En cette année 2024, le Festival d’Avignon se prépare à vivre une édition pas comme les autres. Alors que la France est en pleine effervescence électorale avec les législatives qui approchent, les organisateurs du festival ont tenu à rappeler l’importance de la mobilisation citoyenne. Mobilisation dans les urnes bien sûr, mais aussi mobilisation pour soutenir la culture et les artistes.
Un appel à résister par la culture
Lors d’une conférence de presse commune, la maire PS d’Avignon Cécile Helle, le directeur du festival Tiago Rodrigues et les responsables du off ont lancé un appel vibrant :
Venir à Avignon du 29 juin au 21 juillet est aussi un acte de résistance politique et populaire. Il faut que nous nous mobilisions le 30 juin et le 7 juillet pour les élections, mais il est tout aussi important de venir soutenir les artistes et la culture.
Cécile Helle, maire d’Avignon
Pour eux, en cette période troublée, participer au festival est un geste militant et citoyen. C’est l’occasion de réaffirmer que la culture est essentielle au débat démocratique et à la vie de la cité.
L’impact des élections sur le festival
Tiago Rodrigues, le directeur portugais du festival, ne cache pas son inquiétude. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale le 9 juin, il a observé une « chute importante » des ventes de billets, en particulier pour les spectacles autour du 7 juillet, date du second tour.
Pour encourager le public local à venir malgré tout, des tarifs réduits spéciaux sont mis en place. L’objectif est de rendre cette édition « la plus attractive, la plus joyeuse et la plus citoyenne possible » selon les mots d’Alain Timar, figure du off.
Un festival engagé et militant
Au delà de l’aspect festif et culturel, le Festival d’Avignon se veut cette année un lieu de débats et d’engagement. Tiago Rodrigues assume des valeurs « démocratiques, populaires, écologistes, féministes, antiracistes ». Il veut faire du festival « la garantie d’un accès démocratique à une pluralité de visions du monde ».
Les syndicats du spectacle vivant ont d’ailleurs prévu plusieurs actions militantes :
- Une manifestation le 29 juin
- Une agora de parole libre ouverte à tous
- Une conférence de presse intersyndicale le 1er juillet
- Des AG sectorielles à partir du 30 juin au soir
La culture, un rempart contre les extrêmes
En filigrane de toutes ces prises de parole, il y a la crainte d’une poussée des extrêmes, et notamment de l’extrême-droite, lors des élections. Face à cela, les acteurs du festival voient la culture comme un rempart essentiel.
Un festival comme Avignon est la garantie d’accès démocratique à une pluralité de visions du monde, à un discours nuancé. Débattre pour ne pas se battre pourrait être une des définitions du code génétique de ce festival.
Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon
Dans ce contexte, la 76ème édition du Festival d’Avignon sera donc placée sous le signe de l’engagement et de la résistance. Résistance par la culture, résistance par le débat d’idées, résistance par la participation citoyenne. Un message fort envoyé à quelques jours d’un scrutin crucial pour l’avenir du pays.
Alors que les français s’apprêtent à voter en masse, le monde du spectacle espère qu’ils seront tout aussi nombreux à venir vibrer devant les scènes d’Avignon. Parce qu’au fond, voter et aller au théâtre sont peut-être les deux faces d’une même pièce : celle de la démocratie vivante et participative.