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Suisse Dissout Fondation Controversée à Genève

La Suisse dissout une fondation controversée à Genève, liée à Gaza. Pourquoi cette décision choc ? Quelles conséquences pour l’aide humanitaire ?

Imaginez une fondation humanitaire, basée dans la paisible Genève, au cœur d’un scandale international. La Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par des puissances comme les États-Unis et Israël, est aujourd’hui dans la tourmente. Pourquoi la Suisse, réputée pour sa neutralité, a-t-elle décidé de dissoudre cette organisation controversée ? Cette affaire soulève des questions brûlantes sur la transparence, la neutralité et l’efficacité de l’aide humanitaire dans des zones de conflit comme Gaza. Plongeons dans les détails de cette décision et ses implications.

Une Fondation sous le Feu des Critiques

La décision de dissoudre la branche genevoise de la GHF n’est pas anodine. Enregistrée dans la ville qui abrite de nombreuses organisations internationales, cette fondation a attiré l’attention pour de mauvaises raisons. L’Autorité suisse fédérale de surveillance des fondations (ASF) a pointé du doigt des irrégularités administratives majeures, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Derrière cette liquidation se cache une controverse bien plus profonde, liée aux activités de la GHF à Gaza.

Des Manquements Administratifs Flagrants

L’ASF a dressé une liste accablante de manquements. La fondation ne disposait d’aucun représentant légal domicilié en Suisse, une exigence de base pour toute organisation enregistrée dans le pays. De plus, son conseil de fondation ne comptait pas le minimum de trois membres requis par ses propres statuts. Ajoutons à cela l’absence d’un compte bancaire suisse, d’une adresse valide et d’un organe de révision. En résumé, la GHF semblait exister à Genève sur le papier, sans aucune activité concrète dans le pays.

La GHF a confirmé qu’elle n’avait jamais exercé d’activités en Suisse et qu’elle entendait dissoudre sa branche genevoise.

Autorité suisse fédérale de surveillance des fondations

Cette situation a conduit l’ASF à lancer un ultimatum : la fondation devait régulariser sa situation avant la fin juin. Faute de réponse satisfaisante, la liquidation a été annoncée, avec un appel aux créanciers publié dans la feuille officielle suisse du commerce. Si aucun créancier ne se manifeste d’ici 30 jours, la dissolution sera définitive.

Une Neutralité Mise en Question

Bien au-delà des problèmes administratifs, la GHF est au cœur d’une controverse internationale. De nombreuses organisations, y compris des agences des Nations Unies, refusent de collaborer avec elle. La raison ? Des doutes sérieux sur sa neutralité et ses méthodes d’opération à Gaza. Depuis l’ouverture de ses centres de distribution alimentaire en mai, des incidents graves ont été signalés, jetant une ombre sur l’efficacité et l’éthique de ses interventions.

Les critiques pointent du doigt les liens de la GHF avec des acteurs politiques controversés. Soutenue par les États-Unis et Israël, la fondation opère dans un contexte géopolitique tendu, où chaque action humanitaire est scrutée à la loupe. Pour beaucoup, son implication dans la distribution d’aide à Gaza soulève des questions sur une possible politisation de l’aide humanitaire, un sujet particulièrement sensible dans une région en proie à un conflit dévastateur.

Gaza : Une Crise Humanitaire Amplifiée

Pour comprendre l’ampleur du problème, il faut se pencher sur la situation à Gaza. Depuis l’offensive israélienne déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, un blocus strict a été imposé, entraînant des pénuries dramatiques de nourriture, de médicaments et d’autres biens essentiels. Ce blocus, partiellement assoupli pour permettre les distributions de la GHF, n’a pas suffi à répondre aux besoins criants de la population.

Les centres de distribution mis en place par la GHF ont suscité l’espoir, mais aussi la controverse. Des incidents meurtriers ont marqué leur ouverture, alimentant les critiques sur la gestion de l’aide. Près de 170 organisations non gouvernementales ont publiquement dénoncé ce système, réclamant un retour à l’ancien mécanisme de distribution, coordonné par des agences onusiennes et des ONG reconnues pour leur impartialité.

