Marseille, deuxième ville de France, se retrouve une fois de plus au cœur des turbulences politiques à l’approche des élections législatives anticipées. Malgré l’appel à l’unité lancé par les dirigeants nationaux des partis de gauche, les plaies d’anciennes rivalités semblent loin d’être refermées sur les rives de la Méditerranée. Derrière les sourires de circonstance et les embrassades devant les objectifs, les luttes d’influence et les rancœurs personnelles menacent la fragile alliance du Nouveau Front populaire marseillais.
Une union de façade mise à mal par les ambitions locales
Le déplacement de Raphaël Glucksmann, figure montante de la gauche, dans la cité phocéenne ce mercredi, se voulait un symbole fort de la mobilisation générale en vue des prochaines échéances électorales. Aux côtés de Benoît Payan, maire divers gauche de la ville, l’eurodéputé est venu apporter son soutien à deux candidats locaux : Laurent Lhardit et Pascaline Lecorché, investis respectivement dans la 2ème et la 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône.
Mais derrière cette démonstration d’unité, les fractures restent béantes. Car si Glucksmann a fait le déplacement, certains ténors locaux de la gauche ont quant à eux brillé par leur absence. Une défection loin d’être anodine et qui témoigne des tensions qui traversent le camp progressiste marseillais. Des élus proches de Jean-Luc Mélenchon, dont les relations avec Payan sont notoirement compliquées, auraient ainsi décliné l’invitation, préférant mener campagne dans leur coin.
Des investitures qui ne font pas l’unanimité
Au cœur de la discorde, les investitures accordées par les instances nationales ne font clairement pas l’unanimité. Si les candidatures de Lhardit et Lecorché ont reçu l’onction parisienne, elles sont loin de susciter l’enthousiasme sur le terrain. Pire, certains y voient un désaveu des dynamiques unitaires à l’œuvre depuis plusieurs mois, incarnées notamment par le Printemps Marseillais, coalition de gauche qui a conquis la mairie en 2020.
On nous impose des parachutés, des gens hors-sol, qui ne sont pas légitimes. C’est un manque de respect pour le travail de terrain que nous menons.
déplore un élu insoumis sous couvert d’anonymat
Des propos qui font écho aux réserves exprimées par certains cadres socialistes historiques, irrités de se voir court-circuités au profit de figures jugées plus consensuelles mais moins implantées. Une fronde interne qui menace de parasiter la campagne et de disperser les voix de gauche au moment où celle-ci entend justement resserrer les rangs face à la poussée du Rassemblement National.
L’ombre du RN et les défis de la mobilisation populaire
Car l’extrême-droite compte bien profiter de ces divisions pour s’engouffrer dans la brèche et rafler la mise dans plusieurs circonscriptions de la ville. Un scénario noir que les états-majors de gauche espèrent conjurer en appelant à un sursaut collectif et à un vote utile barrant la route à la candidate du RN. Mais sur le terrain, la mayonnaise semble peiner à prendre, notamment dans les quartiers populaires où l’abstention risque une fois de plus d’être massive.
Benoît Payan et les siens ont donc un défi de taille : remotiver des électeurs largement désabusés tout en colmatant les brèches d’un front de gauche qui part en ordre dispersé. Le tout avec en toile de fond, la gestion d’une ville minée par les inégalités sociales, les trafics et une crise du logement endémique. Des urgences du quotidien qui pèseront lourd dans les urnes et qui pourraient bien rebattre les cartes d’un scrutin à haut risque pour la gauche marseillaise. Les prochaines semaines s’annoncent décisives et riches en rebondissements dans la cité phocéenne.
