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Angers : McDonald’s accusé de transphobie envers une employée

Synthia, salariée transgenre, accuse McDonald's de l'avoir harcelée et discriminée. Elle réclame 50 000€ et la résiliation de son contrat. Le jugement des prud'hommes d'Angers est...

Le conseil de prud’hommes d’Angers s’apprête à rendre un jugement potentiellement historique ce lundi. Synthia, une salariée transgenre de 21 ans, poursuit son employeur McDonald’s pour discrimination de genre et harcèlement moral. Elle réclame 50 000 euros de dommages et intérêts ainsi que la résiliation de son contrat de travail.

Une salariée en transition confrontée à un environnement hostile

Embauchée en septembre 2022 dans un restaurant McDonald’s de Segré alors qu’elle entamait sa transition de genre, Synthia affirme avoir rapidement subi des pressions de la part de sa hiérarchie en raison de son identité. Malgré une volonté affichée de vivre pleinement sa féminité au travail, elle se serait heurtée à un management transphobe.

Tout a basculé en janvier dernier, lorsque Synthia s’est présentée au travail maquillée et habillée en femme, de retour d’un rendez-vous médical. Une tenue qui n’a pas été du goût de son chef d’équipe et du directeur du restaurant, qui lui auraient dès lors multiplié les remarques et convoquée en entretien de “recadrage”.

Des pressions managériales incessantes

Selon son avocate Me Gwenola Vaubois, la direction s’est alors mise à exercer une surveillance constante sur Synthia, n’hésitant pas à l’appeler par son “deadname” (prénom masculin figurant encore à l’état-civil) et à brandir une loi obsolète de 1794 pour lui interdire de travailler maquillée et vêtue en femme.

Jusqu’à ce que [son chef] finisse par lui interdire l’accès au poste, si elle ne se rendait pas acheter du démaquillant au supermarché d’en face.

Me Gwenola Vaubois, avocate de Synthia

Épuisée par ce qu’elle considère comme du harcèlement moral, la jeune femme a fini par être placée en arrêt maladie en mars. Elle attend désormais que les prud’hommes reconnaissent la responsabilité de McDonald’s dans la discrimination subie.

McDo plaide la “maladresse”, la justice tranchera

De son côté, le gérant du restaurant a évoqué devant le conseil une simple “maladresse” dans la gestion du cas de Synthia. Une ligne de défense qui ne convainc pas son avocate :

Entre les affichages rappelant une loi obsolète, le refus de la laisser travailler maquillée… On est clairement au-delà de la maladresse. C’est une politique managériale hostile et transphobe qui s’est abattue sur ma cliente.

Me Gwenola Vaubois

La décision très attendue des prud’hommes d’Angers, prévue ce lundi à 14h, pourrait créer un précédent important dans la reconnaissance des discriminations faites aux salariés transgenres. Au-delà du cas de Synthia, c’est la capacité des entreprises à intégrer et protéger leurs employés LGBT+ qui sera observée.

Si les demandes de la plaignante sont validées, McDonald’s devra lui verser 50 000 euros et rompre son contrat. Un jugement qui serait perçu comme un signal fort en faveur d’une meilleure inclusion de la diversité au travail. Affaire à suivre.

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