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Cannes 2025 : Woman and Child, un Cri Iranien

Woman and Child secoue Cannes 2025 avec son portrait brûlant d’une femme iranienne face au patriarcat. Une tragédie captivante signée Saeed Roustaee. Que cache cette fresque audacieuse ?

Dans une petite cuisine de Téhéran, une mère célibataire gronde son fils turbulent, un sourire en coin malgré son insolence. Cette scène, à la fois banale et vibrante, ouvre Woman and Child, le dernier film de Saeed Roustaee présenté en compétition à Cannes 2025. Avec une énergie brute et une critique acerbe du patriarcat, cette œuvre iranienne s’impose comme une tragédie moderne qui secoue les consciences. Comment une simple histoire familiale peut-elle devenir un miroir des luttes féminines dans une société rigide ?

Un Regard Sans Concession sur l’Iran Contemporain

Woman and Child n’est pas qu’un film : c’est un cri, une déclaration. Saeed Roustaee, jeune prodige du cinéma iranien, plonge dans les méandres d’une famille monoparentale pour révéler les tensions d’une société où les hommes dominent encore largement. À travers Mahnaz, une mère divorcée interprétée avec intensité par Parinaz Izadyar, le film dépeint une femme qui refuse de plier face aux attentes oppressantes de son entourage. Son combat, à la fois intime et universel, résonne comme une ode à la résilience féminine.

Le cinéaste, déjà remarqué pour Leila et ses frères en 2022, utilise ici une caméra nerveuse, presque documentaire, pour capturer la vie trépidante d’un appartement téhéranais. On y croise une grand-mère bienveillante, une tante rêveuse et une petite sœur discrète, mais c’est Aliyar, le fils espiègle, qui vole la vedette dans les premières scènes. Ce gamin, véritable tornade, incarne une liberté que sa mère, elle, doit conquérir à chaque instant.

Aliyar, l’Enfant qui Bouscule Tout

Difficile de ne pas sourire face aux frasques d’Aliyar. Ce garçon, avec son énergie débordante et son culot désarmant, est le moteur comique du film. Dans une société où chaque geste est scruté, son insolence devient un acte de rébellion involontaire. Roustaee joue sur ce contraste : l’enfant, libre de toute contrainte sociale, expose par son comportement les absurdités des normes imposées aux adultes, et surtout aux femmes.

« Aliyar, c’est l’Iran qui refuse de se taire, une énergie brute qui défie l’ordre établi. »

Un spectateur à Cannes 2025

Sa mère, Mahnaz, ne le diagnostique pas avec des termes cliniques comme on pourrait le faire ailleurs. Elle le gronde, rit, et passe à autre chose. Cette relation mère-fils, à la fois tendre et chaotique, donne au film une humanité palpable. Mais derrière les éclats de rire, une tension sourde s’installe : Mahnaz doit naviguer dans un monde où son statut de femme divorcée la rend vulnérable.

Une Charge Contre le Patriarcat

Le cœur de Woman and Child bat dans sa critique du patriarcat iranien. Roustaee ne mâche pas ses mots : les hommes du film, qu’ils soient beaux parleurs, manipulateurs ou violents, sont dépeints sans complaisance. Ils incarnent un système qui relègue les femmes à des rôles subalternes. Mahnaz, elle, refuse de se soumettre. Divorcée, elle rejette l’idée d’un remariage qui la priverait de son autonomie. Cette détermination fait d’elle une héroïne tragique, dont chaque choix est un défi lancé à la société.

Le film excelle à montrer comment les pressions sociales s’infiltrent dans les détails du quotidien. Une remarque anodine de la grand-mère, un regard désapprobateur d’un voisin : tout concourt à rappeler à Mahnaz sa place supposée. Pourtant, elle riposte, avec une colère contenue mais palpable, incarnant une résistance silencieuse qui gagne en intensité au fil du récit.

Dans une scène clé, Mahnaz confronte un homme qui tente de la manipuler. Son regard, à la fois blessé et défiant, résume toute la force du film.

Un Style Cinématographique Audacieux

Roustaee n’est pas un novice. À seulement 35 ans, il maîtrise l’art de la mise en scène avec une assurance rare. Ses plans serrés capturent les émotions brutes de ses personnages, tandis que ses dialogues, d’une précision chirurgicale, révèlent les tensions sous-jacentes. Le choix d’un décor unique – l’appartement familial – renforce l’impression d’enfermement, tout en offrant un contraste saisissant avec l’énergie débordante d’Aliyar.

