En 2023, les investissements directs étrangers (IDE) ont connu un léger recul de 2% à l’échelle mondiale, atteignant 1 300 milliards de dollars. Cependant, cette baisse en apparence modérée cache une réalité plus préoccupante. En effet, si l’on exclut les fortes fluctuations des flux survenues dans certains États européens, le déclin réel des IDE s’élève à 10%. Ce phénomène s’explique principalement par l’intensification des tensions commerciales et géopolitiques, dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale.
L’impact sur le développement durable
Au-delà des chiffres, cette baisse des investissements étrangers a des répercussions concrètes sur le financement du développement durable, en particulier dans les pays du Sud. Selon le rapport d’ONU Commerce et Développement, les nouveaux investissements destinés aux secteurs des objectifs de développement durable (ODD) ont chuté de plus de 10%, notamment dans les domaines de l’agroalimentaire et de l’eau. Cette situation entrave les efforts visant à réaliser l’Agenda 2030 et appelle à une action politique urgente pour réorganiser les financements dans la transition verte.
Des perspectives mitigées pour 2024
Bien que les perspectives pour les IDE restent difficiles en 2024, le rapport indique qu’une croissance modeste semble possible pour l’ensemble de l’année, à mesure de l’assouplissement monétaire des banques centrales. De plus, la multiplication des portails d’information en ligne et des guichets uniques favorise un climat propice aux affaires et à l’investissement.
En 2023, 86 % des mesures de politique d’investissement adoptées dans les pays en développement étaient favorables aux milieux des affaires.
– ONU Commerce et Développement
Des disparités régionales
Le recul des IDE n’est pas uniforme à travers le monde. En Asie, malgré une baisse de 8% dans les pays en développement, la valeur des nouveaux projets a augmenté de 44%. La Chine, traditionnellement en tête des bénéficiaires d’IDE, a connu une rare baisse, profitant ainsi à l’Asie du Sud-Est. L’Afrique a également enregistré une baisse de 3%, mais attire une part croissante des méga projets mondiaux. Quant à l’Amérique latine et aux Caraïbes, le reflux est légèrement moins marqué (-1%).
L’impact de la taxation mondiale
Pour les pays développés, la mise en place d’un taux d’imposition mondial sur les bénéfices des sociétés multinationales a fortement affecté les flux d’IDE. Les transactions financières des entreprises, motivées en partie par cette nouvelle taxe, ont entraîné une diminution des flux vers la plupart des régions d’Europe (-14%) et d’Amérique du Nord (-5%).
Vers une réorganisation des financements
Face au ralentissement général du financement dans le monde et à son impact sur le développement durable, ONU Commerce et Développement appelle à une action politique urgente pour réorganiser les financements dans la transition verte. Il est essentiel de mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable et relever les défis mondiaux.
Le recul des investissements directs étrangers en 2023 met en lumière les défis auxquels est confrontée l’économie mondiale. Au-delà des chiffres, c’est le financement du développement durable qui est en jeu, en particulier dans les pays les plus vulnérables. Il est urgent d’agir pour réorienter les flux d’investissement vers les secteurs clés de la transition verte et assurer un avenir durable pour tous.