Imaginez un instant : une joueuse au sommet de son art, pilier d’une équipe nationale, contrainte de dire adieu à son rêve de Coupe du monde. Ce n’est pas une fiction, mais la réalité de Romane Ménager, figure emblématique du XV de France féminin. À seulement 28 ans, avec 67 sélections à son actif, elle a pris une décision déchirante : faire une pause pour préserver sa santé après une série de commotions cérébrales. Son histoire, à la croisée du courage et de la prudence, soulève des questions essentielles sur la gestion des blessures dans le rugby et l’avenir des athlètes.
Une Carrière Brisée par les Commotions ?
Romane Ménager n’est pas une joueuse ordinaire. Troisième ligne de Montpellier, elle incarne l’énergie brute et la détermination du rugby féminin français. Mais en avril dernier, lors d’un match du Tournoi des Six Nations contre l’Italie, un choc a tout changé. Sortie commotionnée, elle n’a plus foulé les terrains depuis. Ce n’était pas sa première blessure de ce type : une commotion fin 2024 avait déjà marqué sa saison. Ces incidents à répétition l’ont poussée à faire un choix radical : renoncer à la Coupe du monde 2025.
« Ma santé passe avant tout, surtout quand il s’agit de la tête. »
Romane Ménager, dans une interview sur le site de la fédération française.
Ce choix, bien que douloureux, reflète une prise de conscience croissante dans le monde du sport. Les commotions, longtemps minimisées, sont aujourd’hui reconnues comme des blessures graves, avec des conséquences potentiellement lourdes sur la santé à long terme. Pour Romane, cette pause n’est pas une fin, mais une étape pour préserver son avenir, sur et en dehors des terrains.
Les Commotions : Un Fléau dans le Rugby
Le rugby est un sport de contact, où les chocs font partie intégrante du jeu. Mais à quel prix ? Les commotions cérébrales, ou traumatismes crâniens légers, surviennent lorsqu’un choc violent entraîne une perturbation temporaire des fonctions cérébrales. Les symptômes – maux de tête, vertiges, troubles de la concentration – peuvent sembler anodins, mais leur accumulation peut entraîner des séquelles graves, comme des troubles neurologiques ou des pertes de mémoire.
Dans le rugby professionnel, les statistiques sont alarmantes :
- En moyenne, 1 joueur sur 5 subit une commotion par saison dans les compétitions de haut niveau.
- Les femmes, en raison de différences physiologiques comme une masse musculaire moindre au niveau du cou, seraient plus vulnérables aux commotions.
- Une étude récente a montré que 30 % des joueurs ayant subi plusieurs commotions présentaient des signes de stress post-traumatique.
Pour Romane Ménager, ces chiffres ne sont pas abstraits. Après son dernier choc, les médecins ont été clairs : pas de retour au jeu avant la fin de l’été. Ce diagnostic, bien que difficile à accepter, met en lumière l’importance des protocoles de santé dans le sport moderne.
Le Parcours d’une Championne
Romane Ménager n’est pas seulement une victime des commotions. Elle est avant tout une athlète d’exception, dont le parcours force l’admiration. Née dans une famille de rugbymen, avec sa sœur jumelle Marine, elle a gravi les échelons pour devenir une pièce maîtresse du XV de France. Depuis ses débuts internationaux, elle a disputé deux Coupes du monde (2017 et 2022), décrochant à chaque fois une médaille de bronze. Son rôle dans la victoire des Bleues au Tournoi des Six Nations 2018 reste gravé dans les mémoires.
Les moments forts de Romane Ménager
- 2017 : Première participation à la Coupe du monde, avec une troisième place.
- 2018 : Contribution majeure à la victoire dans le Tournoi des Six Nations.
- 2022 : Nouvelle médaille de bronze à la Coupe du monde.
- 67 sélections : Un record impressionnant pour une joueuse de 28 ans.
Son absence à la Coupe du monde 2025, qui se tiendra en Angleterre du 22 août au 27 septembre, est un coup dur pour l’équipe de France. Mais Romane ne voit pas cela comme une fin. « Je n’ai pas envie d’arrêter », confie-t-elle, laissant entrevoir un possible avenir dans le rugby à 7, une discipline moins exigeante physiquement.
