Alors que les projecteurs du Festival de Cannes 2025 illuminent la Croisette, une question brûlante émerge : comment le cinéma peut-il devenir une tribune pour la justice ? Cette année, des figures emblématiques du septième art, telles que Catherine Deneuve, Juliette Binoche ou encore Pedro Almodovar, ont choisi de faire entendre leur voix. Ils signent une pétition retentissante dénonçant le silence autour de la crise à Gaza, tout en réclamant la libération des otages retenus par le Hamas. Cet engagement marque un tournant audacieux dans un festival souvent perçu comme un écrin de glamour.
Quand le cinéma s’engage pour Gaza
Le Festival de Cannes, connu pour ses tapis rouges et ses avant-premières prestigieuses, s’est transformé en 2025 en une plateforme d’activisme culturel. Une lettre ouverte, signée par près de 900 personnalités, a secoué la Croisette. Ce texte, publié en marge de l’événement, condamne ce que ses signataires qualifient de silence assourdissant face à la situation dans la bande de Gaza. Parmi eux, des noms qui résonnent dans le monde entier : des actrices françaises comme Catherine Deneuve et sa fille Chiara Mastroianni, des réalisateurs comme Joachim Trier, et même des figures controversées comme Julian Assange.
Cette initiative ne se contente pas de pointer du doigt. Elle rend hommage à une figure tragique : Fatima Hassouna, une photojournaliste gazaouie de 25 ans, tuée par un missile israélien en avril 2025. Son documentaire, Put Your Soul on Your Hand and Walk, présenté dans une section parallèle du festival, a bouleversé les spectateurs. Ce film, réalisé par l’Iranienne Sepideh Farsi, met en lumière le quotidien des Gazaouis sous le blocus. Une conférence de presse, organisée avec la rapporteuse spéciale des Nations unies Francesca Albanese, a amplifié cet élan de solidarité.
« Nous avons un devoir de solidarité avec le peuple palestinien et d’exiger la libération inconditionnelle des otages à Gaza. »
Extrait de la tribune signée par les stars
Un casting de stars pour une cause brûlante
La liste des signataires de cette tribune impressionne par sa diversité et son prestige. Outre Catherine Deneuve, des figures comme Ralph Fiennes, Richard Gere, Javier Bardem ou encore Susan Sarandon ont rejoint le mouvement dès son lancement. Juliette Binoche, présidente du jury cannois, a elle aussi apposé sa signature, renforçant l’impact de cette démarche. Dans son discours d’ouverture, elle a rendu un hommage poignant à Fatima Hassouna, liant l’art à la défense des droits humains.
Des acteurs en compétition, comme Joaquin Phoenix et Pedro Pascal, ont également signé, prouvant que cet engagement transcende les générations et les nationalités. Ce collectif hétéroclite, mêlant réalisateurs, acteurs et activistes, illustre une prise de conscience croissante dans le milieu du cinéma. Leur message est clair : l’art ne peut rester indifférent face à la souffrance.
Les chiffres clés de la crise à Gaza
- 53 762 : Nombre de morts à Gaza depuis octobre 2023, selon le ministère de la Santé local.
- 2,1 millions : Personnes en danger de mort imminente, d’après l’OMS.
- 57 : Otages toujours retenus par le Hamas, dont 34 déclarés morts.
- 90 : Camions d’aide humanitaire entrés à Gaza récemment, selon l’ONU.
Le contexte : une crise humanitaire sans précédent
La tribune s’inscrit dans un contexte dramatique. Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a causé la mort de 1 218 personnes en Israël, majoritairement des civils, la riposte israélienne a plongé Gaza dans une crise humanitaire majeure. Les bombardements intensifs ont dévasté le territoire, où 2,1 millions de personnes vivent dans des conditions extrêmes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la population est confrontée à un risque imminent de famine et de maladies.
La pétition souligne également la nécessité de libérer les otages encore retenus par le Hamas. Sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque d’octobre 2023, 57 restent captives, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne. Ce drame humain, combiné à la situation à Gaza, a poussé les signataires à briser le silence.
