Une attaque fait des dizaines de morts à Benue, Nigeria. Les habitants manifestent, la police réagit. Quelles solutions face à ces violences récurrentes ?
Les chiffres donnent la mesure de la crise. Selon un rapport récent, **6 896 personnes** ont été tuées dans des attaques à Benue au cours des deux dernières années, et **1 260** dans l’État voisin du Plateau. En avril 2025, une série de massacres non élucidés a fait plus de **150 morts** dans ces deux régions. Il y a deux semaines, une autre attaque dans à Benue a coûté la vie à au moins **24 personnes**.
Région |
Morts (2 ans) |
Incidents récents (2025) |
Benue |
6 896 |
250+ (Yelewata, avril, mai) |
Plateau |
2 600 |
150+ (avril) |
Ces statistiques ne racontent qu’une partie de l’histoire. Derrière chaque chiffre, il y a des familles détruites, des communautés divisées et une peur qui s’installe durablement.
Vers des Solutions Durables ?
Sortir de ce cycle de violences nécessite des solutions à long terme, qui s’attaquent aux racines du problème. Parmi les pistes envisagées :
- Réforme agraire : Réguler l’accès aux terres pour réduire les conflits.
- Renforcement sécuritaire : Déployer des forces dans les zones rurales et former des unités spécialisées.
- Dialogue intercommunautaire : Favoriser la réconciliation entre éleveurs et agriculteurs.
- Lutte contre l’extrémisme : Contrebalancer l’influence des prédicateurs radicaux.
- Adaptation climatique : Investir dans des pratiques agricoles résilientes face au changement climatique.
Ces mesures, toutefois, demandent un engagement politique fort et des financements conséquents, qui manquent souvent. En attendant, les habitants de Benue continuent de vivre dans l’angoisse, espérant que les promesses des autorités ne resteront pas lettre morte.
Un Appel à l’Action Mondiale
La crise à de Benue ne concerne pas uniquement que le Nigeria. Elle soulève des questions universelles sur la gestion des conflits communautaires, l’impact du changement climatique sur la sécurité et la protection des populations vulnérables. L’appel du pape Léon XIV, depuis le Vatican, rappelle que cette tragédie touche à l’humanité tout entière. Les organisations internationales, les gouvernements et la société civile doivent unir leurs efforts pour soutenir le Nigeria dans cette épreuve.
En conclusion, l’histoire de Benue est celle d’une région déchirée par des forces complexes, mais aussi d’un peuple qui refuse de se taire. Les manifestations de Makurdi, malgré leur dispersion, témoignent d’une résilience et d’une volonté de changement. Reste à savoir si les autorités sauront répondre à cet appel, ou si la région s’enfoncera davantage dans la violence. Une chose est sûre : le monde ne peut pas détourner les yeux.
Imaginez-vous marcher dans les rues poussiéreuses de Makurdi, la capitale de l’État de Benue, au Nigeria. L’air est lourd, chargé de colère et de désespoir. La veille, une attaque brutale a fauché des dizaines de vies dans une localité voisine, Yelewata. Aujourd’hui, des milliers de personnes se rassemblent pour crier leur ras-le-bol face à des violences qui semblent ne jamais s’arrêter. Mais alors que la foule scande son appel à la justice, des gaz lacrymogènes s’abattent, dispersant les manifestants. Que se passe-t-il dans cette région du centre du Nigeria, où les tensions communautaires, les luttes pour les ressources et les failles sécuritaires s’entremêlent dans un cycle destructeur ? Cet article plonge au cœur de cette crise complexe, explorant ses causes, ses conséquences et les efforts pour y répondre.
Une Région Sous Tension : Le Drame de Benue
L’État de Benue, situé dans la Ceinture centrale du Nigeria, est depuis longtemps un théâtre de violences. Les affrontements entre éleveurs peuls, majoritairement musulmans, et agriculteurs sédentaires, souvent chrétiens, sont fréquents. Ces conflits, alimentés par la compétition pour des terres de plus en plus rares, prennent parfois une dimension ethnique ou religieuse, exacerbée par des facteurs comme le changement climatique et les prédicateurs extrémistes. L’attaque de Yelewata, survenue dans la nuit du 14 au 15 juin 2025, est un exemple tragique de cette spirale.
L’Attaque de Yelewata : Un Massacre Douloureux
Dans la nuit de vendredi à samedi, des hommes armés ont semé la terreur à Yelewata, une localité rurale de Benue. Les témoignages divergent sur le bilan exact, reflétant l’horreur et la confusion. Les autorités locales estiment que **45 personnes** ont perdu la vie, mais des habitants parlent de **100 morts** voire davantage. Depuis Rome, le pape Léon XIV a évoqué un massacre d’une cruauté extrême, mentionnant environ **120 victimes**, dont beaucoup étaient des déplacés internes abrités par une mission catholique. Ce drame n’est pas isolé : il s’inscrit dans une série d’attaques qui ont fait des centaines de morts dans la région ces derniers mois.
“Un terrible massacre où environ 120 personnes ont été tuées avec une extrême cruauté.”