Santé et Sport : Un Équilibre Fragile
Le cas de Romane Ménager met en lumière un débat crucial : comment concilier performance et santé dans un sport aussi exigeant que le rugby ? Les fédérations, conscientes des risques, ont renforcé leurs protocoles. En France, par exemple, tout joueur commotionné doit suivre un processus strict :
Étape | Description |
---|---|
Évaluation initiale | Examen médical immédiat pour détecter les symptômes de commotion. |
Repos | Interdiction de toute activité physique pendant au moins 6 jours. |
Retour progressif | Reprise encadrée avec des exercices légers, sous supervision médicale. |
Autorisation finale | Feu vert des médecins pour un retour à la compétition. |
Ces mesures, bien que nécessaires, ne suffisent pas toujours. Les joueurs, portés par leur passion et la pression des compétitions, peuvent être tentés de minimiser leurs symptômes. Romane, elle, a choisi la prudence, un exemple rare dans un milieu où la culture du sacrifice est encore prégnante.
L’Impact sur le Rugby Féminin
L’absence de Romane Ménager à la Coupe du monde 2025 ne concerne pas seulement sa carrière. Elle pose aussi des questions sur l’avenir du rugby féminin. Ce sport, en plein essor, attire de plus en plus de spectateurs et de joueuses. Mais les blessures, notamment les commotions, pourraient freiner cette dynamique. Comment encourager les jeunes à s’engager dans un sport où les risques sont si élevés ?
Pour répondre à ce défi, plusieurs pistes émergent :
- Renforcer la prévention : Éduquer les joueuses sur les signes avant-coureurs des commotions.
- Adapter les règles : Réduire les contacts à haut risque, comme les plaquages hauts.
- Investir dans la recherche : Étudier les impacts à long terme des commotions, notamment chez les femmes.
Le rugby féminin, malgré ces défis, continue de briller. Les Bleues, portées par des talents comme Joanna Grisez, dont l’essai a été élu le plus beau du dernier Tournoi des Six Nations, restent compétitives. Mais l’absence d’une joueuse comme Romane rappelle que la santé doit rester une priorité.
Un Avenir à Réinventer
Contrairement à sa sœur Marine, qui a pris sa retraite après la Coupe du monde, Romane Ménager refuse de tourner la page. Son intérêt pour le rugby à 7 ouvre des perspectives excitantes. Cette discipline, plus rapide et moins axée sur les contacts, pourrait lui permettre de prolonger sa carrière tout en préservant sa santé. Mais ce choix soulève une autre question : le rugby à 7 est-il l’avenir des joueuses confrontées aux risques du rugby à XV ?
« Je veux tenter d’autres expériences et pourquoi pas via le rugby à 7. »
Romane Ménager, envisageant son futur.
Le rugby à 7, popularisé par les Jeux olympiques, offre une alternative séduisante. Moins de joueurs sur le terrain, des matchs plus courts et des contacts moins fréquents : autant d’atouts pour une athlète comme Romane, qui cherche à conjuguer passion et sécurité. Son éventuelle transition pourrait inspirer d’autres joueuses à explorer cette voie.
Une Leçon de Courage
En renonçant à la Coupe du monde, Romane Ménager envoie un message fort : la santé est non négociable. Dans un sport où la bravoure est souvent mesurée par la capacité à encaisser les coups, sa décision redéfinit ce que signifie être une championne. Elle montre que le courage, c’est aussi savoir dire stop, même face à un rêve.
Son histoire résonne au-delà du rugby. Elle rappelle que, dans tout sport de haut niveau, la pression pour performer ne doit jamais éclipser le bien-être des athlètes. Alors que le monde du rugby continue d’évoluer, des figures comme Romane Ménager pavent la voie pour une approche plus humaine et durable.
Et vous, que pensez-vous de la décision de Romane Ménager ? Le rugby doit-il revoir ses pratiques pour protéger ses joueurs ? Partagez votre avis !
En attendant son retour, les supporters des Bleues espèrent que Romane reviendra plus forte, que ce soit sur un terrain à XV ou à 7. Son parcours, marqué par des triomphes et des épreuves, est une source d’inspiration pour tous ceux qui croient que la santé et la passion peuvent coexister.