Le littoral de Nouvelle-Aquitaine, qui s’étend sur 840 km de l’estuaire de la Gironde jusqu’à la frontière espagnole, est confronté à une menace grandissante : l’érosion côtière. Chaque année, la région voit son trait de côte reculer inexorablement, grignoté par les vagues et les tempêtes. Un phénomène naturel, certes, mais qui s’accélère dangereusement sous l’effet du changement climatique. Face à ce défi, des experts se mobilisent pour mesurer l’ampleur de l’érosion et aider les collectivités à s’y adapter.
Un littoral sous haute surveillance
Depuis 20 ans, les techniciens de l’Observatoire de la Côte de Nouvelle-Aquitaine arpentent inlassablement les plages, dunes et falaises de la région, GPS en main. Leur mission : cartographier précisément le recul du trait de côte. Un travail de fourmi, réalisé chaque printemps à partir de 185 “transects”, des lignes virtuelles perpendiculaires au rivage.
L’aléa naturel, c’est l’érosion ou la submersion marine, et l’enjeu, c’est la maison qui va se trouver au-dessus de la plage : les deux associés constituent le risque.
– Lisa Martins, ingénieure en risques côtiers pour le BRGM
Grâce à ces données précieuses, les scientifiques peuvent modéliser l’évolution future du littoral et identifier les zones les plus vulnérables. Car l’enjeu est de taille : selon les projections, près de 6000 logements pourraient être menacés par l’érosion côtière en Nouvelle-Aquitaine d’ici 2050. Un chiffre alarmant, qui appelle à l’action.
Des stratégies d’adaptation sur-mesure
Pour faire face à cette menace, les collectivités locales multiplient les initiatives. À Bidart, au Pays Basque, la municipalité a ainsi décidé de relocaliser une partie d’un golf à flanc de falaise. À Saint-Jean-de-Luz, c’est une station d’épuration et des activités économiques qui devront être déplacées dans les prochaines années.
Mais s’adapter à l’érosion ne se résume pas à battre en retraite. Il faut aussi trouver des solutions pour protéger l’existant, là où c’est encore possible. Digues, enrochements, rechargements de plage en sable… Les options sont multiples, mais doivent être choisies avec soin, en fonction des spécificités locales.
La nature comme alliée
Les experts plaident également pour redonner toute sa place à la nature. Car si les dunes et les marais littoraux constituent des remparts naturels contre les assauts de l’océan, ils ont trop souvent été fragilisés par l’urbanisation et les aménagements côtiers. Les restaurer et les entretenir apparaît donc comme une priorité.
Le littoral sableux a une résilience que n’a pas la côte rocheuse parce qu’à l’été, la plage peut se recharger en sable, soit de manière naturelle soit par action anthropique des collectivités.
– Lisa Martins
Mais la partie est loin d’être gagnée. Car avec la hausse du niveau de la mer qui s’annonce – de 60 cm à 1 mètre d’ici 2100 selon les experts du GIEC -, l’érosion risque de s’accélérer encore. Les tempêtes seront plus fréquentes et plus intenses, les submersions plus dévastatrices. Un défi immense, qui appelle une mobilisation de tous les acteurs.
Un littoral résilient pour demain
Pour bâtir un littoral résilient, capable de s’adapter aux changements à venir, il faudra donc redoubler d’efforts et d’inventivité. Mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre, expérimenter de nouvelles solutions, sensibiliser les populations… Les chantiers ne manquent pas.
Mais une chose est sûre : face à l’érosion, le statu quo n’est plus une option. Il est temps d’agir, collectivement, pour préserver ce patrimoine naturel et humain exceptionnel qu’est le littoral aquitain. Un défi à notre portée, pour peu qu’on s’y attelle dès maintenant.