À l’approche des élections législatives, le projet fiscal du Nouveau Front Populaire fait grand bruit. Au cœur des débats : la promesse d’instaurer un ISF « renforcé » dès 2024 pour récupérer pas moins de 15 milliards d’euros. Une manne financière significative censée financer une batterie de mesures sociales.
Les contours du nouvel ISF
Supprimé en 2018 par Emmanuel Macron, l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pourrait donc faire son grand retour, mais sous une forme revisitée. Le Nouveau Front Populaire entend en effet lui adjoindre « une composante climatique ».
Concrètement, les taux marginaux seraient augmentés et l’assiette élargie pour gonfler les recettes. Selon les calculs de l’économiste Julia Cagé, proche de la coalition de gauche, ce lifting fiscal rapporterait jusqu’à 13 milliards d’euros par an, contre 5 milliards pour l’ancien ISF.
Un impôt au rendement en question
Si l’objectif affiché est de faire davantage contribuer les plus riches, la pertinence d’un tel outil fiscal ne fait pas l’unanimité chez les experts. Avant sa suppression, certains dénonçaient déjà le faible rendement de l’ISF au regard du budget de l’État.
L’ISF ne rapportait qu’une somme limitée, de l’ordre de 5 milliards d’euros annuels. Son effet sur l’investissement et la consommation était contesté.
Cour des Comptes
Ses détracteurs pointaient aussi son impact supposé néfaste sur l’attractivité du pays et le risque accru d’exil fiscal. Des arguments balayés par la gauche, qui met en avant l’impératif de justice sociale et de réduction des inégalités.
Taxer les entreprises et les successions
Pour compléter le tour de vis fiscal sur les ménages fortunés, le Nouveau Front Populaire compte aussi imposer davantage les « superprofits » des grandes entreprises et alourdir les droits de succession.
L’objectif : récolter 30 milliards supplémentaires pour financer des mesures comme la hausse du SMIC, le blocage des prix ou l’abrogation de la réforme des retraites. Selon les leaders de la coalition, ces hausses d’impôts ne concerneraient que 8% des Français les plus aisés.
Un débat qui promet d’être animé
Alors que la campagne des législatives bat son plein, la proposition d’un ISF new look ne manquera pas de crisper le débat entre les différentes forces politiques. La majorité présidentielle et la droite crient au « matraquage fiscal » quand la gauche défend une redistribution accrue des richesses.
Une chose est sûre : la question de la fiscalité des plus riches et de son degré d’acceptabilité sera l’un des enjeux majeurs du prochain quinquennat. Verdict des urnes dans quelques semaines.