En cette période d’effervescence électorale, les prises de position des personnalités publiques sont scrutées à la loupe. C’est dans ce contexte que Matthieu Pigasse, banquier d’affaires influent et patron de presse engagé, a déclaré son soutien au Nouveau Front populaire (NFP) pour les législatives des 30 juin et 7 juillet. Une annonce qui soulève des questions, au vu de ses récentes activités opaques au Gabon aux côtés de Dominique Strauss-Kahn.
Un soutien au NFP qui interpelle
Sur France Info, Matthieu Pigasse a affirmé sans détour : « J’appelle en effet à voter Nouveau Front populaire, je considère qu’il faut tout faire pour faire barrage au Rassemblement national ». L’ancien directeur général délégué de la banque Lazard, désormais associé chez Centerview Partners, n’a pas mâché ses mots pour fustiger le bilan du gouvernement actuel, pointant du doigt « une dérive des finances publiques », un « déficit budgétaire hors de contrôle » et des « mesures antisociales ».
Un positionnement qui peut surprendre, venant d’un homme d’affaires dont les activités ne sont pas toujours transparentes. D’autant plus que la veille de cette déclaration, Matthieu Pigasse se trouvait à Libreville, au Gabon, en compagnie de Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur général du FMI.
Une visite gabonaise qui interroge
Selon le site Africa Intelligence, les deux hommes d’affaires français sont arrivés au Gabon le 15 juin pour « offrir leurs conseils au président de la transition et, pourquoi pas, investir dans les grands chantiers du pays ». Une visite discrète qui s’inscrit dans le cadre de la Françafrique, ce réseau d’influence entre la France et ses anciennes colonies africaines.
Cette proximité avec le pouvoir gabonais soulève des interrogations quant à la sincérité de l’engagement de Matthieu Pigasse auprès du NFP. Comment concilier un soutien à une coalition de gauche avec des activités de conseil auprès d’un régime dont la légitimité démocratique est contestée ?
Un parcours jalonné de controverses
Ce n’est pas la première fois que Matthieu Pigasse se retrouve au cœur de polémiques. Propriétaire du groupe de presse Les Nouvelles Éditions Indépendantes (LNEI), qui détient notamment les titres Les Inrockuptibles et Radio Nova, il a souvent été accusé de conflits d’intérêts entre ses activités de banquier d’affaires et ses investissements dans les médias.
En 2019, son nom avait également été cité dans l’affaire Epstein, le financier américain accusé de trafic de mineures. Si aucun élément tangible n’a permis d’établir son implication, ces révélations avaient terni son image.
Un engagement à prendre avec des pincettes
Au vu de ces éléments, le soutien de Matthieu Pigasse au NFP apparaît comme une tentative de redorer son blason et de se positionner du côté des « progressistes ». Mais peut-on réellement croire en la sincérité de cet engagement, quand en coulisses, il continue à jouer un rôle trouble dans les affaires africaines ?
Il est légitime de s’interroger sur les véritables motivations de ce banquier d’affaires, dont le parcours est jalonné d’ambiguïtés et de zones d’ombre. Son appel à voter NFP ressemble davantage à un calcul politique qu’à une réelle conviction.
Vers une clarification nécessaire
Dans un contexte électoral tendu, où la question de la probité des élites est au cœur des débats, Matthieu Pigasse se doit de clarifier sa position. S’il souhaite incarner un soutien crédible au NFP, il lui faudra faire preuve de transparence quant à ses activités et ses réseaux d’influence, en France comme à l’étranger.
Sans cette clarification, son engagement risque d’être perçu comme un énième coup de communication d’un homme d’affaires controversé, davantage mu par ses intérêts personnels que par une réelle volonté de changement. Les électeurs, de plus en plus exigeants et vigilants, ne s’y tromperont pas.
