Société

Marseille : L’Affaire de l’Imam Ismaïl Jugée

L’imam Ismaïl condamné à Marseille pour un retweet controversé. Quelles sont les implications de ce jugement ? Cliquez pour découvrir la suite...

Dans les ruelles animées des quartiers nord de Marseille, une affaire judiciaire a secoué la communauté locale et au-delà. Un imam connu sous le nom d’Ismaïl, figure influente et controversée, a été au cœur d’un procès retentissant. Accusé d’apologie du terrorisme pour des publications sur les réseaux sociaux, cet homme de foi a attiré l’attention des autorités et des médias. Mais qui est vraiment cet imam, et pourquoi son cas divise-t-il autant ? Plongeons dans les méandres de cette affaire qui mêle religion, liberté d’expression et tensions sociétales.

Un Procès sous Haute Tension à Marseille

Le 30 mai 2025, le tribunal correctionnel de Marseille a rendu son verdict dans une affaire qui a captivé l’opinion publique. Smaïn Bendjilali, plus connu sous le pseudonyme d’Imam Ismaïl, a été condamné à six mois de prison avec sursis et à une amende de 2 000 euros. L’accusation ? Avoir partagé sur son compte X, suivi par des milliers de personnes, une vidéo accompagnée d’un commentaire qualifiant l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 de « légitime défense ». Ce jugement, bien que partiellement clément, a ravivé les débats sur la liberté d’expression et les limites du discours religieux dans une société laïque.

Les Faits : Un Retweet Controversé

L’affaire a débuté en juillet 2024, lorsque l’imam a republié une vidéo tirée d’une interview d’un essayiste controversé. Dans cette vidéo, l’attaque du 7 octobre 2023, qui a causé plus de 1 200 morts en Israël, était qualifiée de « légitime défense ». Ce choix de mot, perçu comme une justification d’un acte terroriste, a immédiatement attiré l’attention des autorités. Lors du procès, l’imam a défendu son geste en affirmant que « relayer une information ne signifie pas y adhérer ». Mais pour la procureure, cette publication, venant d’une figure influente auprès d’un public jeune, portait un message dangereux.

« Lorsqu’on relaie de telles informations, on participe et on adhère à cette idée-là. Dans une société fracturée, un guide spirituel a une responsabilité accrue. »

La procureure lors de l’audience

Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet pour la peine de prison avec sursis et l’amende, mais a rejeté l’interdiction définitive d’exercer comme imam, permettant ainsi à Smaïn Bendjilali de reprendre ses prêches dès le jour du jugement.

Un Contexte de Tensions Administratives

Ce procès ne s’est pas déroulé dans un vide juridique. L’été 2024 a été marqué par un bras de fer entre la mosquée des Bleuets, située dans le XIIIe arrondissement de Marseille, et les autorités. Le préfet de police des Bouches-du-Rhône avait initié une procédure de fermeture administrative de ce lieu de culte, accusant l’imam de promouvoir une vision fondamentaliste de l’islam. Parmi les griefs : des propos légitimant le djihad, la charia et des discours discriminatoires envers les femmes, incluant la reconnaissance du droit à la polygamie et des déclarations controversées sur les relations conjugales.

Face à cette menace, l’association gérant la mosquée et l’imam ont proposé des mesures correctives, comme la suppression des publications litigieuses et l’inscription de l’imam à un diplôme universitaire sur la laïcité et les valeurs de la République. Ces efforts ont permis de suspendre la procédure de fermeture, mais n’ont pas empêché le procès pour apologie du terrorisme.

Une Figure Populaire et Contestée

Smaïn Bendjilali, âgé de 43 ans, est une figure bien connue dans les quartiers nord de Marseille. Surnommé l’Imam Ismaïl, il s’est imposé comme un leader spirituel auprès d’une communauté jeune, grâce à une présence marquée sur les réseaux sociaux. Avec plus de 11 000 abonnés sur X, ses messages touchent un large public, ce qui amplifie la portée de ses publications. Cependant, cette popularité est à double tranchant : elle attire autant les soutiens fervents que les critiques acerbes.

Lors de son procès, un comité de soutien impressionnant s’est rassemblé devant le tribunal, témoignant de l’impact de l’imam dans sa communauté. Parmi eux, des figures religieuses, dont un rabbin local, ont pris sa défense, soulignant son engagement dans le dialogue interreligieux. Pourtant, les autorités le surveillent depuis des années, l’accusant de promouvoir des idées radicales sous couvert de discours religieux.

Les Accusations de Fondamentalisme

Outre l’accusation principale d’apologie du terrorisme, l’imam a été pointé du doigt pour des propos jugés discriminatoires. Les autorités ont relevé des déclarations où il aurait défendu la polygamie et minimisé le consentement dans les relations conjugales, qualifiant par exemple le regard des femmes de « flèche empoisonnée du diable ». Ces prises de position, bien que prononcées dans un cadre religieux, ont été perçues comme contraires aux valeurs républicaines, notamment en matière d’égalité des genres.

