Les cours du pétrole ont connu une forte hausse ce lundi, dopés par un cocktail d’optimisme et d’incertitudes. D’un côté, les investisseurs misent sur une demande en or noir plus soutenue aux États-Unis pendant la saison estivale des déplacements. De l’autre, les risques géopolitiques s’accumulent, notamment au Moyen-Orient et avec la guerre en Ukraine, faisant craindre de potentielles perturbations de l’offre.
Le pari d’un été gourmand en pétrole
Les analystes tablent sur une baisse significative des stocks de brut américains dans les semaines à venir, à mesure que la saison des grands départs en vacances bat son plein outre-Atlantique. Cette perspective d’une demande accrue dope la confiance des investisseurs, persuadés que le marché pourrait se tendre.
Les fonds commencent à réaliser que le marché pourrait se tendre de façon significative dans les semaines qui viennent, avec la saison des déplacements aux États-Unis.
– Phil Flynn, analyste chez Prices Futures Group
Wall Street voit la vie en noir
Cette euphorie estivale s’est traduite lundi par une solide progression des cours. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne, a gagné 0,90% pour finir à 86,01 dollars. Son homologue américain, le WTI, a pris 1,11% à 81,63 dollars. Une tendance haussière qui pourrait se confirmer si les stocks américains fondent comme neige au soleil.
Des facteurs géopolitiques inflammables
Mais l’équation pétrolière ne se résume pas à l’appétit des vacanciers américains. Les tensions géopolitiques constituent une épée de Damoclès susceptible de chambouler l’offre mondiale à tout moment. Au Moyen-Orient, les accrochages entre Israël et le Hezbollah le week-end dernier ont ravivé le spectre d’une escalade.
Il y a eu une augmentation des risques politiques. Non seulement les rebelles houthis ont attaqué des navires, mais il y a eu également une frappe ukrainienne en Crimée.
– Phil Flynn, Prices Futures Group
En parallèle, la guerre en Ukraine continue d’alimenter les craintes d’une perturbation des exportations russes. Kiev a revendiqué vendredi une attaque de drones contre plusieurs raffineries en Russie. Même s’il n’y a pas de perturbation de l’offre pour l’instant, la rhétorique belliqueuse contribue à soutenir les prix, selon Tamas Varga de PVM Energy.
Un cocktail explosif pour les prix à la pompe ?
Si les cours du brut s’installent durablement au-dessus des 80 dollars, cela pourrait se traduire par un nouveau coup de chaud sur les prix à la pompe. Un scénario cauchemardesque pour les automobilistes, déjà éprouvés par l’inflation record des carburants l’an dernier suite à la guerre en Ukraine.
Reste à voir si l’Arabie Saoudite et les autres poids lourds de l’OPEP+ jugeront nécessaire d’ouvrir plus largement les vannes pour calmer le jeu. Le cartel, qui contrôle plus de 40% de la production mondiale, a montré par le passé sa capacité à influer sur les cours. Mais à l’heure des profits records pour les majors pétrolières, la tentation pourrait être grande de laisser les prix s’envoler. Au risque d’une nouvelle poussée inflationniste mondiale…
