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Bangladesh : Un An Après la Révolution, Espoirs et Défis

Un an après la chute de Sheikh Hasina, le Bangladesh oscille entre espoirs et défis. Quels progrès pour la justice et la stabilité ? Découvrez les voix du peuple...

Un an après les soulèvements qui ont secoué le Bangladesh, les rues de Dacca vibrent encore des échos d’une révolution portée par la jeunesse. En juillet 2024, des étudiants ont défié l’ordre établi, réclamant la fin des quotas d’emplois publics favorisant les proches du pouvoir. Ce mouvement, marqué par la violence et le sacrifice, a conduit à la chute de Sheikh Hasina, figure autoritaire du pays. Aujourd’hui, entre espoirs déçus et progrès timides, le Bangladesh cherche son chemin vers un avenir plus juste.

Une Révolution Portée par la Jeunesse

Le 18 juillet 2024 restera gravé dans la mémoire collective bangladaise. Ce jour-là, Hibzur Rahman Prince, un étudiant de 23 ans, a rejoint des milliers d’autres dans les rues de la capitale pour protester contre un système perçu comme inéquitable. La colère des jeunes, alimentée par des années de frustrations, a éclaté face à un gouvernement inflexible. Les quotas d’emplois publics, accusés de favoriser les partisans de Sheikh Hasina, étaient au cœur des revendications.

La répression fut brutale. Selon les Nations Unies, 1 400 personnes ont perdu la vie, principalement des manifestants. Hibzur, témoin de la violence, raconte avoir vu un jeune homme abattu sous ses yeux, son corps criblé de plus de 400 plombs. Ces images, traumatisantes, ont marqué une génération, mais elles ont aussi galvanisé leur détermination.

“J’ai vu trop de morts ce jour-là à la morgue… Mais les changements ont été positifs, et d’autres suivront après les élections.”

Hibzur Rahman Prince, étudiant

Ce soulèvement, loin d’être un simple mouvement étudiant, s’est transformé en une révolte nationale. Le 5 août 2024, Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 15 ans, a fui le pays en hélicoptère, laissant derrière elle un palais assiégé par la foule. Ce départ a marqué un tournant, ouvrant la voie à un gouvernement provisoire dirigé par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix.

Un Nouveau Départ sous Muhammad Yunus

La nomination de Muhammad Yunus à la tête du gouvernement provisoire a suscité un immense espoir. Connu pour ses initiatives en faveur des plus démunis, il a promis des réformes et des élections générales rapides. Mais un an plus tard, le bilan est contrasté. Si certains progrès sont perceptibles, les défis restent nombreux dans ce pays de 170 millions d’habitants.

Pour Mohammad Aminul Haque, vendeur de thé à Dacca, la situation s’est améliorée. “Les prix sont stables, l’ordre est revenu, et les commerçants comme moi travaillent en paix”, confie-t-il. Ce sentiment d’une certaine normalité retrouvée contraste avec les tensions persistantes, notamment autour des ambitions électorales et de la montée de la criminalité.

Les changements observés à Dacca :

  • Stabilisation des prix des produits de première nécessité.
  • Retour d’un climat plus calme pour les commerçants.
  • Premières réformes dans l’éducation et la gouvernance.

Cette liste, bien que positive, ne masque pas les défis structurels. La croissance économique ralentit, et la corruption, bien qu’atténuée, reste un fléau. Mohammad regrette que le cycle de la haine politique persiste, appelant à une union pour le bien commun.

Les Réformes : Entre Progrès et Limites

Le gouvernement Yunus a lancé des réformes, notamment dans le secteur de l’éducation, un domaine clé pour la jeunesse bangladaise. Syeda Farhana Hossain, une mère de famille de 49 ans, salue ces efforts. “La nouvelle génération a montré son courage en août dernier. Les réformes éducatives sont un pas en avant”, affirme-t-elle. Pourtant, elle reste lucide : “Nous ne sommes pas encore sur la bonne voie.”

“À chaque injustice, je me demande si les étudiants morts l’ont été en vain.”

Syeda Farhana Hossain, mère de famille

Les libertés politiques ont également progressé. Mohiuddin Hannan, enseignant dans une école coranique, note une diminution des enlèvements et des disparitions forcées, pratiques courantes sous le régime de Hasina. Cependant, il déplore que la corruption persiste sous de nouvelles formes, avec certains acteurs profitant du vide politique pour s’enrichir.

Les Minorités au Cœur des Tensions

Un des échecs les plus marquants du nouveau gouvernement concerne la protection des minorités religieuses, notamment hindoues. Sous Sheikh Hasina, ces communautés bénéficiaient d’une certaine protection grâce à l’alliance avec l’Inde. Depuis la révolution, les incidents violents contre les hindous se sont multipliés, alimentant un sentiment d’insécurité.

Joya, une jeune femme de 27 ans, exprime son désarroi : “Je n’ai plus confiance en ce gouvernement, ni même en ce pays.” Son témoignage reflète la frustration d’une communauté qui se sent abandonnée. Ces tensions intercommunautaires menacent la cohésion sociale, un enjeu crucial pour un pays à majorité musulmane.

Défi Situation Actuelle
Protection des minorités Augmentation des violences contre les hindous.
Corruption Persistance sous de nouvelles formes.
Croissance économique Ralentissement notable.

La Justice, un Chantier Inachevé

Un autre point de frustration concerne la justice. De nombreux responsables de la répression de l’été 2024 ont échappé à toute sanction, ce qui alimente un sentiment d’impunité. Hibzur Rahman Prince, bien que critique, reste optimiste : “Les gens sont désormais conscients politiquement. Ils osent dénoncer les injustices, et c’est un acquis majeur de la révolution.”

Ce réveil citoyen est peut-être le legs le plus durable de ces événements. Les Bangladais, jeunes et moins jeunes, ont pris la parole, refusant de se taire face aux abus. Cette nouvelle conscience politique pourrait façonner l’avenir du pays, à condition que les promesses d’élections soient tenues.

Quel Avenir pour le Bangladesh ?

Un an après la révolution, le Bangladesh se trouve à un carrefour. Les réformes engagées, bien que prometteuses, peinent à répondre aux attentes d’une population marquée par les sacrifices de l’été 2024. La montée de la criminalité, les tensions communautaires et la corruption persistante sont autant d’obstacles à surmonter.

Pourtant, l’espoir demeure. Les témoignages de citoyens comme Hibzur, Mohammad ou Syeda reflètent une volonté de changement profond. Le gouvernement provisoire, sous la houlette de Muhammad Yunus, doit désormais transformer ces aspirations en réalité, tout en préparant des élections qui pourraient redessiner le paysage politique.

Les attentes des Bangladais pour l’avenir :

  • Des élections libres et transparentes.
  • Une justice équitable pour les victimes de 2024.
  • Une meilleure protection des minorités.
  • Une lutte efficace contre la corruption.

Le Bangladesh, riche de sa diversité et de sa résilience, a prouvé qu’il pouvait se lever contre l’injustice. Reste à savoir si cette révolution, portée par le courage d’une jeunesse déterminée, tiendra ses promesses. L’histoire est encore en train de s’écrire, et les prochaines élections seront un test décisif pour l’avenir du pays.

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