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Mali : Un Mandat de Cinq Ans pour la Junte

Le Mali prolonge le pouvoir de la junte sans élections. Quel avenir pour la démocratie et la sécurité dans ce pays en crise ? Découvrez les enjeux...

Imaginez un pays où les promesses de démocratie s’effacent face à la consolidation du pouvoir militaire. Au Mali, un tournant décisif vient d’être pris : le chef de la junte, le général Assimi Goïta, s’est vu octroyer un mandat de cinq ans, renouvelable, sans passer par des élections. Ce changement, voté par un organe législatif sous contrôle militaire, redessine l’avenir politique d’un pays déjà fragilisé par une crise sécuritaire persistante. Que signifie cette décision pour le Mali et la région sahélienne ? Plongeons dans les détails de cette transition controversée.

Un Mandat Controversé pour Assimi Goïta

Le Mali traverse une période tumultueuse depuis plus d’une décennie, marquée par des conflits armés et une instabilité politique chronique. L’adoption récente d’une loi accordant au général Assimi Goïta un mandat de cinq ans, potentiellement renouvelable à plusieurs reprises, marque un nouveau chapitre dans cette saga. Cette décision, prise par le Conseil national de transition (CNT), un organe législatif mis en place par la junte, officialise la prolongation du pouvoir militaire sans consultation électorale.

Ce vote, intervenu après une concertation nationale boycottée par la plupart des partis politiques, reflète une volonté claire de la junte de consolider son emprise. Le général Goïta, actuellement président de la transition, deviendra officiellement président de la République une fois la loi promulguée, une étape considérée comme une simple formalité. Mais comment en est-on arrivé là, et quelles sont les implications pour un pays en quête de stabilité ?

Un Contexte de Crise Multidimensionnelle

Depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise sécuritaire complexe. Des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, ainsi que des milices communautaires, alimentent une violence endémique, particulièrement dans le nord et le centre du pays. Cette instabilité a fragilisé les institutions, ouvrant la voie à une série de coups d’État. En 2020, puis en 2021, les militaires, menés par Assimi Goïta, ont pris le pouvoir, promettant initialement de rendre la gouvernance aux civils d’ici mars 2024.

Cette promesse n’a pas été tenue. Au lieu de cela, la junte a opté pour une stratégie de consolidation du pouvoir, marquée par des mesures restrictives. Parmi celles-ci, la dissolution des partis politiques par décret présidentiel en mai dernier et des limitations imposées à la création de nouvelles formations politiques. Ces décisions ont suscité des critiques, beaucoup y voyant une tentative de museler l’opposition et de prolonger indéfiniment le règne militaire.

L’adoption de ce texte est conforme à la volonté populaire, puisqu’il émane des assises nationales de la refondation.

Malick Diaw, président du CNT

Cette affirmation, bien que soutenue par les proches du régime, est contestée par ceux qui dénoncent une concertation nationale biaisée, marquée par l’absence des principaux acteurs politiques. La question se pose : ce mandat reflète-t-il réellement la volonté du peuple malien, ou s’agit-il d’une manœuvre pour pérenniser un régime autoritaire ?

Les Origines de la Décision : Une Concertation Controversée

La genèse de ce mandat remonte à une concertation nationale organisée fin avril par la junte. Présentée comme un exercice de dialogue inclusif, cette initiative a été largement boycottée par les partis politiques traditionnels. Les recommandations issues de ces assises, notamment la proclamation d’Assimi Goïta comme président pour cinq ans sans élections, ont servi de base à la nouvelle loi.

Le vote du CNT, intervenu le 12 juin en conseil des ministres, a entériné cette proposition. Selon Malick Diaw, président du CNT, cette mesure constitue une avancée majeure dans la refondation du Mali. Pourtant, l’absence de pluralisme lors de ces discussions soulève des doutes sur la légitimité du processus. Comment un dialogue national peut-il être représentatif sans la participation des principales forces politiques du pays ?

Les grandes étapes du processus :

  • Avril 2025 : Concertation nationale boycottée par l’opposition.
  • 12 juin 2025 : Projet de loi adopté en conseil des ministres.
  • Juillet 2025 : Vote du CNT pour un mandat de cinq ans renouvelable.
  • À venir : Promulgation par Assimi Goïta, officialisant son statut de président.

Les Implications pour la Démocratie Malienne

L’adoption de cette loi marque un coup d’arrêt aux espoirs d’élections à court terme. En prolongeant le pouvoir de la junte jusqu’en 2030, voire au-delà, cette mesure enterre la perspective d’un retour rapide à une gouvernance civile. Pour beaucoup, cela représente une dérive autoritaire, dans un contexte où les libertés politiques sont déjà restreintes.

La dissolution des partis politiques et les restrictions imposées à leur création limitent les espaces d’expression démocratique. Cette consolidation du pouvoir intervient dans un pays où la population, confrontée à une insécurité croissante, aspire à des solutions durables. Mais peut-on stabiliser un pays en marginalisant les voix dissidentes ?

Une Crise Sécuritaire Toujours Prégnante

Le Mali reste confronté à une violence endémique, alimentée par des groupes armés et des tensions communautaires. Les attaques menées par des organisations affiliées à Al-Qaïda ou à l’État islamique continuent de déstabiliser le pays, tandis que les milices communautaires exacerbent les conflits locaux. Dans ce contexte, la junte justifie son maintien au pouvoir par la nécessité de rétablir l’ordre.

Cependant, la stratégie adoptée soulève des interrogations. En l’absence d’un processus électoral inclusif, la légitimité du régime risque de s’éroder, ce qui pourrait aggraver les tensions. La sécurité ne peut être durable sans un consensus politique, et la marginalisation des acteurs civils pourrait compliquer la recherche de solutions à long terme.

Défi Impact
Violence des groupes armés Insécurité accrue dans le nord et le centre
Dissolution des partis Restriction des libertés politiques
Absence d’élections Consolidation du pouvoir militaire

Un Avenir Incertain pour le Mali

Le Mali se trouve à un carrefour. D’un côté, la junte argue que son maintien au pouvoir est nécessaire pour stabiliser le pays face aux menaces sécuritaires. De l’autre, l’absence de processus démocratique risque d’aggraver les tensions et de fragiliser davantage les institutions. La région sahélienne, déjà marquée par l’instabilité, observe attentivement l’évolution de la situation.

Pour les Maliens, les défis sont immenses : reconstruire un État affaibli, restaurer la confiance dans les institutions et répondre aux aspirations d’une population épuisée par des années de conflit. La décision de prolonger le pouvoir de la junte, sans consultation populaire, pourrait-elle compromettre ces objectifs ? L’avenir le dira.

En attendant, le Mali reste un symbole des défis complexes auxquels sont confrontés les pays du Sahel. Entre sécurité, gouvernance et démocratie, les choix faits aujourd’hui auront des répercussions pour les années à venir. Une chose est sûre : la voie vers la stabilité est encore longue.

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