Vendredi 21 juin, dans les quartiers populaires de Montreuil, la France insoumise tenait un meeting de soutien à sa candidate locale pour les élections législatives, Sabrina Ali Benali. Mais derrière les beaux discours, la réalité du terrain a vite rattrapé les organisateurs, révélant les fractures d’une gauche qui peine à incarner la diversité.
Un casting de choc pour séduire les quartiers
Pour l’occasion, la France insoumise avait dépêché ses jeunes figures montantes : le bouillonnant député Louis Boyard, la militante Rima Hassan et la médiatique Assa Traoré du comité “Vérité pour Adama”. Objectif affiché, défendre la ligne du mouvement sur les quartiers populaires, jugée plus en phase avec le terrain que celle du député sortant Alexis Corbière.
Pourtant, malgré les promesses d’un meeting “populaire” à l’image de la ville, le public présent reflétait surtout les limites de l’exercice. “C’est bobo land ici !”, s’exclame un militant. “La ville est réputée pour avoir beaucoup de Maliens. J’en vois pas beaucoup…”.
Entre promesses de diversité et divisions internes
Ces remarques illustrent le défi auquel est confrontée la gauche radicale. Malgré un discours volontariste sur la représentation des minorités, elle peine à rassembler au-delà de son socle militant traditionnel, plus âgé et plus blanc que la moyenne des quartiers.
Un constat renforcé par les divisions internes qui minent le camp “insoumis”. Le meeting était aussi l’occasion de régler des comptes entre la ligne “quartiers” incarnée par Louis Boyard et Rima Hassan, et celle, jugée plus “institutionnelle”, d’Alexis Corbière, le député sortant briguant un nouveau mandat.
“On ne peut pas parler des quartiers populaires en envoyant des mecs comme Corbière qui n’y mettent jamais les pieds”, assène un proche de Louis Boyard. “Ils font de beaux discours à l’Assemblée mais sur le terrain c’est pas ça.”
– Un proche de Louis Boyard
L’ombre des violences policières et des émeutes
Ces querelles intestines se sont cristallisées autour de la question brûlante des violences policières. Invitée vedette du meeting, Assa Traoré a livré un discours offensif dénonçant le “racisme d’État” et appelant à s’organiser politiquement contre les abus.
Une rhétorique jugée clivante par certains cadres “insoumis”, qui craignent qu’elle n’éloigne un électorat plus modéré. “Il faut condamner toutes les violences, pas attiser les tensions”, glisse un proche d’Alexis Corbière, en référence aux récentes émeutes qui ont embrasé le pays.
Un meeting en forme d’avertissement pour la gauche
Au final, ce meeting à Montreuil aura surtout révélé les contradictions d’une gauche radicale qui peine à faire vivre son idéal de justice sociale et de représentativité populaire.
Malgré la bonne volonté des organisateurs et des intervenants, l’événement a parfois viré à l’entre-soi militant, loin des réalités quotidiennes des habitants. Un avertissement pour un camp “insoumis” qui doit impérativement reconquérir les quartiers populaires s’il veut peser dans le débat public.