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Le Niger prive la France d’une importante mine d’uranium

Coup dur pour Orano et la France. Le Niger retire le permis d'exploitation d'une grande mine d'uranium, compromettant l'approvisionnement du parc nucléaire français. Un nouveau défi géopolitique et énergétique s'annonce pour Paris dans un contexte déjà tendu au Sahel...

C’est un revers majeur pour le groupe français Orano et plus largement pour la politique énergétique de la France. Les autorités du Niger viennent en effet de retirer le permis d’exploitation de l’importante mine d’uranium d’Imouraren, dans le nord du pays, à la filiale locale d’Orano. Une décision lourde de conséquences alors que le site venait de redémarrer son activité après des mois d’interruption.

Imouraren n’est pas un gisement anodin. Lorsqu’il sera pleinement opérationnel, il devrait produire 5000 tonnes d’uranium par an pendant 35 ans, faisant du Niger le 2ème producteur mondial. Un potentiel crucial pour Orano qui réalise 15% de sa production dans le pays, et plus globalement pour la France, dont l’électricité repose à 70% sur le nucléaire. Avec cette décision, c’est donc tout un pan de la stratégie énergétique française qui vacille.

Une relation de plus en plus tendue

Si les autorités nigériennes justifient leur décision par le non-respect des délais de mise en exploitation par Orano, beaucoup y voient surtout un nouveau signe de la dégradation des relations entre Paris et Niamey. Depuis le coup d’État militaire du 26 juillet 2023 au Niger, la junte au pouvoir multiplie les gestes de défiance envers l’ancienne puissance coloniale.

Fermeture de l’espace aérien aux vols militaires français, remise en cause des accords de défense, expulsion de l’ambassadeur de France… Les signaux négatifs se multiplient. Et l’uranium, ressource stratégique s’il en est, constitue un levier de pression majeur pour Niamey.

Vers une judiciarisation du conflit

Du côté d’Orano, on juge la décision “incompréhensible” alors que le groupe dit avoir satisfait à toutes les demandes pour relancer le projet. Un sentiment d’injustice qui pourrait mener le groupe à contester le retrait de permis devant la justice nationale ou internationale. Mais une escalade judiciaire risque d’envenimer encore la situation.

Des conséquences lourdes pour le Niger

Au-delà du contentieux avec Orano, c’est tout l’écosystème local qui pourrait pâtir du gel d’Imouraren. La mine devait générer des milliers d’emplois directs et indirects et être un moteur du développement régional. Sa suspension aura inévitablement un coût social et économique pour un pays qui figure déjà parmi les plus pauvres au monde.

Orano s’inquiète de l’impact négatif qu’aura cette décision sur le développement économique, social et sociétal de la région.

Communiqué d’Orano

Un défi pour la souveraineté énergétique française

Cette crise soulève en tout cas la question de la dépendance du nucléaire français aux importations d’uranium. Si le Niger ne pèse “que” 15% des approvisionnements d’Orano, la diversification des sources devient un enjeu stratégique. D’autant que la demande en uranium devrait exploser avec la relance du nucléaire.

Pour réduire cette vulnérabilité externe, certains plaident pour une relance de la production nationale d’uranium, à l’arrêt depuis 2001. Une piste écartée jusqu’ici pour des raisons économiques et environnementales, mais qui pourrait revenir sur la table. L’indépendance énergétique a un coût, que la France devra évaluer à l’aune des nouveaux risques géopolitiques.

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