Les points clés des accusations :

  • Retweet d’une vidéo justifiant l’attaque du 7 octobre 2023.
  • Propos sur la polygamie et le rôle des femmes dans le mariage.
  • Discours perçus comme légitimant le djihad et la charia.
  • Influence notable sur un public jeune via les réseaux sociaux.

Ces accusations ont renforcé la méfiance des autorités envers l’imam, qui a été décrit dans un rapport récent comme une figure influente, proche de courants fondamentalistes. Ce document, commandé par le gouvernement, souligne l’impact de la mosquée des Bleuets dans les quartiers nord, où elle est devenue un point de référence pour de nombreux jeunes.

Un Débat sur la Liberté d’Expression

Le procès de l’Imam Ismaïl soulève une question cruciale : où se situe la frontière entre la liberté d’expression et l’apologie du terrorisme ? Pour la défense, représentée par l’avocat Sefen Guez Guez, ce jugement reflète une volonté politique de museler une voix dissidente. L’avocat a dénoncé une « chasse aux sorcières », suggérant que les accusations étaient motivées par des pressions administratives visant à fermer la mosquée.

« Ce n’est pas un acte d’apologie, mais un simple relais d’information. Condamner pour un retweet est une atteinte à la liberté d’expression. »

L’avocat de l’imam

Pourtant, la procureure a insisté sur la responsabilité de l’imam en tant que guide spirituel. Dans un contexte de tensions sociales, relayer des contenus controversés peut avoir des conséquences graves, surtout lorsque l’auteur dispose d’une audience conséquente. Ce débat illustre les défis auxquels la France est confrontée dans la gestion des discours religieux à l’ère des réseaux sociaux.

La Mosquée des Bleuets : Un Lieu sous Surveillance

La mosquée des Bleuets, située dans une ancienne galerie marchande, est bien plus qu’un simple lieu de culte. Elle joue un rôle social important, offrant un espace de rassemblement pour environ 300 à 350 fidèles chaque vendredi. Cependant, son influence croissante et les prises de position de son imam ont attiré l’attention des autorités, qui y voient un possible foyer de radicalisation.

En août 2024, la menace de fermeture administrative a provoqué une mobilisation massive des fidèles. Des manifestations de soutien à l’imam ont eu lieu, et des mesures ont été prises pour apaiser les tensions, comme l’affiliation de la mosquée au Conseil départemental du culte musulman. Malgré ces efforts, le procès a ravivé les craintes d’une stigmatisation de la communauté musulmane locale.

Les Réactions et l’Avenir de l’Imam

À la sortie du tribunal, Smaïn Bendjilali s’est exprimé avec assurance, annonçant son retour immédiat aux prêches avec « fierté ». Cette déclaration a surpris, dans un contexte où il suit une formation sur la laïcité pour répondre aux exigences des autorités. Son avocat, tout en saluant une « relaxe partielle » pour la seconde accusation, n’a pas exclu de faire appel, dénonçant une condamnation motivée par des pressions politiques.

La communauté des fidèles reste divisée. Certains y voient une injustice, estimant que l’imam est ciblé pour ses opinions, tandis que d’autres s’inquiètent de l’impact de ses propos sur les jeunes générations. Ce cas met en lumière les tensions entre la liberté religieuse, la liberté d’expression et la lutte contre l’extrémisme dans une société française en quête d’équilibre.

Aspect Détails
Peine prononcée 6 mois de prison avec sursis, 2 000 € d’amende, 5 ans d’interdiction des droits civiques
Accusation principale Retweet d’une vidéo qualifiant l’attaque du 7 octobre de « légitime défense »
Mesures correctives Suppression des publications, formation sur la laïcité, affiliation au Conseil du culte musulman

Un Cas Révélateur des Enjeux Sociétaux

L’affaire de l’Imam Ismaïl dépasse le cadre d’un simple procès. Elle illustre les défis auxquels la France est confrontée dans sa lutte contre l’extrémisme tout en préservant les libertés fondamentales. La popularité de l’imam sur les réseaux sociaux, combinée à ses prises de position controversées, soulève des questions sur le rôle des leaders religieux dans une société numérique. Comment encadrer les discours sans tomber dans la censure ? Comment concilier laïcité et liberté religieuse ?

Ce jugement, bien que limité à une peine avec sursis, pourrait avoir des répercussions durables. Pour certains, il représente une victoire dans la lutte contre les discours extrémistes. Pour d’autres, il symbolise une restriction excessive des libertés individuelles. Une chose est sûre : l’affaire de la mosquée des Bleuets continuera de faire débat, à Marseille et au-delà.

En attendant, Smaïn Bendjilali poursuit sa formation sur la laïcité, tout en reprenant ses activités religieuses. Son cas reste un symbole des tensions entre foi, politique et société dans une France en pleine mutation. Alors que les regards se tournent vers l’avenir, une question demeure : ce verdict apaisera-t-il les tensions, ou ouvrira-t-il la voie à de nouveaux conflits ?

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