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Crise à Gaza : Initiatives Propalestiniennes Bloquées

Des militants propalestiniens bloqués en Libye et Égypte, certains arrêtés. Leur combat pour Gaza continue malgré les obstacles. Que se passe-t-il vraiment ?

Imaginez-vous au cœur d’un désert, sous un soleil brûlant, avec un millier de personnes unies par une cause : briser le silence autour de Gaza. Des militants de tous horizons, partis d’Alger ou d’ailleurs, se heurtent à des barrages militaires, à des arrestations et à un blocus implacable. En Libye et en Égypte, deux initiatives propalestiniennes ont été stoppées net, révélant les tensions géopolitiques et les défis de l’activisme international. Cet article plonge dans ces événements, explore leurs implications et donne la parole aux acteurs de ce combat.

Un élan de solidarité stoppé par la force

Depuis des mois, la situation à Gaza mobilise des consciences à travers le monde. Alors que le conflit entre l’armée israélienne et le Hamas fait rage, les pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments s’aggravent. Face à ce drame humanitaire, des citoyens ordinaires, mais aussi des influenceurs et des personnalités publiques, se sont organisés pour faire entendre leur voix. Deux initiatives majeures, l’une partie d’Alger et l’autre baptisée Global March to Gaza, ont tenté de rallier la frontière égyptienne pour exiger la levée du blocus israélien. Mais leur chemin s’est arrêté brutalement, marqué par des interventions sécuritaires et des arrestations.

En Libye : un convoi sous blocus militaire

En Libye, une caravane propalestinienne, forte d’environ un millier de participants venant de Tunisie, d’Algérie, du Maroc et de Mauritanie, s’est heurtée à un mur. À l’entrée de Syrte, une ville contrôlée par les forces du maréchal Khalifa Haftar, le convoi a été stoppé vendredi dernier. Selon les organisateurs, un blocus militaire a été imposé, empêchant tout mouvement. Les militants, déterminés à poursuivre leur route vers Gaza, ont établi un campement de fortune à proximité, mais les autorités locales ont divisé les participants en trois groupes, interdisant tout contact entre eux.

« Nous faisons face à un siège méthodique qui a atteint le stade de la famine », ont dénoncé les organisateurs dans un communiqué poignant.

Pour compliquer davantage la situation, le réseau Internet a été perturbé dans un rayon de 50 kilomètres autour de la zone, rendant les communications quasi impossibles. Parmi les personnes arrêtées figurent trois influenceurs bien connus : le Tunisien Ala Ben Amara et les Algériens Bilal Ourtani et Zidane Nezar, surnommé Zizou. Ces blogueurs, qui documentaient leur périple en vidéo, sont devenus des symboles de la répression subie par le mouvement. Le collectif Soumoud, à l’origine de l’initiative, a lancé un appel urgent pour leur libération.

Fait marquant : Les négociations entre les représentants du convoi et les autorités libyennes se poursuivent, mais aucune solution n’a encore été trouvée pour lever le blocus.

En Égypte : une marche mondiale réprimée

Parallèlement, en Égypte, une autre initiative, la Global March to Gaza, a rencontré une opposition tout aussi ferme. Réunissant des participants de 80 nationalités différentes, dont des parlementaires et même le petit-fils de Nelson Mandela, ce mouvement ambitionnait de traverser le Sinaï pour atteindre Rafah, à la frontière avec Gaza. Mais vendredi, à 45 kilomètres du Caire, près de la ville d’Ismailia, les autorités égyptiennes sont intervenues. Des dizaines de militants ont été interceptés, parfois brutalisés, et leurs passeports confisqués.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes de tension : des bus remplis de militants, des contrôles musclés et des passeports saisis. Selon Seif Abu Kishk, membre du collectif organisateur, une vingtaine de personnes, dont des Canadiens et des Américains, restent détenues. D’autres, comme Gilles, un militant français, racontent une expérience chaotique :

« On nous a jetés en bord de route à 5h du matin », témoigne Gilles, encore sous le choc.

Certains participants, retenus à l’aéroport du Caire, n’ont pas récupéré leurs documents d’identité. Mélanie Schweizer, une porte-parole du collectif, déplore : « La police dit que leurs passeports sont perdus. » Les autorités égyptiennes, quant à elles, n’ont fait aucune déclaration officielle, laissant planer le flou sur leurs motivations.

