InternationalSociété

Smartphones Interdits à l’École à Kandahar

À Kandahar, les smartphones sont bannis des écoles par les talibans. Comment cette mesure affecte-t-elle les élèves et leur éducation ? Découvrez les détails...

Imaginez une salle de classe où les élèves, concentrés, griffonnent des notes sur des cahiers, sans le moindre écran pour les distraire. À Kandahar, bastion taliban du sud de l’Afghanistan, cette scène est devenue réalité. Une nouvelle directive interdit désormais l’usage des smartphones dans les écoles, collèges, lycées et écoles coraniques, bouleversant les habitudes des élèves et des enseignants. Cette mesure, instaurée pour promouvoir la discipline et alignée sur une vision stricte de la loi islamique, soulève des débats sur son impact réel sur l’éducation et la jeunesse afghane.

Une Mesure Radicale pour la Discipline

Dans le fief taliban de Kandahar, les autorités locales ont pris une décision inattendue : bannir les smartphones des établissements scolaires. Cette interdiction, annoncée en début de semaine, s’applique non seulement aux élèves, mais aussi aux enseignants et au personnel administratif. Selon le département provincial de l’Éducation, l’objectif est clair : renforcer la concentration des élèves et préserver la discipline dans un cadre éducatif aligné sur les principes islamiques.

Le communiqué officiel, publié par les autorités, met en avant une volonté de protéger la jeunesse afghane. Les smartphones, souvent accusés de détourner l’attention des cours, sont désormais perçus comme une menace pour les valeurs traditionnelles et l’apprentissage. Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large, où les talibans cherchent à contrôler l’usage de la technologie dans plusieurs sphères de la société.

Les Voix des Enseignants et des Élèves

Pour certains, cette interdiction est une aubaine. Saeed Ahmad, un jeune enseignant de 22 ans, approuve la mesure. « Sans smartphones, les élèves sont plus attentifs pendant les cours », confie-t-il. Cette opinion reflète celle de nombreux enseignants qui constatent une amélioration de l’engagement en classe depuis l’application de la règle.

« Nos professeurs nous ont avertis : si on apporte un smartphone, ils fouilleront nos sacs. »

Mohammad Anwar, lycéen de 16 ans

Mohammad Anwar, un lycéen de 16 ans, partage une expérience différente. Habitué à utiliser son téléphone pour prendre des notes ou capturer des leçons au tableau, il doit désormais s’adapter à une méthode plus traditionnelle. Cette transition n’est pas sans frustration pour certains élèves, qui doivent recopier manuellement les cours, une tâche chronophage dans un système éducatif déjà limité.

Un autre lycéen, préférant rester anonyme, va plus loin dans sa critique. « Cette décision aura un impact négatif sur notre éducation », affirme-t-il. Pour lui, les smartphones étaient un outil pratique pour organiser son travail scolaire, et leur absence pourrait compliquer l’apprentissage, surtout dans un contexte où les ressources éducatives sont souvent rares.

Un Contexte de Restrictions Croissantes

La mesure de Kandahar ne sort pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une série de restrictions imposées par les talibans depuis leur retour au pouvoir. Dans plusieurs provinces, des interdictions similaires ont été mises en place, notamment sur la diffusion d’images d’êtres vivants ou l’utilisation de certaines technologies. À Kandahar, les smartphones sont désormais absents des écoles coraniques, où les étudiants, comme Mohammed, 19 ans, confirment que ces appareils ont complètement disparu de leur quotidien scolaire.

Le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, a récemment appelé les cadres et dignitaires religieux à limiter leur usage des smartphones. Cette directive a conduit certains responsables à abandonner leurs smartphones au profit de téléphones basiques, sans accès à des applications comme WhatsApp. Un membre des forces de sécurité talibanes, sous couvert d’anonymat, explique : « Depuis l’ordre du chef suprême, j’ai troqué mon smartphone pour un téléphone simple. C’est une règle, et nous devons l’accepter. »

Cette interdiction reflète une volonté plus large de contrôler l’accès à l’information et aux technologies modernes, dans un pays où les restrictions sur l’éducation, notamment pour les filles, restent un sujet brûlant.

