Les transports en commun de Strasbourg traversent une période noire. Chauffeurs de bus et contrôleurs subissent au quotidien insultes, crachats et menaces de mort. Exaspérés par cette violence devenue incontrôlable, ils entament ce jeudi 21 juin une grève qui durera jusqu’au passage de la flamme olympique le 26, pour faire entendre leur ras-le-bol et réclamer des mesures fortes.
Des agressions quotidiennes et des armes dans les bus
Daniel, conducteur de bus et tram depuis 32 ans, a déjà porté plainte 5 ou 6 fois pour agressions et menaces de mort. Il se souvient notamment d’un “gamin” qui lui a “mis le doigt sous la gorge d’un air de dire ‘je vais te crever'”. Les insultes, elles, sont monnaie courante. “C’est quotidien, mais il ne faut pas que ça devienne la norme !”, s’insurge-t-il.
Son collègue Stéphane Daveluy, délégué syndical Unsa, confirme : “Il n’y a pas une semaine sans que nous ayons des alertes sur des usagers armés dans nos transports”. Couteaux, carabines, pistolets et même “armes de guerre” sont régulièrement repérés. Des scènes qui se multiplient de façon alarmante :
Ce sont des alertes que nous avions deux fois dans l’année à une époque. Aujourd’hui, c’est toutes les semaines. On se demande où ça va aller, quand est-ce que quelqu’un passera à l’acte et qui sera la victime.
Stéphane Daveluy, délégué syndical Unsa
La goutte d’eau : le passage de la flamme olympique
Cette grève intervient alors que Strasbourg s’apprête à accueillir la flamme olympique le 26 juin, un événement majeur nécessitant une forte mobilisation des transports. Mais pour les grévistes, hors de question d’assurer le service si leur sécurité n’est pas garantie :
On nous demande d’être là pour la flamme olympique, pour donner une belle image de Strasbourg. Mais le reste du temps, on nous laisse nous débrouiller face à la violence. Ça suffit !
Un conducteur gréviste
La mairie et la CTS appelées à réagir
Les grévistes attendent désormais des réponses concrètes de la part de la mairie et de la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS). Parmi leurs revendications :
- Davantage d’agents de sécurité dans les transports
- Des caméras de surveillance dans tous les véhicules
- Une formation pour les conducteurs sur la gestion des conflits
- Des poursuites systématiques contre les agresseurs
La balle est désormais dans le camp des autorités. Les usagers, eux, devront prendre leur mal en patience. Si la situation n’évolue pas, cette grève pourrait n’être que la première d’une longue série. Car comme le résument les grévistes : “On ne peut plus conduire la peur au ventre”.