À moins d’un an des élections législatives de 2024, la question agite tous les états-majors politiques : à quoi ressemblera la future Assemblée nationale ? Selon un sondage exclusif Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI et Sud Radio, dont les projections en sièges sont dévoilées ce vendredi, le prochain hémicycle pourrait bien se révéler ingouvernable, sans majorité claire.
Le RN en tête, la gauche le talonne
Créditée de 35% des intentions de vote, l’extrême droite menée par le Rassemblement national arriverait en tête, sans décrocher pour autant de majorité absolue. Le parti de Jordan Bardella obtiendrait entre 200 et 250 sièges, loin des 289 requis. Juste derrière, la gauche unie autour de la Nupes de Jean-Luc Mélenchon, forte de 30% des voix, glanerait entre 180 et 200 élus.
Renaissance en fort recul
La majorité sortante, elle, subirait un lourd revers. Avec seulement 22% des suffrages, les macronistes verraient leur nombre de députés chuter à une centaine, contre 250 actuellement. Un camouflet pour le camp présidentiel, qui écarterait tout espoir d’une majorité absolue ou même relative pour le parti Renaissance.
La prochaine Assemblée nationale sera probablement ingouvernable, sans qu’aucun camp ne l’emporte clairement.
– Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop
Vers une cohabitation inédite ?
Dans une telle configuration, où aucune force politique ne détiendrait seule les clés du Palais Bourbon, la question d’une cohabitation se poserait. Mais avec quel Premier ministre et quelle majorité ? L’hypothèse d’une alliance contre-nature entre la gauche radicale et le RN, un temps évoquée, semble peu crédible. Tout comme un gouvernement minoritaire, qui devrait composer au cas par cas.
Une chose est sûre : les tractations et marchandages seraient légion dans l’hémicycle, paralysant l’action du gouvernement. Emmanuel Macron, réélu en 2022, n’aurait alors guère de marge de manœuvre pendant la deuxième partie de son quinquennat. À moins d’un sursaut, d’ici le scrutin, du côté des électeurs macronistes, qui ne se sont pas encore pleinement mobilisés selon l’Ifop.
Bien sûr, il ne s’agit là que de projections à près d’un an du scrutin, réalisées qui plus est sur la base d’un sondage national. Elles donnent néanmoins une image saisissante du séisme politique qui pourrait se profiler en 2024. Avec, en toile de fond, le spectre d’une Assemblée morcelée et paralysée, sur fond de poussée des populismes. De quoi nourrir bien des inquiétudes sur la gouvernabilité du pays.