Tandis que le Rassemblement National a triomphé au premier tour des élections législatives dans la quasi-totalité de l’Hexagone, les Hauts-de-Seine et les Yvelines, dans l’Ouest parisien, semblent mieux résister à la vague bleu marine. Un répit relatif mais précieux pour les députés sortants de la majorité présidentielle, qui se battent pour conserver leur siège à l’Assemblée. Une mission ardue tant la dynamique électorale a basculé en faveur de Marine Le Pen et ses troupes.
Une campagne de terrain intensive pour les macronistes
Dès l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron, les parlementaires Renaissance se sont lancés dans une campagne de proximité sans relâche. Comme Marie Lebec, députée sortante de la 4ème circonscription des Yvelines et ministre des Relations avec le Parlement. Équipée de son plan de la ville et chaussée de baskets, elle arpente les rues d’Houilles pour un porte-à-porte intensif. « Ça ne se passe pas trop mal, on est clairement sur un territoire qui est en soutien du président », veut-elle croire.
On en oublierait presque qu’elle est encore ministre.
– John Timsit, journaliste
Ses collègues Céline Calvez dans les Hauts-de-Seine et Maud Bregeon dans les Yvelines mènent le même combat, conscientes que chaque voix comptera dans ce scrutin incertain.
L’Ouest parisien, un bastion macroniste fragilisé
Car si les circonscriptions huppées des Hauts-de-Seine et des Yvelines ont davantage résisté à la poussée du RN que le reste du pays, la macronie n’en est pas moins menacée. La majorité présidentielle est arrivée en tête au premier tour, mais avec des scores en net retrait par rapport à 2022. Un avertissement cinglant pour les députés sortants.
- Dans les Hauts-de-Seine, LREM obtient 28% contre 34% en 2022
- Dans les Yvelines, le parti du président récolte 27%, en baisse de 6 points
Des résultats qui présagent d’un second tour très disputé face aux candidats RN en embuscade. Pour l’emporter, les macronistes devront convaincre au-delà de leur socle habituel, et en particulier les électeurs de gauche tentés par le « front républicain » anti-RN.
Le pari risqué du « front républicain »
Mais cet appel du pied aux électeurs de gauche n’est pas sans risque pour la majorité. En durcissant le ton contre l’extrême droite, les candidats Renaissance prennent le risque de s’effacer derrière l’enjeu du barrage au RN. Une stratégie qui a montré ses limites à la présidentielle.
Le « front républicain » a du plomb dans l’aile. Une partie des électeurs de gauche refusent ce chantage.
– Un stratège macroniste
Surtout, les candidats de la majorité risquent de se retrouver pris en tenailles entre le RN et la NUPES, qui a réalisé une percée dans plusieurs circonscriptions. Un scénario cauchemardesque qui pourrait faire perdre des sièges, y compris dans les bastions historiques de l’Ouest parisien.
Vers une Assemblée ingouvernable ?
Car au-delà de ces duels locaux, c’est bien l’avenir de la majorité présidentielle qui se joue lors de ce scrutin. Si les macronistes perdent trop de plumes, y compris dans leurs fiefs, le spectre d’une Assemblée ingouvernable se profile. Un cauchemar pour l’exécutif, qui a besoin d’une majorité solide pour faire voter ses réformes.
Alors les députés de l’Ouest parisien se battent comme si leur survie en dépendait. Avec l’espoir d’endiguer la vague RN et de sauver les meubles au soir du 27 juin. Un défi immense à l’heure où le dégagisme atteint des sommets.