ActualitésÉconomie

La France dévoile son plan audacieux pour sécuriser l’autosuffisance en œufs

La France dévoile un plan ambitieux pour sécuriser son autosuffisance en œufs malgré les crises. 300 nouveaux poulaillers, 90% d'élevage alternatif, 750 millions € d'investissements... La filière se donne les moyens de ses ambitions. Mais à quel prix pour le consommateur ?

Face à une consommation d’œufs atteignant des sommets, la filière française se mobilise. Son objectif : garantir l’autosuffisance du pays en œufs, malgré les crises sanitaires à répétition et la pression sociétale grandissante en faveur du bien-être animal. Un défi titanesque qui nécessitera des investissements colossaux et une transformation profonde des modes d’élevage. Décryptage d’un plan qui ne manque pas d’ambition.

Une consommation d’œufs au zénith

Avec 224 œufs consommés par an et par habitant en 2023, les Français n’ont jamais autant plébiscité ce produit de base. L’œuf s’est imposé comme une valeur refuge protéinée en ces temps d’inflation galopante. Mais cette appétence inédite met à mal l’autosuffisance hexagonale.

Entre abattages sanitaires massifs liés à la grippe aviaire et conversion des élevages vers des modes alternatifs, la production nationale a reculé de 4,2% entre 2021 et 2023. Résultat, le taux d’autoapprovisionnement est passé sous la barre symbolique des 100% en 2022. Une première.

Un plan à 750 millions d’euros

Pour enrayer cette spirale et retrouver sa souveraineté en œufs, l’interprofession ne lésine pas sur les moyens. Elle prévoit la construction de 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030, soit 1 million de places de poules pondeuses supplémentaires. Un investissement chiffré à 300 millions d’euros.

Mais l’effort ne s’arrête pas là. La filière compte également convertir massivement les élevages existants pour atteindre 90% de poules élevées hors cage (contre 73% actuellement). Un virage éthique qui coûtera quelque 450 millions d’euros de plus. Soit un plan global à 750 millions d’euros sur 7 ans.

Lever les freins administratifs

Mais pour mener à bien ce projet d’envergure, encore faut-il lever certains obstacles. À commencer par les lourdeurs administratives qui pèsent sur la construction de nouveaux bâtiments d’élevage. Entre études d’impact, enquêtes publiques et recours des riverains, un projet peut mettre des années à voir le jour.

Les élevages français sont quatre à cinq fois plus petits que ceux de nos voisins européens. Cette critique du “productivisme” est difficile à entendre.

– Jean-Michel Schaeffer, président de l’interprofession volaille (Anvol)

La filière compte donc sur les pouvoirs publics pour simplifier les procédures. Mais la dissolution surprise de l’Assemblée nationale pourrait retarder ce chantier législatif.

Le bio et le plein air en souffrance

Autre défi : maintenir la dynamique des œufs alternatifs malgré la crise. Dopés par des consommateurs en quête de sens, le bio et le plein air ont connu un essor fulgurant ces dernières années. Mais l’envolée des prix rebat les cartes.

Signe des temps, la part du bio et du Label Rouge recule depuis 2022, au profit des œufs de poules élevées au sol. Un coup dur pour les éleveurs ayant massivement investi dans ces filières premium.

Vers une hausse des prix en rayon ?

In fine, ce sont les consommateurs qui risquent de payer la facture de cette refonte. Si une partie des surcoûts sera absorbée par la filière, il paraît inévitable qu’une partie se répercute sur les prix de vente. Comptez 5 à 10 centimes de plus par œuf à moyen terme, selon les professionnels.

Une augmentation que les Français semblent prêts à assumer, au nom de la souveraineté alimentaire et du bien-être animal. Reste à savoir si cet élan vertueux résistera à la crise du pouvoir d’achat. Car si le cœur est bien à la cause animale, le porte-monnaie, lui, pourrait freiner des quatre fers.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.