L’affaire Bernard Preynat a secoué l’Église catholique en France comme peu de scandales auparavant. Ce prêtre du diocèse de Lyon, condamné en 2020 à cinq ans de prison pour agressions sexuelles sur mineurs, est décédé dimanche à l’âge de 79 ans. Sa mort soulève à nouveau le voile sur l’un des chapitres les plus sombres qu’ait connu l’institution ces dernières années.
Retour sur le parcours d’un prêtre dévoyé
Ordonné prêtre en 1971, Bernard Preynat est nommé aumônier scout à Lyon dès l’année suivante. C’est au sein du groupe Saint-Luc qu’il commettra, pendant plus de 20 ans, ses agressions sur de jeunes scouts âgés de 7 à 15 ans. Malgré des signalements dès les années 1980, il faudra attendre 2015 pour que les premières plaintes soient déposées.
En 2016, le cardinal Barbarin est mis en cause pour ne pas avoir dénoncé les agissements du prêtre à la justice. Preynat est finalement mis en examen puis renvoyé devant le tribunal correctionnel. Lors de son procès en janvier 2020, il reconnaît la quasi-totalité des faits qui lui sont reprochés.
Ce sont des faits que je regrette profondément. J’ai brisé des vies.
– Bernard Preynat lors de son procès
Un scandale qui ébranle l’Église
Au-delà de la personnalité de Preynat, c’est tout le système de l’Église qui est pointé du doigt pour son inaction et son silence coupable. En première ligne, le cardinal Barbarin, condamné en 2019 pour non-dénonciation, avant que sa condamnation ne soit annulée en appel.
L’affaire Preynat a contribué à libérer la parole des victimes et encouragé un examen de conscience de l’institution. En octobre 2021, un rapport accablant de la Commission Sauvé révélait l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église depuis 1950, avec environ 330 000 victimes estimées.
La fin d’un long combat pour les victimes
Si le décès de Preynat referme un douloureux chapitre, les victimes espèrent que leur combat n’aura pas été vain. François Devaux, cofondateur de l’association La Parole Libérée qui a révélé le scandale, a réagi :
La grande leçon de cette affaire, c’est que le pire ennemi, c’est le silence. Il ne faut plus jamais se taire.
– François Devaux, victime de Bernard Preynat
Au-delà du cas Preynat, la vigilance doit rester de mise pour protéger les plus vulnérables et faire en sorte que de tels drames ne se reproduisent plus. C’est tout l’enjeu des réformes profondes que l’Église catholique doit mener pour restaurer la confiance et panser les blessures du passé.