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Forum de Saint-Pétersbourg : Un Tournant Diplomatique

Le "Davos russe" s'ouvre avec le Sud global en vedette, mais sans les Occidentaux. Que mijote Moscou dans ce nouvel échiquier diplomatique ?

Dans un monde en pleine reconfiguration, un événement attire les regards : le forum économique de Saint-Pétersbourg, souvent comparé à un « Davos russe ». Cette année, il se tient dans un contexte inédit, marqué par l’absence remarquée des grandes figures occidentales et une présence renforcée des pays du Sud global. Que révèle cette 28e édition sur les ambitions de Moscou et les dynamiques internationales ? Plongeons dans les coulisses de cet événement clé.

Un Forum sous le Signe du Changement

Ouvert ce mercredi, le forum économique de Saint-Pétersbourg s’inscrit dans une période de bouleversements géopolitiques. Autrefois lieu de rencontre entre l’Occident et la Russie, il est aujourd’hui un miroir des tensions nées du conflit en Ukraine et des sanctions massives imposées à Moscou depuis 2022. Mais loin de s’isoler, la Russie semble redessiner ses alliances, invitant les regards à se tourner vers l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient.

Avec 20 000 participants issus de 140 pays, selon les organisateurs, cette édition affiche une ambition mondiale. Pourtant, derrière ces chiffres, une réalité se dessine : les délégations occidentales sont rares, tandis que les représentants du Sud global occupent le devant de la scène. Ce contraste n’est pas anodin : il reflète une stratégie diplomatique bien rodée.

L’Occident : Une Absence qui Parle

Si le forum était autrefois fréquenté par des figures comme l’ancienne chancelière allemande ou le président français, les 2025 ne verront qu’une poignée d’hommes d’affaires américains de second plan, emmenés par le dirigeant de la chambre de commerce. Cette désertion s’explique par les lourdes sanctions occidentales, imposées en réponse à l’offensive russe en Ukraine. Ces restrictions, loin de faiblir, continuent de peser sur les relations entre Moscou et Washington.

« La Russie n’a pas isolée, elle se tourne vers des partenaires qui partagent sa vision », aurait déclaré un proche du Kremlin.

Malgré un réchauffement amorcé entre Moscou et Washington sous l’impulsion de la nouvelle administration américaine, aucune levée des sanctions n’a encore vu le jour. Ce contexte rend la présence occidentale symbolique : elle témoigne d’une volonté de garder un pied dans la porte, sans s’engager pleinement.

Le Sud Global : Une Scène pour les « Amis »

Face à l’Occident, le Sud global émerge comme le véritable protagoniste de cette édition. Bahreïn, invité d’honneur, incarne ce rapprochement accéléré avec les nations dites « amica » par Moscou. Des délégations de la Chine, du Vietnam, de l’Arabie Saoudite, mais aussi du Burkina Faso ou de la Centrafrique, soulignent cette dynamique. La présence du président indonésien Prabowo, qui a décliné une invitation au sommet du G7 pour rencontrer Vladimir Poutine, est un coup diplomatique de maître.

  • Chine : Un partenaire économique clé, renforçant ses échanges avec Moscou.
  • Indonésie : Une voix influente du Sud global, symbolisant un choix stratégique.
  • Bahreïn : Invité d’honneur, signe d’un ancrage au Moyen-Orient.

Ce pivot vers le Sud global n’est pas nouveau, mais il s’intensifie. Depuis 2022, la Russie multiplie les initiatives pour séduire ces régions : accords commerciaux, coopérations sécuritaires, et investissements massifs. Ce forum devient ainsi une vitrine pour ces ambitions, où chaque poignée de main compte.

Poutine au Cœur de la Diplomatie

Le point d’orgue du forum sera l’allocution de Vladimir Poutine, prévue vendredi. Dans un climat diplomatique électrique, marquée par les pourparlers sur l’Ukraine et les tensions au Moyen-Orient, ses mots seront scrutés. En amont, Poutine rencontrera la présidente de la Nouvelle Banque de développement, Dilma Rousseff, renforçant les liens avec les BRICS, un bloc clé pour Moscou.

Ce calendrier chargé illustre la position de la Russie : malgré les sanctions, elle cherche à se poser en acteur incontournable. Les discussions avec les États-Unis, bien que timides, et les alliances renforcées avec l’Iran ou la Chine montrent une stratégie à plusieurs facettes.

Un Passé Prestigieux, un Présent Contrasté

Il fut un temps où le Forum de Saint-Pétersbourg attirait les grands noms de l’Occident. En 2013, une chancelière allemande y participait, tout comme un premier ministre néerlandais, aujourd’hui à la tête de l’OTAN. En 2018, un président français y faisait une apparition remarquée. Ces années-là, le forum incarnait un pont entre Est et Ouest.

Aujourd’hui, le contraste est saisissant. Les sanctions ont redessiné les contours de l’événement, le transformant en une plateforme pour le Sud global. Mais ce changement est-il durable ? Pour certains, il s’agit d’une adaptation pragmatique ; pour d’autres, d’une rupture profonde avec l’Occident.

Année Participation occidentale Contexte
2013 Élevée (dirigeants allemands, néerlandais) Dialogue Est-Ouest
2018 Importante (président français) Relations apaisées
2025 Faible (délégation mineure) Sanctions et tensions

Les Enjeux Économiques et Sécuritaires

Derrière les poignées de main et les discours, le forum est aussi une affaire d’intérêts concrets. Pour la Russie, il s’agit de diversifier son économie, encore dépendante des hydrocarbures, et de sécuriser des partenariats face aux sanctions. Les pays du Sud global, eux, y voient une opportunité d’accéder à des technologies, des investissements ou un soutien militaire.

La Chine, par exemple, renforce ses échanges commerciaux avec Moscou, tandis que l’Arabie Saoudite explore des coopérations énergétiques. En Afrique, la Russie propose des solutions sécuritaires, notamment au Burkina Faso et en Centrafrique, où ses influences croît.

Un Monde en Reconfiguration

Le Forum économique de Saint-Pétersbourg 2025 n’est pas qu’un événement économique : c’est une photographie d’un monde en mutation. La Russie, sous pression, redessine ses alliances, tournant le dos à un Occident qui la sanctionne. Le Sud global, quant à lui, gagne en influence, porté par des nations comme l’Indonésie ou la Chine.

Mais des questions demeurent. Ce pivot vers le Sud est-il viable à long terme ? Les sanctions occidentales finiront-elles par céder ? Et quelle place pour la Russie dans cet échiquier global en pleine recomposition ?

Points clés à retenir :

  • Absence marquée des Occidentaux, signe des tensions persistantes.
  • Le Sud global, emmené par la Chine et l’Indonésie, en vedette.
  • Une stratégie russe pour diversifier ses alliances face aux sanctions.

En attendant, Saint-Pétersbourg reste un théâtre où se jouent les ambitions d’une Russie en quête de légitimité. Chaque discours, chaque rencontre, est une pièce du puzzle d’un ordre mondial encore flou. Et dans ce jeu complexe, une chose est sûre : les regards du monde sont tournés vers cette ville.

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