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Banques et Énergies Fossiles : Un Financement Record en 2024

En 2024, les banques ont injecté 869 milliards dans les énergies fossiles, défiant l'Accord de Paris. Quelles conséquences pour le climat ? Cliquez pour découvrir...

Imaginez un monde où les engagements climatiques sont éclipsés par des milliards de dollars injectés dans le pétrole, le gaz et le charbon. En 2024, ce scénario n’est pas une fiction, mais une réalité alarmante. Selon un rapport récent, les grandes banques mondiales ont financé les énergies fossiles à hauteur de 869 milliards de dollars, une hausse spectaculaire de 23 % par rapport à 2023. Comment en sommes-nous arrivés là, alors que l’Accord de Paris nous exhorte à limiter le réchauffement à 1,5 °C ? Cet article plonge dans les chiffres, les acteurs clés et les implications de ce paradoxe financier.

Un Financement Record qui Défie les Engagements Climatiques

Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, les institutions financières ont injecté près de 8 000 milliards de dollars dans les industries du pétrole, du gaz et du charbon. Ce chiffre colossal, révélé par le rapport Banking on Climate Chaos, met en lumière une contradiction majeure : alors que le monde s’engage vers la neutralité carbone, les flux financiers continuent de soutenir massivement les énergies fossiles. En 2024, les 65 plus grandes banques mondiales ont consacré 869 milliards de dollars à ces secteurs, dont environ la moitié a servi à l’expansion de nouvelles infrastructures fossiles.

Cette augmentation de 23 % par rapport à l’année précédente marque un retour en force des investissements dans les énergies polluantes, après deux années de légère baisse. Plus des deux tiers des banques étudiées ont accru leurs financements, un signal inquiétant pour les défenseurs du climat. Mais qui sont les principaux acteurs de ce mouvement, et quelles dynamiques expliquent cette tendance ?

Les Géants Américains en Tête du Financement Fossile

Les États-Unis dominent le classement des financeurs des énergies fossiles. Une grande banque américaine, avec 53,5 milliards de dollars investis en 2024, se hisse au premier rang mondial, enregistrant une hausse de 39 % par rapport à 2023. Elle est suivie de près par deux autres institutions financières américaines, qui complètent le podium. Ces chiffres, issus de données publiques et de fournisseurs spécialisés, montrent l’ampleur de l’engagement de ces géants dans des secteurs pourtant décriés pour leur impact environnemental.

« Les banques continuent de financer l’expansion des énergies fossiles, malgré les alertes scientifiques sur l’urgence climatique. »

Rapport Banking on Climate Chaos, 2024

Ce leadership américain s’inscrit dans un contexte politique particulier. L’année 2024 a vu le retour d’une rhétorique favorable à l’exploitation intensive des ressources fossiles, incarnée par des slogans comme “drill, baby, drill”. Cette posture, portée par des figures influentes, semble avoir encouragé les institutions financières à maintenir, voire augmenter, leurs investissements dans le pétrole, le gaz et le charbon.

Un Contraste en France : Des Progrès, mais des Exceptions

En Europe, et particulièrement en France, la tendance est plus nuancée. Les six principales banques françaises ont réduit leurs financements aux énergies fossiles, passant d’environ 40 milliards de dollars en 2023 à 20 milliards en 2024. Cette baisse significative reflète un effort progressif de désengagement, amorcé depuis 2020. Cependant, toutes les institutions ne suivent pas cette trajectoire. Un grand groupe mutualiste, regroupant plusieurs enseignes bancaires, a vu ses financements augmenter de manière notable, suscitant des critiques de la part des ONG.

Ce groupe, qui insiste sur ses actions en faveur de l’environnement et de la biodiversité, revendique une transparence dans ses engagements. Pourtant, les données du rapport mettent en lumière des contradictions, notamment dans le soutien à de nouveaux projets fossiles. Cette situation illustre les défis auxquels sont confrontées les banques françaises, tiraillées entre pressions climatiques et réalités économiques.

