Culture

Paris Perd Ses Cinémas : La Fin du Miramar

Le Miramar, cinéma emblématique de Paris, ferme ses portes. Quelle est l’histoire de ce lieu mythique et que devient le cinéma parisien ? Lisez pour le découvrir...

Paris, ville lumière, capitale du cinéma, perd peu à peu ses écrans mythiques. En juin 2025, une nouvelle page se tourne avec la fermeture définitive du Miramar, une salle légendaire du quartier Montparnasse. Pourquoi ces lieux emblématiques disparaissent-ils les uns après les autres ? Plongeons dans l’histoire du Miramar, les défis des cinémas parisiens et les enjeux culturels qui en découlent.

Une vague de fermetures qui secoue Paris

Le cinéma Miramar, situé place du 18-Juin à Montparnasse, éteindra ses projecteurs le 9 juin 2025. Cette fermeture s’inscrit dans une série de disparitions qui ébranlent le paysage cinématographique parisien. Après le Bienvenue Montparnasse en 2012, le Mistral en 2016, et plus récemment le Bretagne en 2023, c’est au tour de cette salle emblématique de tirer sa révérence. Ces lieux, qui ont marqué des générations de cinéphiles, semblent victimes d’un cocktail de facteurs : désaffection du public, coûts d’entretien élevés et pressions immobilières.

Paris reste pourtant la ville avec le plus grand nombre de salles de cinéma au monde. Mais pour combien de temps ? La question taraude les amoureux du 7e art, qui assistent, impuissants, à l’érosion d’un patrimoine culturel unique. Le Miramar, avec son décor des années 70 et ses portes vitrées vieillissantes, n’a pas su attirer un public suffisant pour survivre.

L’histoire glorieuse du Miramar

Inauguré en 1938, le Miramar a vu défiler des chefs-d’œuvre du cinéma mondial. Dès son ouverture, il projette Marie Walewska avec Greta Garbo, marquant le début d’une programmation prestigieuse. Des films comme Diamants sur canapé, Lawrence d’Arabie ou encore La Piscine ont illuminé son écran, attirant des foules dans une salle majestueuse dotée d’un balcon et d’une capacité de 1 000 places.

Ce cinéma doit son existence à Joseph Rytmann, surnommé l’Empereur de Montparnasse. D’origine biélorusse, cet entrepreneur visionnaire a fui les pogroms pour s’installer à Paris dans les années 1920. Après avoir travaillé dans le commerce du bois et du textile, il se tourne vers l’exploitation cinématographique, un secteur en plein essor avant la Seconde Guerre mondiale. En 1933, il acquiert une première salle à Alésia, avant de poser son empreinte à Montparnasse avec le Miramar en 1938.

« Le Miramar, c’était une salle majestueuse, un lieu où l’on venait autant pour le film que pour l’ambiance. »

Axel Huyghe, historien des salles de cinéma

Sous l’Occupation, Rytmann, de confession juive, est spolié de ses cinémas et doit se réfugier en zone libre. À la Libération, il lutte pour récupérer ses salles, avant de connaître un âge d’or pendant les Trente Glorieuses. Montparnasse devient alors un haut lieu du cinéma parisien, rivalisant avec les Champs-Élysées.

Pourquoi le Miramar ferme-t-il ?

Le Miramar, malgré son passé glorieux, souffrait d’un manque de modernité. Avec ses fauteuils usés et son décor figé dans les années 70, il peinait à rivaliser avec les multiplexes modernes. À quelques pas, le Pathé Parnasse, rénové en 2022, s’est imposé comme une destination premium, avec des tarifs atteignant 19,50 euros pour une expérience haut de gamme. Le Miramar, lui, n’a pas bénéficié des mêmes investissements, devenant le parent pauvre du quartier.

La situation immobilière a également joué un rôle clé. Le Miramar et le Pathé Parnasse, bien que voisins, appartiennent à des copropriétés distinctes. Les propriétaires n’ont jamais autorisé une fusion des deux espaces, limitant les possibilités de modernisation. De plus, la fréquentation en berne, accentuée par une offre de films moins attractive ces dernières années, a scellé le sort du cinéma.

Les raisons de la fermeture en bref :

  • Manque de modernisation : décor vieillot, installations obsolètes.
  • Concurrence : multiplexes modernes à proximité.
  • Pression immobilière : contraintes des copropriétés.
  • Chute de fréquentation : moins de spectateurs, films moins attractifs.

Le Pathé Parnasse : un contraste frappant

À l’opposé du Miramar, le Pathé Parnasse incarne le cinéma du futur. Rénové pour offrir un confort optimal, il mise sur une expérience premium : fauteuils spacieux, écrans géants et technologies de pointe. Pourtant, ce cinéma n’échappe pas aux critiques. Son accessibilité reste problématique pour les personnes à mobilité réduite, avec un ascenseur unique et des salles difficilement accessibles. De plus, les tarifs élevés (jusqu’à 19,50 euros) rebutent certains spectateurs.

