Il y a un an, une onde de choc traversait la France. Le 9 juin 2024, dans une allocution télévisée inattendue, le président annonçait la dissolution de l’Assemblée nationale, une décision qui a bouleversé le paysage politique. Un an plus tard, alors que le pays navigue dans une instabilité inédite, le chef de l’État ne semble pas prêt à faire machine arrière. Mais que révèle cette obstination ? Retour sur une année de bouleversements et les conséquences d’un pari risqué.
Un Choix Inéluctable ? La Vision de Macron
Le 9 juin 2024, les Français, encore sous le choc des résultats des élections européennes, apprennent la nouvelle : l’Assemblée nationale est dissoute. Cette décision, prise dans la foulée d’une défaite électorale cuisante pour le camp présidentiel, visait à reprendre l’initiative politique. Mais un an après, beaucoup s’interrogent : était-ce un coup de génie ou une erreur stratégique ?
Le président, lui, reste convaincu de la justesse de son choix. Selon ses proches, il considère cette dissolution comme une nécessité pour sortir d’une impasse politique. Pourtant, cette décision a plongé la France dans une période d’incertitude, marquée par des tensions au sein de la classe politique et une fragmentation accrue du Parlement.
« Il n’a jamais douté. Il pense que c’était la seule voie possible pour reprendre la main », confie un conseiller élyséen.
Une Liberté Perdue : Le Prix de la Dissolution
Avant ce 9 juin 2024, le président jouissait d’une certaine liberté d’action. En 2017, il disposait d’une majorité absolue, et même en 2022, avec une majorité relative, il pouvait encore façonner l’agenda politique. Mais la dissolution a tout changé. Le Parlement, désormais plus fragmenté que jamais, a privé le chef de l’État de sa capacité à imposer ses réformes.
Le pouvoir exécutif s’est retrouvé affaibli, contraint de naviguer entre coalitions fragiles et motions de censure. Cette instabilité a également eu des répercussions sur la perception de la France à l’international, où le président s’est recentré sur des dossiers comme la gouvernance des océans, avec la conférence de l’ONU à Nice en juin 2025.
La dissolution a marqué un tournant : le président, autrefois au centre du jeu politique, s’est retrouvé cantonné à un rôle plus symbolique, notamment sur la scène internationale.
Les Réactions du Camp Présidentiel
Si le président assume, son camp, lui, est loin d’être unanime. Nombre de ses soutiens ont perçu la dissolution comme une décision incompréhensible, voire suicidaire. « On avait une majorité fragile, mais on pouvait encore avancer. Là, on a tout perdu », regrette un ancien député, battu lors des législatives anticipées de juillet 2024.
Les tensions internes se sont multipliées, et le mouvement présidentiel s’est fracturé. Certains cadres reprochent au chef de l’État d’avoir sous-estimé les conséquences de son choix, tandis que d’autres, plus loyaux, estiment qu’il a eu le courage de prendre un risque pour éviter l’immobilisme.
Les Conséquences sur la Scène Politique
La dissolution a redessiné le paysage politique français. Voici les principaux impacts :
- Fragmentation parlementaire : Aucun parti n’a obtenu de majorité claire, rendant la gouvernance complexe.
- Montée des extrêmes : Les partis extrêmes ont gagné du terrain, exploitant le mécontentement populaire.
- Instabilité gouvernementale : Les motions de censure se multiplient, paralysant l’exécutif.
- Perte de confiance : Les Français, désabusés, doutent de la capacité des institutions à répondre à leurs attentes.
Ces bouleversements ont également alimenté un sentiment d’amertume chez les élus battus. « On ne s’attendait pas à une telle claque. Cette dissolution, on la paie encore », confie un ancien parlementaire. Ce ressentiment, partagé par beaucoup, souligne l’ampleur du choc provoqué par la décision.
Un Pari International pour Rebattre les Cartes
Face à l’impasse domestique, le président s’est tourné vers la scène internationale. La conférence de l’ONU sur la gouvernance des océans, organisée à Nice en juin 2025, illustre cette stratégie. Ce sommet, axé sur des enjeux cruciaux comme la sécurité économique et environnementale, permet au chef de l’État de retrouver une stature de leader mondial.
Mais ce recentrage a ses limites. Si les dossiers internationaux renforcent son image à l’étranger, ils ne suffisent pas à apaiser les tensions internes. Les Français, confrontés à des défis comme l’inflation ou l’insécurité, attendent des réponses concrètes, que l’exécutif peine à fournir.
« Il veut montrer qu’il reste un acteur majeur sur la scène mondiale, mais ici, les gens veulent du concret », analyse un observateur politique.
Les Perspectives pour 2027
À l’approche de l’élection présidentielle de 2027, la dissolution de 2024 continue de peser sur l’avenir politique du pays. Le président, affaibli, doit composer avec un bilan controversé. Certains de ses anciens alliés, comme l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, prennent leurs distances, critiquant un héritage jugé trop lourd à porter.
Dans le même temps, les partis d’opposition, notamment ceux de l’extrême droite, se renforcent. Selon un récent sondage, en cas de nouvelle dissolution, ces derniers pourraient encore progresser, accentuant la polarisation du débat public.
Scénario | Conséquences probables |
---|---|
Nouvelle dissolution | Renforcement des extrêmes, instabilité accrue |
Maintien du statu quo | Paralysie législative, mécontentement populaire |
Coalition large | Stabilité fragile, compromis difficiles |
Un Bilan Contrasté
Un an après la dissolution, le bilan est mitigé. Si le président a réussi à maintenir une présence forte à l’international, son influence sur la scène nationale s’est érodée. Les Français, confrontés à une instabilité chronique, expriment un désenchantement croissant.
Pourtant, le chef de l’État ne semble pas prêt à changer de cap. « Il assume, car il croit encore en sa vision », note un proche. Reste à savoir si cette détermination suffira à redonner un souffle à son mandat, ou si elle accentuera les fractures d’un pays en quête de stabilité.
En définitive, la dissolution de 2024 restera comme un moment clé de ce quinquennat. Elle a révélé la capacité du président à prendre des risques, mais aussi les limites d’une stratégie qui, pour l’heure, n’a pas porté les fruits escomptés. L’avenir dira si ce pari audacieux était une erreur ou un mal nécessaire.