Chiffres Clés du Financement Fossile en 2024

  • 869 milliards de dollars : Total des financements aux énergies fossiles.
  • 23 % : Hausse par rapport à 2023.
  • 50 % : Part des fonds dédiée à l’expansion fossile.
  • 20 milliards : Contribution des banques françaises.

La Net-Zero Banking Alliance : Des Ambitions Revues à la Baisse

En 2021, la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), un programme onusien visant la neutralité carbone, avait suscité l’espoir d’une finance plus verte. Cependant, en avril 2024, plusieurs banques membres ont revu à la baisse leurs ambitions climatiques. Cette décision, perçue comme un recul par les défenseurs de l’environnement, souligne les tensions entre les objectifs de long terme et les pressions économiques immédiates.

Les critiques pointent du doigt un manque de cohérence : comment des institutions engagées dans la NZBA peuvent-elles simultanément financer l’expansion des énergies fossiles ? Ce paradoxe alimente le débat sur la responsabilité des banques dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les ONG appellent à des politiques plus strictes et à une transparence accrue pour aligner les pratiques financières sur les impératifs écologiques.

Quelles Conséquences pour l’Accord de Paris ?

L’Accord de Paris fixe un objectif clair : limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Pourtant, les financements massifs des énergies fossiles compromettent cet engagement. Chaque dollar investi dans de nouveaux projets pétroliers ou gaziers prolonge la dépendance mondiale aux combustibles polluants, rendant les objectifs climatiques plus difficiles à atteindre.

Les conséquences sont multiples :

  • Augmentation des émissions : Les nouveaux projets fossiles accroissent les émissions de CO₂.
  • Retard dans la transition : Les investissements retardent le développement des énergies renouvelables.
  • Risques financiers : Les actifs fossiles pourraient devenir obsolètes face aux régulations climatiques.

Face à ces enjeux, les ONG exhortent les banques à réorienter leurs portefeuilles vers des solutions durables, comme les énergies renouvelables ou les technologies de capture du carbone. Cependant, la rentabilité immédiate des projets fossiles reste un frein majeur à cette transition.

Vers une Finance plus Responsable ?

Le rapport Banking on Climate Chaos ne se contente pas de pointer du doigt les dérives. Il propose également des pistes pour une finance plus alignée sur les enjeux climatiques. Parmi elles, l’adoption de politiques de désinvestissement des énergies fossiles, la transparence sur les portefeuilles d’investissement et le soutien accru aux projets verts.

Certaines banques, notamment en France, montrent l’exemple en réduisant leurs engagements dans les secteurs polluants. Mais ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur du défi. Pour les ONG, la solution passe par une pression accrue des régulateurs, des actionnaires et des citoyens, qui doivent exiger une responsabilité environnementale des institutions financières.

« Les banques ont le pouvoir de façonner l’avenir énergétique. Elles doivent choisir entre le profit à court terme et la survie de notre planète. »

ONG environnementale, 2024

En attendant, les chiffres de 2024 rappellent une vérité inconfortable : malgré les discours sur la transition énergétique, le secteur bancaire reste un pilier du système énergétique actuel. La question est désormais de savoir si les pressions climatiques et sociétales suffiront à inverser la tendance.

Que Faire pour Changer la Donne ?

Les citoyens et les entreprises peuvent jouer un rôle clé :

  1. Choisir des banques engagées dans la finance verte.
  2. Exiger plus de transparence sur les investissements.
  3. Soutenir les initiatives pour le climat et la biodiversité.

En conclusion, les 869 milliards de dollars investis dans les énergies fossiles en 2024 sonnent comme un avertissement. Alors que les alertes scientifiques se multiplient, le secteur bancaire se trouve à un carrefour. Continuera-t-il à financer un modèle énergétique dépassé, ou deviendra-t-il un moteur de la transition écologique ? L’avenir du climat dépend en grande partie de cette réponse.

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