170 ONG internationales exigent la fin du système de distribution actuel et un retour à une coordination par des acteurs neutres.

Pourquoi la Suisse agit-elle ?

La Suisse, en tant que siège de nombreuses organisations internationales, se doit de maintenir une image de rigueur et de transparence. La dissolution de la branche genevoise de la GHF envoie un message clair : aucune organisation, quelle que soit sa portée, ne peut se soustraire aux obligations légales. Genève, souvent surnommée la capitale humanitaire, ne tolère pas les entités qui opèrent dans l’ombre ou qui manquent de clarté dans leurs activités.

En liquidant la GHF, la Suisse réaffirme également son engagement envers la neutralité, un principe fondamental de sa politique étrangère. Permettre à une organisation controversée de maintenir une façade à Genève pourrait entacher la réputation de la ville comme hub humanitaire. Cette décision, bien que technique en apparence, reflète des enjeux éthiques et politiques majeurs.

Les Répercussions pour l’Aide à Gaza

La dissolution de la branche genevoise de la GHF pourrait avoir des conséquences directes sur ses opérations à Gaza. Bien que la fondation ait confirmé n’avoir aucune activité en Suisse, son enregistrement à Genève lui conférait une certaine légitimité internationale. Sans cette base, la GHF risque de perdre en crédibilité, ce qui pourrait compliquer ses partenariats et son accès aux financements.

Pour les habitants de Gaza, déjà confrontés à une crise humanitaire sans précédent, cette situation ajoute une couche d’incertitude. Si les critiques des ONG et de l’ONU sont fondées, un retour à un système de distribution plus transparent pourrait bénéficier à la population. Cependant, toute transition prend du temps, et les retards dans l’acheminement de l’aide pourraient aggraver une situation déjà dramatique.

Les Enjeux d’une Aide Humanitaire Éthique

L’affaire de la GHF met en lumière un défi majeur du secteur humanitaire : garantir une aide impartiale et efficace dans des contextes de guerre. La neutralité, souvent perçue comme un idéal, est difficile à maintenir lorsque des acteurs politiques influents soutiennent certaines organisations. Les habitants de Gaza, pris en étau entre le conflit et les pénuries, méritent un système d’aide qui place leurs besoins au-dessus des agendas politiques.

Pour mieux comprendre les manquements de la GHF, voici un récapitulatif des irrégularités constatées :

  • Absence de représentant légal en Suisse.
  • Conseil de fondation incomplet (moins de trois membres).
  • Pas de compte bancaire suisse.
  • Aucune adresse valide à Genève.
  • Manque d’un organe de révision indépendant.

Ces irrégularités, bien que techniques, soulignent un manque de transparence qui alimente les doutes sur les intentions de la GHF. Dans un contexte où chaque geste humanitaire peut être interprété comme un acte politique, la crédibilité est essentielle.

Vers un Avenir Plus Transparent ?

La dissolution de la branche genevoise de la GHF pourrait marquer un tournant pour l’aide humanitaire à Gaza. Les appels des 170 ONG à rétablir un système de distribution coordonné par des acteurs neutres reflètent un désir de retour à une approche plus inclusive et transparente. Mais la route est encore longue. Les défis logistiques, politiques et financiers restent immenses, et la population de Gaza continue de payer le prix de ces tensions.

En attendant, la décision suisse rappelle une vérité universelle : l’aide humanitaire doit être guidée par des principes d’éthique et de responsabilité. Genève, en tant que capitale mondiale de l’humanitaire, ne peut se permettre de fermer les yeux sur des organisations qui ne respectent pas ces valeurs.

Et maintenant, quel avenir pour l’aide à Gaza ?

La liquidation de la GHF à Genève n’est pas seulement une question administrative. Elle soulève des interrogations profondes sur la manière dont l’aide humanitaire est organisée et perçue dans les zones de conflit. Alors que la crise à Gaza s’intensifie, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour garantir que l’aide parvienne à ceux qui en ont le plus besoin, sans compromettre les principes de neutralité et de transparence. Cette affaire, bien que localisée, pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières suisses.

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