Le Pathé Parnasse illustre une tendance plus large : les cinémas parisiens se divisent entre des lieux historiques en difficulté et des multiplexes modernes qui peinent à séduire un public large. Cette polarisation met en lumière les défis auxquels est confrontée l’industrie du cinéma dans la capitale.

Un patrimoine culturel en danger

La fermeture du Miramar soulève une question cruciale : que devient le patrimoine cinématographique parisien ? Chaque salle qui disparaît emporte avec elle une partie de l’histoire de la ville. Montparnasse, autrefois un bastion du cinéma, perd peu à peu son identité. Les cinéphiles s’inquiètent : Paris restera-t-elle la capitale mondiale des salles obscures ?

Les autorités locales, bien qu’interpellées, n’ont pas encore réagi. La mairie n’a pas exercé son droit de préemption sur le Miramar, faute de moyens ou de volonté politique. Pourtant, préserver ces lieux pourrait revitaliser le quartier et renforcer l’attractivité culturelle de la ville.

« Perdre un cinéma, c’est perdre un morceau de l’âme d’un quartier. »

Un cinéphile anonyme

Les défis de l’industrie cinématographique

La crise des cinémas parisiens ne se limite pas à Montparnasse. Partout dans la ville, les salles font face à des défis structurels. La concurrence des plateformes de streaming, la hausse des loyers et la baisse de fréquentation post-Covid pèsent lourd. À cela s’ajoute une programmation parfois moins audacieuse, avec moins de films capables de fédérer un large public.

Les exploitants, eux, doivent jongler avec des coûts croissants. Moderniser une salle représente un investissement colossal, souvent impossible sans le soutien des collectivités. Pourtant, certains cinémas indépendants, comme ceux du Quartier Latin, parviennent à tirer leur épingle du jeu en misant sur une programmation pointue et une ambiance unique.

Défi Impact
Concurrence des plateformes Baisse de fréquentation des salles
Hausse des loyers Pressions immobilières sur les cinémas
Coûts de modernisation Investissements inaccessibles pour certains
Programmation moins attractive Moins de films fédérateurs

Quel avenir pour les cinémas parisiens ?

L’avenir des cinémas parisiens repose sur un équilibre délicat. D’un côté, les exploitants doivent innover pour attirer un public plus jeune, habitué aux expériences immersives et aux technologies modernes. De l’autre, il est crucial de préserver l’âme des salles historiques, qui font partie intégrante du patrimoine de la ville.

Des initiatives existent déjà. Certains cinémas misent sur des événements spéciaux, comme des avant-premières ou des projections accompagnées de débats. D’autres explorent des concepts hybrides, mêlant cinéma, restauration et espaces culturels. Mais sans un soutien politique et financier, ces efforts risquent de rester insuffisants.

Le cas du Miramar illustre une vérité brutale : sans investissements, même les lieux les plus emblématiques peuvent disparaître. La question est désormais de savoir si Paris saura préserver son statut de capitale mondiale du cinéma, ou si d’autres villes, comme Londres ou New York, prendront le relais.

Montparnasse, un quartier en mutation

Montparnasse, autrefois synonyme de cinéma, est en pleine transformation. La fermeture du Miramar s’ajoute à celle du Bretagne, transformé en magasin de sport. Ces changements reflètent une réalité plus large : le quartier, historiquement culturel, cède du terrain aux commerces et aux bureaux. Pourtant, Montparnasse reste un lieu chargé d’histoire, où des figures comme Joseph Rytmann ont façonné l’identité cinématographique de Paris.

Que deviendra le Miramar ? Pour l’instant, le mystère plane. Les contraintes immobilières rendent une reconversion en théâtre ou en autre lieu culturel difficile. Une chose est sûre : chaque fermeture est une perte pour les Parisiens et pour l’âme du quartier.

Un appel à l’action

Face à cette vague de fermetures, il est urgent d’agir. Les cinéphiles, les exploitants et les décideurs politiques doivent s’unir pour préserver ce patrimoine. Des subventions pour la rénovation des salles, des incitations fiscales pour les exploitants ou encore des campagnes pour ramener le public au cinéma pourraient faire la différence.

En attendant, chaque fermeture nous rappelle l’importance de fréquenter les salles obscures. Car un cinéma, ce n’est pas seulement un écran : c’est un lieu de partage, de rêves et d’émotions. Alors, la prochaine fois que vous hésitez entre Netflix et une séance au cinéma, choisissez l’écran géant. Vous pourriez contribuer à sauver un morceau d’histoire.

Comment soutenir les cinémas parisiens ?

Quelques idées pour redonner vie aux salles :

  • Fréquenter les cinémas indépendants.
  • Participer à des événements spéciaux (avant-premières, débats).
  • Soutenir les initiatives locales pour préserver les salles historiques.
  • Encourager les collectivités à investir dans la culture.
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