Pourquoi ces initiatives dérangent-elles ?

Les initiatives comme la caravane de Syrte ou la Global March ne sont pas de simples manifestations. Elles visent à attirer l’attention sur la crise humanitaire à Gaza, où 20 mois de guerre ont laissé la population dans une situation désespérée. Mais elles se heurtent à des réalités géopolitiques complexes. En Égypte, par exemple, le Sinaï est une région sous haute surveillance militaire en raison des menaces sécuritaires. Toute action collective, surtout impliquant des étrangers, est perçue comme un risque potentiel par les autorités.

Le gouvernement égyptien a d’ailleurs rappelé mercredi que toute initiative propalestinienne sur son sol nécessitait une autorisation préalable. Cette position reflète une volonté de contrôler les mouvements internationaux sur son territoire, tout en maintenant des relations diplomatiques délicates avec Israël. En Libye, le contexte est tout aussi tendu : les forces de Khalifa Haftar, qui contrôlent l’est du pays, sont peu enclines à tolérer des actions susceptibles de perturber leur autorité.

Pays Initiative Obstacle Conséquences
Libye Caravane propalestinienne Blocus militaire à Syrte Arrestations, division des groupes, coupure Internet
Égypte Global March to Gaza Interventions policières Arrestations, confiscation de passeports, expulsions

Un combat pacifique face à la répression

Malgré les obstacles, les organisateurs des deux initiatives restent déterminés. Leur objectif est clair : alerter sur les conditions de vie à Gaza et pousser pour une levée du blocus. Les militants insistent sur le caractère pacifique de leurs actions, qui se veulent un appel à la solidarité internationale. Pourtant, leur détermination se heurte à des réalités brutales : arrestations, confiscations, et parfois même violences.

En Belgique, par exemple, le ministère des Affaires étrangères a confirmé que plusieurs dizaines de citoyens belges ont été arrêtés ou expulsés dans le cadre de la Global March. Les autorités belges, en coordination avec leur ambassade au Caire et d’autres représentations européennes, suivent la situation de près pour apporter une assistance à leurs compatriotes.

« Notre objectif reste Gaza. Nous continuerons à agir de manière pacifique », affirme Seif Abu Kishk, membre du collectif Global March.

Gaza : une crise humanitaire au cœur des tensions

Le blocus de Gaza, en place depuis des années, s’est intensifié avec le conflit actuel. Les Nations unies et diverses ONG alertent sur les pénuries généralisées qui touchent la population. Selon les rapports, l’accès à la nourriture, à l’eau potable et aux soins médicaux est gravement limité. Les initiatives comme celles bloquées en Libye et en Égypte cherchent à mettre cette crise sous les projecteurs, tout en exerçant une pression sur la communauté internationale pour agir.

Mais les obstacles rencontrés par ces militants soulignent une vérité plus large : l’activisme international, même pacifique, est souvent perçu comme une menace par les gouvernements. En Libye, les forces de Haftar craignent peut-être une destabilisation de leur contrôle. En Égypte, la sensibilité du Sinaï et les relations diplomatiques avec Israël compliquent toute action collective. Ces dynamiques géopolitiques rendent le chemin vers Gaza semé d’embûches.

Vers une issue possible ?

Pour l’heure, les négociations en Libye se poursuivent, mais aucun progrès significatif n’a été annoncé. En Égypte, la situation reste tendue, avec des militants toujours détenus et d’autres livrés à eux-mêmes après leur libération. Les organisateurs des deux initiatives appellent à une mobilisation internationale pour soutenir leur cause et dénoncer les restrictions imposées.

En résumé :

  • En Libye, une caravane de 1 000 militants est bloquée à Syrte, avec des arrestations et un blocus militaire.
  • En Égypte, la Global March to Gaza a été stoppée, avec des dizaines d’arrestations et des passeports confisqués.
  • Les deux initiatives visent à lever le blocus de Gaza, mais se heurtent à des obstacles géopolitiques.
  • Les organisateurs appellent à une mobilisation pacifique et à la solidarité internationale.

Alors que les militants continuent de faire entendre leur voix, une question demeure : comment la communauté internationale peut-elle répondre à cette crise sans se heurter aux mêmes barrières ? Le sort de Gaza, et de ceux qui se battent pour y attirer l’attention, reste suspendu à des enjeux bien plus grands que leur seule détermination.

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