Alors que la Nouvelle-Calédonie est secouée par une crise sans précédent, avec des émeutes qui ont paralysé le territoire, une position inattendue se dessine du côté de l’Australie : la neutralité. Pourtant voisine directe et ancienne active dans le dossier calédonien, Canberra semble jouer la carte de la réserve dans ce moment crucial. Quels sont les ressorts de ce positionnement ?
Un Passé Tumultueux entre Paris et Canberra
Pour comprendre la posture actuelle de l’Australie, un détour par l’histoire s’impose. Les relations entre la France et l’Australie autour de la question calédonienne ont connu des hauts et des bas. Dans les années 80, au plus fort des « événements » qui ont secoué l’archipel, Canberra ne cachait pas son soutien aux indépendantistes. Une position motivée par le contexte régional de décolonisation et la condamnation des essais nucléaires français dans le Pacifique.
Il y avait des manifestations, les restaurants français étaient boycottés et, en 1995, le consulat français à Perth a été incendié.
– Denise Fisher, ancienne consule d’Australie à Nouméa
Un Rapprochement Prudent ces Dernières Années
Mais les temps ont changé. Avec la montée des enjeux sécuritaires dans la région Pacifique, Paris et Canberra ont entamé un rapprochement stratégique. La France, puissance riveraine grâce à ses territoires, est devenue un partenaire clé. Et sur le dossier calédonien, l’Australie a progressivement adopté une position plus en retrait, appelant au dialogue entre toutes les parties.
La Neutralité, un Choix Tactique ?
Aujourd’hui, alors que l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie est plus que jamais en suspens, « Canberra souhaite que la France continue à jouer un rôle constructif dans le Pacifique », selon Denise Fisher. Une manière de ne pas froisser Paris tout en ménageant les sensibilités indépendantistes. Car l’Australie a tout intérêt à ce que la situation se stabilise, pour préserver ses propres intérêts dans la région.
- Un équilibre géopolitique fragile dans le Pacifique
- La France, un partenaire stratégique à ne pas brusquer
- Une volonté de ne pas attiser les tensions en Nouvelle-Calédonie
Quel Rôle pour l’Australie dans la Sortie de Crise ?
Reste à savoir si cette neutralité de façade résistera à l’aggravation potentielle de la situation. L’Australie pourrait être tentée de peser plus activement, en coulisses, pour favoriser une issue pacifique. Son expérience du Pacifique et ses liens avec les différentes communautés calédoniennes en font un médiateur crédible. Mais au risque de contrarier la France et de rompre le fragile équilibre actuel.
En attendant, c’est un quasi statu quo qui prévaut côté australien. Une prudence dictée par les enjeux géostratégiques, mais qui pourrait devenir intenable si la crise calédonienne devait s’enliser. L’Australie sera alors confrontée à un choix : maintenir sa réserve ou endosser un rôle plus actif, avec tous les risques diplomatiques que cela comporte. L’avenir de la Nouvelle-Calédonie pourrait bien se jouer aussi à Canberra.
