Un scandale secoue actuellement le Parti socialiste. Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris et ex-patron du PS de 2014 à 2017, comparaissait ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Il est accusé d’avoir détourné plus de 114 000 euros issus de son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) à des fins personnelles lors de ses deux dernières années au Palais Bourbon.
Des frais de mandat utilisés pour payer loyer, factures et voyages
Selon l’accusation, Jean-Christophe Cambadélis a utilisé son IRFM, normalement destinée à couvrir les frais liés à l’exercice de son mandat de député, pour régler toute une série de dépenses personnelles :
- Paiement de son loyer et de ses factures d’énergie
- Règlement de ses impôts
- Financement d’un voyage familial à Prague
- Paiement de sa cotisation au Parti socialiste
- Règlement d’une partie de ses frais de campagne électorale en 2017
Au total, ce sont 114 057 euros de frais de mandat qui auraient ainsi été détournés entre 2015 et 2017, une pratique “expressément prohibée” selon les règles de l’Assemblée nationale depuis mars 2015.
Prison avec sursis et lourdes amendes requises
Face à ces faits, le parquet national financier (PNF) a requis à l’audience une peine de 8 mois de prison avec sursis ainsi que 60 000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité à l’encontre de l’ancien député socialiste âgé de 72 ans.
Selon le procureur, Jean-Christophe Cambadélis aurait agi ainsi pour “ne pas supporter un train de vie diminué” à la fin de sa carrière politique. Un comportement fustigé comme “une atteinte à l’ordre public” qui “entache la confiance des citoyens” dans les institutions.
Cambadélis se défend et invoque une “zone grise”
Devant le tribunal, Jean-Christophe Cambadélis a tenté de se défendre en affirmant qu’il ne s’était “pas enrichi” et qu’il avait agi comme beaucoup d’autres élus en considérant l’IRFM comme un “complément de rémunération”.
Je n’ai jamais considéré que je faisais quelque chose de répréhensible. C’était une zone grise, pas vraiment définie.
a-t-il plaidé à la barre.
Son avocat Me Jean-Etienne Giamarchi a également souligné que son client n’était plus “candidat à rien” aujourd’hui, tentant d’écarter la peine d’inéligibilité.
Le jugement attendu en septembre
Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 4 septembre prochain dans ce dossier. Un coup dur pour le Parti socialiste, en pleine préparation des élections législatives prévues en 2024, qui devra gérer les retombées de ce scandale impliquant une de ses figures de premier plan.
Cette affaire rappelle l’importance de la transparence et de l’exemplarité attendues des élus de la République dans la gestion des deniers publics. Elle illustre aussi la nécessité de règles claires et strictes encadrant l’usage des frais de mandat parlementaires.