Impact sur l’Éducation : Entre Discipline et Obstacles

L’interdiction des smartphones à Kandahar soulève une question cruciale : comment concilier discipline et accès à une éducation moderne ? D’un côté, les autorités affirment que cette mesure favorise un environnement d’apprentissage plus sain, débarrassé des distractions numériques. De l’autre, les élèves déplorent la perte d’un outil qui facilitait leurs études, dans un système éducatif déjà marqué par des contraintes importantes, comme l’interdiction pour les filles de plus de 12 ans de poursuivre leur scolarité.

Voici les principaux impacts de cette mesure, résumés pour mieux comprendre ses implications :

  • Amélioration de la concentration : Les enseignants rapportent une meilleure attention en classe, sans les distractions des notifications ou des réseaux sociaux.
  • Retour aux méthodes traditionnelles : Les élèves doivent désormais recopier les leçons à la main, ce qui peut ralentir leur apprentissage.
  • Frustrations chez les élèves : Certains étudiants regrettent l’absence d’outils numériques pour organiser leurs études.
  • Renforcement des valeurs islamiques : La mesure s’aligne sur une vision conservatrice, visant à limiter l’influence des technologies modernes.

Pour les élèves des écoles coraniques, l’absence de smartphones semble moins problématique, car leur enseignement repose davantage sur la mémorisation et les textes traditionnels. Cependant, dans les lycées et collèges, où les programmes incluent des matières plus variées, cette restriction pourrait creuser un fossé entre les étudiants afghans et leurs homologues dans d’autres pays.

Un Débat plus Large sur la Technologie

La décision de bannir les smartphones à Kandahar ne concerne pas seulement les écoles. Elle reflète une méfiance croissante des talibans envers les technologies modernes, perçues comme un vecteur d’influence extérieure. Dans certaines provinces, les autorités ont interdit la diffusion d’images ou de vidéos représentant des êtres vivants, et de plus en plus de responsables talibans refusent d’être photographiés ou filmés. Cette tendance soulève des questions sur l’accès à l’information et la liberté d’expression dans le pays.

« J’avais WhatsApp sur mon smartphone, mais maintenant, c’est fini. »

Membre des forces de sécurité talibanes

En parallèle, les talibans encouragent l’utilisation de téléphones basiques, sans accès à Internet ni aux applications modernes. Cette transition pourrait compliquer la communication, notamment pour les responsables qui partagent leurs numéros avec des journalistes, tout en abandonnant des plateformes comme WhatsApp. Ce choix illustre une volonté de contrôler les flux d’information, dans un pays où l’accès à Internet reste limité pour une grande partie de la population.

Vers un Avenir Éducatif Incertain

La décision de Kandahar met en lumière les défis auxquels l’Afghanistan est confronté dans son système éducatif. Alors que les talibans cherchent à imposer une vision conservatrice, les élèves et enseignants doivent naviguer dans un environnement de plus en plus restrictif. L’interdiction des smartphones, bien que motivée par des arguments de discipline, risque d’isoler davantage les jeunes Afghans des avancées technologiques mondiales.

Dans un pays où l’éducation des filles est déjà sévèrement limitée, cette nouvelle mesure pourrait compliquer encore davantage l’accès à une instruction de qualité. Les élèves, privés d’outils numériques, pourraient avoir du mal à rivaliser avec leurs pairs dans d’autres régions du monde, où la technologie joue un rôle central dans l’apprentissage.

Aspect Impact Positif Impact Négatif
Concentration Moins de distractions en classe Perte d’outils numériques utiles
Méthodes d’apprentissage Retour à des pratiques traditionnelles Ralentissement du processus d’apprentissage
Valeurs culturelles Renforcement des principes islamiques Isolement technologique

En conclusion, l’interdiction des smartphones à Kandahar reflète un choix politique et culturel qui dépasse la simple question de la discipline scolaire. Elle interroge la place de la technologie dans une société en pleine transformation, où les tensions entre tradition et modernité sont palpables. Si cette mesure vise à protéger les jeunes générations, elle pourrait, paradoxalement, limiter leur accès à un monde en constante évolution. Comment les élèves afghans s’adapteront-ils à ces nouvelles contraintes ? L’avenir de l’éducation dans ce pays reste incertain, mais une chose est sûre : les décisions prises aujourd’hui façonneront le destin de toute une génération.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.