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Protection des Chiens et Chats : Vote Historique en Europe

82 millions de chats, 72 millions de chiens : l’UE veut protéger leur bien-être. Vote historique contre les trafics et mutilations, mais des exemptions divisent…

Imaginez un monde où chaque chien remue la queue sans crainte et où chaque chat ronronne en sécurité. Avec 82 millions de chats et 72 millions de chiens dans l’Union européenne, cette vision pourrait bientôt se rapprocher de la réalité. Ce jeudi, les eurodéputés se réunissent pour voter une réforme ambitieuse visant à protéger le bien-être de ces compagnons à quatre pattes, un marché de 1,3 milliard d’euros par an. Mais entre espoirs et débats, ce texte divise : sera-t-il à la hauteur des attentes des défenseurs des animaux ?

Une réforme pour le bien-être des animaux

L’Union européenne s’attaque à un sujet qui touche des millions de foyers : la protection des chiens et des chats. Ce projet, porté par la Commission européenne, fixe des normes minimales pour garantir des conditions de vie dignes dans les élevages, les refuges et les points de vente. Alimentation adéquate, espace suffisant, hygiène irréprochable : ces critères semblent évidents, mais ils ne sont pas toujours respectés.

Le texte va plus loin en interdisant des pratiques jugées cruelles. Les mutilations, comme couper la queue, les oreilles ou retirer les cordes vocales, seront proscrites, sauf dans des cas exceptionnels. De même, les colliers électriques, étrangleurs ou à pointes, souvent utilisés pour le dressage, seront bannis, bien que des dérogations existent pour certains usages professionnels.

Ce texte pose des bases intéressantes, mais il ne va pas au bout des choses.

Christophe Marie, responsable des affaires européennes

Lutter contre le trafic illégal

Le trafic d’animaux est un fléau en Europe, alimenté par la demande croissante pour des chiots et chatons à bas prix. Des pays comme la Roumanie ou la Bulgarie sont souvent pointés du doigt pour leurs élevages intensifs, où les animaux vivent dans des conditions déplorables. Pour enrayer ce commerce illégal, le texte impose une mesure clé : l’identification par micropuce.

Chaque chien ou chat cédé devra être équipé d’une puce sous-cutanée, enregistrée dans une base de données européenne consultable par tous les États membres. Cette obligation, déjà en vigueur dans de nombreux pays, vise à assurer la traçabilité des animaux et à décourager les réseaux de trafic.

Pourquoi la micropuce est-elle si importante ?

  • Permet d’identifier l’animal et son propriétaire.
  • Réduit les abandons en responsabilisant les vendeurs.
  • Facilite la lutte contre les élevages clandestins.

Des pratiques d’élevage sous surveillance

Le texte s’attaque à des pratiques d’élevage controversées, comme la consanguinité excessive. Les croisements entre grands-parents et petits-enfants ou entre demi-frères et sœurs seront interdits, sauf pour préserver des races locales à faible diversité génétique. L’élevage visant à exacerber des traits physiques nuisibles, comme des nez aplatis ou des pattes trop courtes, sera également proscrit, tout comme l’utilisation de ces animaux dans des concours ou spectacles.

Ces mesures visent à réduire les souffrances causées par des standards esthétiques extrêmes, souvent au détriment de la santé des animaux. Par exemple, certaines races de chiens à museau plat souffrent de problèmes respiratoires chroniques, un prix lourd à payer pour leur apparence.

Un texte trop permissif ?

Malgré ces avancées, le projet suscite des critiques. Pour l’eurodéputée écologiste Tilly Metz, le texte manque d’ambition : « 80 % des éleveurs ne seraient pas concernés par ces règles. » Les petits élevages, avec moins de quatre chiennes ou trois portées par an, bénéficient en effet d’exemptions, ce qui limite la portée de la réforme.

Les défenseurs des animaux pointent également d’autres failles. Les chiens et chats errants ne sont pas soumis à l’obligation de puçage, tout comme les chiens de chasse, les chiens policiers ou militaires. Ces exceptions, souvent défendues par des groupes d’intérêt comme les chasseurs, suscitent l’incompréhension.

Mesure Application Exceptions
Micropuçage Obligatoire pour les animaux cédés Chiens errants, chiens de chasse
Interdiction des mutilations Quasi-totale Chiens de chasse (assoupli)
Colliers coercitifs Interdits Chiens policiers, militaires

Le défi des ventes en ligne

Les ventes en ligne représentent un enjeu majeur : 60 % des transactions de chiens et de chats se font sur des plateformes numériques. Pourtant, le texte reste timide sur ce point. Seule la personne publiant une annonce est tenue responsable, tandis que les plateformes échappent à toute obligation. Pour Christophe Marie, cette lacune est « très problématique », car ces ventes alimentent les abandons.

Les annonces en ligne, souvent alléchantes, cachent parfois des élevages intensifs où les animaux sont maltraités. Sans régulation stricte, ces pratiques risquent de perdurer, malgré les autres avancées du texte.

Un texte en quête de consensus

Le vote de ce texte marque une étape décisive, mais il révèle aussi les tensions au sein du Parlement européen. D’un côté, les écologistes souhaitent durcir les règles pour inclure davantage d’éleveurs et réduire les exemptions. De l’autre, certains conservateurs craignent une réglementation trop stricte, perçue comme une entrave pour les petits professionnels.

Les débats ont été particulièrement vifs entre la commission Environnement, favorable à une réforme ambitieuse, et la commission Agriculture, plus sensible aux préoccupations économiques. Ce bras de fer illustre la difficulté de concilier protection animale et intérêts sectoriels.

Vers un avenir plus juste pour les animaux ?

Si ce texte est adopté, il devra encore être validé par les États membres avant d’entrer en vigueur. Malgré ses limites, il constitue une avancée significative pour le bien-être des chiens et des chats en Europe. En imposant des normes minimales, en luttant contre les trafics et en interdisant des pratiques cruelles, il pose les bases d’une prise de conscience collective.

Pourtant, les défenseurs des animaux appellent à la prudence. Sans une application rigoureuse et une régulation renforcée des ventes en ligne, ces mesures pourraient rester insuffisantes. La surpopulation dans les élevages et les abandons, alimentés par un commerce mal contrôlé, demeurent des défis majeurs.

Ce qu’il faut retenir :

  • Normes minimales pour les élevages, refuges et points de vente.
  • Interdiction des mutilations et des colliers coercitifs.
  • Micropuçage obligatoire pour lutter contre les trafics.
  • Exemptions pour les petits éleveurs et certains usages professionnels.
  • Régulation insuffisante des ventes en ligne.

Ce vote pourrait changer la vie de millions d’animaux, mais il soulève une question essentielle : l’Europe saura-t-elle aller au bout de ses ambitions pour protéger ses compagnons à quatre pattes ? Une chose est sûre : le chemin vers un monde plus respectueux des animaux est long, mais chaque pas compte.

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