 5 000 m, Schrub devrait privilégier cette dernière distance, où il se sent le plus à l’aise. Cependant, sa polyvalence et sa capacité à surprendre laissent planer le suspense sur ses choix stratégiques.
