Les rues de Mulhouse bourdonnent d’une énergie nouvelle. Quelques jours après l’annonce fracassante de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, l’heure est à la mobilisation électorale. Un contraste saisissant avec l’apathie qui régnait il y a encore deux semaines, lors des élections européennes, où plus de la moitié de la population mulhousienne n’avait pas daigné se rendre aux urnes.
L’abstention record aux européennes, un mauvais souvenir
Le 9 juin dernier, 55% des électeurs de Mulhouse avaient boudé les urnes pour les élections européennes, dépassant largement la moyenne nationale déjà élevée. Une abstention massive qui témoignait du désintérêt, voire de la défiance, d’une grande partie de la population envers les enjeux européens et la classe politique en général.
On n’y comprenait pas grand-chose à l’Europe, tout ça… Là, on sait que ça peut être grave.
– Kamel, ouvrier en bâtiment
La dissolution, un électrochoc politique
Mais tout a changé avec la décision surprise d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. Pour beaucoup, c’est un véritable électrochoc politique qui les pousse à reconsidérer leur rapport au vote.
Frédéric et Kamel, deux amis ouvriers en bâtiment, l’admettent sans détour : s’ils n’ont pas voté aux européennes, ils comptent bien cette fois-ci glisser un bulletin dans l’urne pour les législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet. Car l’enjeu n’est plus le même.
Les législatives, un enjeu crucial
Dans cette ville historiquement ouvrière et industrielle, durement touchée par les crises successives, les législatives apparaissent comme une occasion de faire entendre sa voix. De peser sur les orientations politiques nationales, à un moment charnière.
Beaucoup ont encore en tête le souvenir cuisant des “gilets jaunes”, de la contestation sociale, des grèves contre la réforme des retraites. Autant de mouvements qui ont profondément marqué la ville ces dernières années et qui poussent aujourd’hui à une forme de réappropriation du vote.
Une jeunesse prête à se mobiliser
Cette envie de participer au scrutin législatif est particulièrement palpable chez les jeunes mulhousiens, pourtant souvent pointés du doigt pour leur abstentionnisme. Dans les cafés, les associations, les lieux de vie étudiants, les discussions politiques vont bon train.
C’est notre avenir qui se joue. On ne peut pas laisser les autres décider pour nous.
– Inès, étudiante en sciences politiques
Une prise de conscience qui se traduit par des initiatives citoyennes : débats, rencontres avec les candidats, opérations de sensibilisation au vote… La jeunesse mulhousienne entend bien peser dans la balance.
Vers une participation record ?
Si la tendance se confirme, Mulhouse pourrait bien connaître un taux de participation record pour ces législatives anticipées. Un sursaut démocratique salutaire, après des années de désenchantement politique.
Reste à savoir si cette mobilisation se traduira dans les urnes et, surtout, quels en seront les résultats. Car au-delà de la participation, c’est bien le choix des électeurs qui déterminera l’avenir politique du pays pour les années à venir.
Une chose est sûre : à Mulhouse comme ailleurs, ces législatives s’annoncent cruciales et passionnantes. Et nul doute que les citoyens, abstentionnistes repentis en tête, entendent bien y jouer un rôle clé.