Le cinéma, miroir des luttes sociales
Le cinéma a toujours été un reflet des combats de son temps. En 2025, Cannes devient le théâtre d’une mobilisation sans précédent. Le documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk incarne cette volonté de donner une voix aux sans-voix. Réalisé par Sepideh Farsi, il retrace le parcours de Fatima Hassouna, dont le travail de photojournaliste a documenté la résilience des Gazaouis face à l’adversité.
La présence de figures comme Francesca Albanese, soutenue par des ONG telles qu’Amnesty International ou Médecins sans frontières, renforce la portée politique de cet événement. Ces organisations rappellent l’urgence d’une action internationale pour répondre à la crise. Leur message : le cinéma peut être un levier pour éveiller les consciences.
« Le cinéma doit provoquer, questionner, et parfois déranger. »
Sepideh Farsi, réalisatrice
Une polémique qui divise
Cette mobilisation n’est pas sans susciter des débats. Certains saluent le courage des signataires, qui risquent leur image en prenant position sur un sujet aussi clivant. D’autres, cependant, critiquent une démarche qu’ils jugent biaisée. Les commentaires sur les réseaux sociaux reflètent cette fracture : certains internautes ironisent sur l’engagement des stars, les accusant de rester confortablement loin du terrain, tandis que d’autres applaudissent leur prise de parole.
Le terme génocide, utilisé dans la tribune, est particulièrement controversé. Israël a fermement rejeté cette accusation, arguant que ses opérations visent à neutraliser le Hamas, qualifié d’organisation terroriste. Ce débat sémantique et politique illustre la complexité du conflit, où chaque mot est scruté et interprété.
| Point de vue | Arguments |
|---|---|
| Signataires de la tribune | Dénoncent un silence complice et appellent à la solidarité avec les Palestiniens tout en exigeant la libération des otages. |
| Critiques | Reprochent une posture moralisatrice et un manque d’action concrète de la part des stars. |
Cannes 2025 : un festival sous tension
Le Festival de Cannes 2025 ne se limite pas à cette tribune. D’autres films et événements ont marqué l’édition par leur engagement social. Par exemple, Valeur sentimentale de Joachim Trier explore les liens familiaux avec une sensibilité rare, tandis que Jeunes mères des frères Dardenne aborde la précarité sociale. Ces œuvres, bien que moins directement politiques, participent à un climat de réflexion collective.
La Croisette, habituellement synonyme de paillettes, s’est ainsi transformée en un espace de débat. Les stars, en s’engageant, prennent le risque de polariser leur public. Pourtant, leur démarche semble portée par une conviction sincère : le cinéma doit dépasser le simple divertissement pour devenir un outil de changement.
Quel impact pour cet engagement ?
L’impact de cette tribune reste incertain. Si elle a réussi à attirer l’attention sur la crise à Gaza, elle soulève aussi des questions sur la portée réelle de l’activisme des célébrités. Peut-on changer le cours d’un conflit par une pétition ? Les signataires, conscients de leurs limites, insistent sur l’importance de briser le silence. Pour eux, chaque voix compte.
En parallèle, les ONG présentes à Cannes appellent à des actions concrètes : augmentation de l’aide humanitaire, protection des civils, et négociations pour la libération des otages. Ces demandes, relayées par des figures influentes, pourraient peser dans le débat international. Mais pour l’heure, la situation à Gaza reste désespérément inchangée.
Et si le cinéma, par sa capacité à émouvoir, devenait le catalyseur d’un changement ? La Croisette, en 2025, semble vouloir y croire.
Vers un cinéma plus engagé ?
Le Festival de Cannes 2025 marque un tournant. En plaçant la crise à Gaza au cœur des discussions, il rappelle que le cinéma n’est pas qu’un art, mais aussi un vecteur de réflexion. Les stars, en s’unissant, ont transformé la Croisette en une tribune mondiale. Leur message, bien que controversé, a le mérite de provoquer le débat.
Pour les spectateurs, cet engagement pose une question essentielle : jusqu’où l’art doit-il s’impliquer dans les combats de notre temps ? À Cannes, la réponse semble évidente : le silence n’est plus une option. Reste à savoir si cette mobilisation marquera un véritable tournant ou si elle restera un éclat éphémère dans l’histoire du festival.