La bande-son, minimaliste mais percutante, amplifie l’intensité dramatique. Chaque silence, chaque éclat de voix, est calculé pour immerger le spectateur dans l’univers de Mahnaz. Ce style, à mi-chemin entre réalisme et théâtralité, fait de Woman and Child une œuvre à la fois accessible et profondément sophistiquée.

Les Femmes au Cœur du Récit

Si Aliyar apporte une légèreté bienvenue, ce sont les femmes qui portent le film. Mahnaz, bien sûr, mais aussi la grand-mère et la tante, chacune à sa manière, incarne une facette de la condition féminine en Iran. La grand-mère, pilier de sagesse, tempère les conflits. La tante, plus jeune, rêve d’une liberté qu’elle n’ose pas encore saisir. Ensemble, elles forment un tableau nuancé de la solidarité féminine.

Roustaee évite les caricatures. Ses personnages féminins ne sont pas des victimes passives : elles luttent, chacune à leur échelle, contre les injustices du quotidien. Cette approche confère au film une universalité qui dépasse les frontières de l’Iran.

  • Mahnaz : Une mère célibataire qui défie les normes patriarcales.
  • La grand-mère : Une figure d’autorité douce mais ferme.
  • La tante : Une jeune femme en quête d’émancipation.

Cannes 2025 : Un Contexte de Révolte

La projection de Woman and Child à Cannes 2025 n’est pas anodine. Le festival, connu pour son goût des œuvres engagées, offre une tribune idéale à ce type de cinéma. Dans un contexte où les voix dissidentes peinent à se faire entendre en Iran, le film de Roustaee s’impose comme un acte de courage. Il rejoint d’autres œuvres iraniennes présentées cette année, toutes marquées par une volonté de dénoncer les injustices sociales.

« Ce film est une gifle, une manière de dire au monde : regardez ce que nous vivons. »

Un critique à la sortie de la projection

Le choix de Cannes comme plateforme amplifie le message du film. En compétition aux côtés de réalisateurs comme les frères Dardenne ou Julia Ducournau, Roustaee prouve que le cinéma iranien reste une force incontournable sur la scène mondiale.

Pourquoi Woman and Child Marque les Esprits

Ce qui rend Woman and Child si puissant, c’est sa capacité à mêler l’intime et le politique. Roustaee ne se contente pas de dénoncer : il raconte une histoire humaine, ancrée dans des détails du quotidien qui rendent ses personnages universels. La performance de Parinaz Izadyar, en particulier, est un tour de force. Son visage, tour à tour tendre et déterminé, porte toute la complexité de Mahnaz.

Le film n’évite pas non plus les questions difficiles. Que signifie être une femme libre dans une société qui valorise la soumission ? Comment élever un enfant dans un monde où les normes oppressent ? Ces interrogations, posées sans didactisme, donnent au film une profondeur rare.

Un Film dans la Course à la Palme ?

À mi-parcours de Cannes 2025, Woman and Child figure parmi les favoris pour la Palme d’or. Face à des concurrents comme L’Agent secret ou Sound of Falling, le film de Roustaee se distingue par sa sincérité et son audace. Les critiques saluent son mélange de réalisme et de tragédie, même si certains reprochent une première demi-heure trop énergique, qui peut dérouter.

Points forts Points faibles
Performance de Parinaz Izadyar Rythme parfois inégal
Critique sociale audacieuse Première demi-heure dense
Mise en scène immersive Quelques dialogues redondants

Malgré ces réserves, le film a conquis une large partie du public cannois. Sa capacité à mêler humour, drame et critique sociale en fait un sérieux prétendant aux récompenses.

Un Écho Universel

Bien au-delà de l’Iran, Woman and Child parle à quiconque a déjà ressenti le poids des attentes sociales. La lutte de Mahnaz pour sa liberté, son amour inconditionnel pour son fils, et sa résilience face aux injustices touchent une corde universelle. Roustaee signe ici un film qui transcende les cultures, unissant les spectateurs dans une réflexion commune sur la liberté et la dignité.

En sortant de la projection, on ne peut s’empêcher de repenser à Mahnaz, à son regard défiant, à son sourire face à l’insolence de son fils. Woman and Child n’est pas seulement un film : c’est un manifeste, un appel à reconnaître la force des femmes dans un monde qui cherche encore à les contraindre.

Un film qui reste en tête, longtemps après le générique.

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