Dans un article récent, l’hebdomadaire L’Express se penche sur l’influence grandissante du site Fdesouche, qui relaie principalement des faits divers, face à la vision portée par Emmanuel Macron d’une France « start-up nation ». Deux conceptions du pays semblent désormais s’affronter, jusque dans les urnes. Décryptage d’une défaite culturelle qui en dit long sur l’état de la France.
Fdesouche, le symptôme d’une France méfiante et lasse
Si le succès de Fdesouche ne se dément pas, c’est parce que son contenu fait écho à l’humeur morose d’une partie non négligeable des Français, comme le démontrent plusieurs enquêtes d’opinion récentes. Méfiance, lassitude et pessimisme l’emportent, quelle que soit la réalité du quotidien vécu par les citoyens.
Cette perception négative est encore accentuée par l’usage intensif des réseaux sociaux, qui fonctionnent principalement sur le registre du rejet et de l’anxiété. Comme l’explique Philippe Moreau Chevrolet, fondateur de l’agence MCBG :
Cela devient presque une nécessité pour les gens d’aller chercher du contenu négatif, qu’ils trouvent aussi dans des séries ou des films dystopiques.
Une stratégie éditoriale qui déforme la réalité
Si Fdesouche veille à relayer le moins de désinformation possible, le site n’en demeure pas moins orienté politiquement, ne serait-ce que par la sélection des faits qu’il choisit de mettre en avant. Tristan Mendès France, spécialiste des cultures numériques, souligne :
C’est dans le cocktail qu’il donne à lire qu’il induit le visiteur en erreur sur la représentativité de ce qu’il partage, il y a une loupe déformante de la réalité, qui pointe du doigt certaines communautés.
Les classes moyennes, principales lectrices de Fdesouche ?
Exclues des dispositifs d’aide destinés aux plus modestes et sans réelles perspectives d’ascension sociale, les classes moyennes craignent un déclassement. Cette peur les pousse à se tourner vers le Rassemblement National, dont les idées font écho aux contenus relayés par Fdesouche.
La jeunesse européenne séduite par l’extrême droite
Au-delà des frontières françaises, c’est toute une partie de la jeunesse européenne qui semble tentée par le vote d’extrême droite. Un phénomène qui interroge sur les raisons profondes de cet attrait et les moyens d’y répondre.
Macron et sa « start-up nation » : un modèle en perte de vitesse ?
Face à cette défiance grandissante, le discours d’Emmanuel Macron sur la « start-up nation » peine à convaincre. Cette vision optimiste et entrepreneuriale de la France semble déconnectée des préoccupations quotidiennes d’une large part de la population.
L’hebdomadaire pointe ainsi une forme de « défaite culturelle » de la macronie, incapable de faire rêver les Français autant que peuvent le faire, à leur manière, les contenus anxiogènes relayés par Fdesouche. Un constat amer qui devrait pousser le pouvoir en place à repenser en profondeur son logiciel et son approche des problématiques qui agitent le pays.