Pape Léon XIV, 15 juin 2025
Les survivants décrivent une attaque ciblée, rapide et brutale. Les assaillants, dont l’identité reste floue, ont visé une communauté vulnérable. Ces actes de violence soulignent l’incapacité chronique des autorités à protéger les populations dans les zones rurales, où les forces de sécurité sont débordées ou absentes.
La Réaction Populaire : Manifestations et Répression
Le lendemain, à Makurdi, des milliers de Benue sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent une foule brandissant des pancartes réclamant la fin des violences. “Nous voulons la paix, pas des gaz lacrymogènes !” pouvait-on lire sur l’une d’elles. Les manifestants, parmi lesquels des jeunes et des leaders communautaires, exigeaient des mesures concrètes pour enrayer ce cycle infernal.
Malheureusement, la manifestation a rapidement dégénéré. Selon des témoins, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, transformant un appel pacifique en scène de panique. Un journaliste local, John Shiaondo, a décrit la situation : “C’était une marche pacifique, mais la police est arrivée et a tiré des gaz. Les gens ont fui en tous sens.” Un manifestant, Joseph Oueh, a ajouté : “Nous demandions justice pour nos morts, et on nous répond par la force.”
“Nous exerçons notre droit de manifester pacifiquement contre les meurtres incessants, et maintenant la police nous tire dessus.”
Joseph Oueh, manifestant à Makurdi
Du côté des autorités, le porte-parole du gouverneur, Tersoo Kula, a affirmé que les manifestants avaient dépassé le délai accordé pour leur ordre de se disperser. Cette version des faits illustre le fossé entre les citoyens et la population, qui se sent abandonnée face à une crise qui ne fait que s’aggraver.
Les Racines du Conflit : Une Crise Multidimensionnelle
Pour comprendre les violences à Benue, il faut examiner les multiples facteurs qui les alimentent. Au cœur du problème : la lutte pour les **ressources naturelles**, en particulier les terres agricoles et les ressources en eau. Le Nigeria, avec sa population croissante et ses terres cultivables réduites par le **changement climatique**, voit les tensions s’intensifier entre les éleveurs nomades et les agriculteurs sédentaires.
- Éleveurs peuls : Souvent accusés d’attaques, ils revendiquent aussi être victimes de violences et d’expropriations.
- Agriculteurs chrétiens : Ils dénoncent des incursions sur leurs terres et des destructions de cultures.
- Changement climatique : Réduit les terres disponibles, exacerbant la concurrence.
- Facteurs religieux et ethniques : Les différences culturelles sont exploitées pour attiser les divisions.
À cela s’ajoutent des **tensions politiques** et économiques. Les élus locaux sont souvent critiqués pour leur inaction, tandis que l’afflux de prédicateurs extrémistes, chrétiens comme musulmans, jette de l’huile sur le feu. La région est aussi marquée par une **crise humanitaire** : des milliers de personnes déplacées vivent dans des conditions précaires, comme celles accueillies par la mission catholique de Yelewata.
Les Réponses des autorités : Entre Promesses et Réalité
Face à l’ampleur du drame, les autorités nigérianes ont réagi rapidement, du moins sur le plan des annonces. Le président Bola Ahmed Tinubu a promis des renforts sécuritaires, affirmant que les chefs des services de renseignement, de la police et de l’armée étaient déjà sur place pour coordonner les opérations. “J’ai ordonné aux forces de sécurité d’agir avec fermeté pour arrêter les coupables et rétablir l’ordre,” a-t-il dans un communiqué.
“J’ai donné des instructions pour arrêter les auteurs de ces actes odieux et les traduire en justice.”
Bola Ahmed Tinubu, président du Nigeria
Le gouverneur de Benue, Hyacinth Alia, a de son côté annoncé l’arrivée d’équipes tactiques et le renforcement des unités opérationnelles conjointes. Ces mesures, toutefois, ne sont pas nouvelles. Depuis des années, les autorités promettent de sécuriser la région, mais les résultats tardent à se concrétiser. Une organisation internationale a récemment pointé du doigt l’inefficacité des stratégies actuelles, soulignant que le massacre de Yelewata révélait des failles persistantes.
Un Bilan Alarmant : Des Chiffres Qui Font Frémir
Les chiffres donnent la mesure de la crise. Selon un rapport récent, **6 896 personnes** ont été tuées dans des attaques à Benue au cours des deux dernières années, et **1 260** dans l’État voisin du Plateau. En avril 2025, une série de massacres non élucidés a fait plus de **150 morts** dans ces deux régions. Il y a deux semaines, une autre attaque dans à Benue a coûté la vie à au moins **24 personnes**.
Région |
Morts (2 ans) |
Incidents récents (2025) |
Benue |
6 896 |
250+ (Yelewata, avril, mai) |
Plateau |
2 600 |
150+ (avril) |
Ces statistiques ne racontent qu’une partie de l’histoire. Derrière chaque chiffre, il y a des familles détruites, des communautés divisées et une peur qui s’installe durablement.
Vers des Solutions Durables ?
Sortir de ce cycle de violences nécessite des solutions à long terme, qui s’attaquent aux racines du problème. Parmi les pistes envisagées :