Imaginez un homme qui, après avoir sifflé les plus grandes rencontres du rugby mondial, décide de troquer son sifflet pour un tableau tactique. Cet homme, c’est Alexandre Ruiz, une figure bien connue des amateurs de rugby, désormais à la tête de Soyaux-Angoulême, un club de Pro D2 qui défie les pronostics. Son parcours, entre arbitrage et coaching, est une véritable ode à la passion et à la persévérance. Comment cet ancien arbitre international a-t-il réussi à mener son équipe vers un quart de finale historique ? Plongeons dans cette aventure humaine et sportive.
De l’Arbitre au Stratège : Une Transition Pas si Étonnante
Quand on pense à Alexandre Ruiz, l’image d’un arbitre rigoureux, officiant en Top 14 ou aux Jeux olympiques de 2016, vient immédiatement à l’esprit. Pourtant, derrière cette carrière d’arbitre, il y a toujours eu un entraîneur en devenir. Dès son plus jeune âge, Ruiz accompagnait son père, lui-même coach, sur les terrains du sud de la France. Cette immersion précoce dans l’univers du rugby a forgé une passion indéfectible pour l’entraînement.
« J’ai toujours su que je voulais entraîner », confie-t-il dans une interview récente. Cette fibre, il la tient de son père, un homme de la terre, passionné par le rugby amateur. Dès 2006, alors qu’il arbitrait encore, Ruiz a commencé à coacher des équipes de jeunes, puis des clubs en Fédérale 3 et Fédérale 1. Ce double rôle, entre sifflet et banc de touche, peut sembler inhabituel, mais pour lui, c’était une évidence.
« Ce n’est pas l’arbitre qui est devenu entraîneur, l’arbitre était déjà entraîneur en même temps. »
Alexandre Ruiz
En 2018, il obtient son diplôme d’entraîneur, un sésame qui lui ouvre les portes d’une nouvelle carrière. Trois ans plus tard, en 2021, il saisit une opportunité en or : devenir entraîneur de la défense à Montpellier, un club prestigieux du Top 14. Ce choix, audacieux, marque un tournant. « Est-ce que le train allait repasser ? », se demandait-il. Il a plongé, sans hésiter.
Soyaux-Angoulême : Un Pari Gagnant
L’été 2023 marque un nouveau chapitre pour Ruiz. Il prend les rênes de Soyaux-Angoulême, un club de Pro D2 ambitieux mais modeste, avec un budget de 7 millions d’euros, loin des mastodontes comme Provence Rugby et ses 20 millions. Pour le président du club, Didier Pitcho, choisir Ruiz était un pari risqué, mais réfléchi. « C’est l’homme et ses convictions qui m’ont plu », explique Pitcho. « Sa passion pour le rugby et son engagement sont contagieux. »
Et le pari s’est avéré payant. Sous la direction de Ruiz, Soyaux-Angoulême a décroché une cinquième place historique en saison régulière, synonyme de qualification pour les barrages. Un exploit pour un club qui n’avait jamais atteint ce stade. Mais pour Ruiz, pas question de s’arrêter là. « Je n’ai même pas pris le temps de boire une bière après la qualification », raconte-t-il, soulignant son obsession pour le travail et la préparation.
Un club, une ville, une ambition : Soyaux-Angoulême, porté par Alexandre Ruiz, rêve d’écrire une nouvelle page de son histoire en Pro D2.
L’Héritage de l’Arbitrage : Une Arme Secrète ?
Si Alexandre Ruiz brille aujourd’hui comme entraîneur, son passé d’arbitre n’est jamais loin. « Mon histoire d’arbitre fait partie de moi », admet-il. Cette expérience lui confère une connaissance pointue des règles et une exigence rare. Sous sa houlette, Soyaux-Angoulême n’a reçu aucun carton rouge cette saison, une prouesse qui témoigne de sa capacité à transmettre discipline et rigueur à ses joueurs.
Mais cette double casquette n’a pas toujours été un atout. Pendant longtemps, Ruiz a dû faire face aux critiques. « Quand on gagnait, on remettait en cause l’arbitrage », se souvient-il avec un sourire. Il aura fallu quatre ans, dont deux à Montpellier avec un titre de champion en 2022, et deux à Angoulême avec une qualification historique, pour faire taire les sceptiques.
« J’ai été critiqué, mais aujourd’hui, on parle de ma compétence d’entraîneur, pas de mon passé d’arbitre. »
Alexandre Ruiz
Son passé d’arbitre lui offre également un regard unique sur le jeu. Il analyse les rencontres avec une précision chirurgicale, anticipant les décisions arbitrales et préparant ses joueurs à respecter les règles tout en exploitant les failles adverses. Cette approche méthodique est devenue une marque de fabrique.
Un Club, Une Ville, Une Histoire
Soyaux-Angoulême, c’est plus qu’un club. C’est une ville qui vibre pour son équipe, un projet porté par des passionnés comme Didier Pitcho, président depuis la création du club en 2010. Avec Ruiz à la barre, le club charentais s’est transformé en un sérieux prétendant en Pro D2. Mais comment expliquer un tel succès ?
Pour Pitcho, tout repose sur l’humain. « Alexandre, c’est un passionné. Il fait ce qu’il dit, et ça, c’est rare. » Cette alchimie entre un président visionnaire et un entraîneur dévoué a permis au club de dépasser ses limites budgétaires. Avec seulement 7 millions d’euros, Soyaux-Angoulême rivalise avec des équipes bien plus riches, comme Provence Rugby.
| Équipe | Budget (M€) | Classement 2024 |
|---|---|---|
| Soyaux-Angoulême | 7 | 5e |
| Provence Rugby | 20 | 2e |
Un Quart de Finale Historique
Le 22 mai 2025, Soyaux-Angoulême affronte Provence Rugby en quart de finale des barrages de Pro D2. Un rendez-vous avec l’histoire pour le club charentais, qui n’avait jamais atteint ce niveau. Pour Ruiz, ce match est l’occasion de montrer que son équipe n’a « rien à envier à personne ». Malgré leur statut de Petit Poucet, les Charentais abordent la rencontre sans pression.
« On a tout à gagner », insiste Ruiz. « Ces rectangles verts sont fabuleux, ils laissent place à l’imprévu. » Pour Pitcho, chaque minute sur le terrain est une minute de bonheur. L’objectif ? Offrir la meilleure version de l’équipe et, pourquoi pas, créer la surprise face à un adversaire favori.
« On est le Petit Poucet, mais on va donner la meilleure version de nous-mêmes. »
Alexandre Ruiz
Les Défis de l’Avenir
Lié à Soyaux-Angoulême jusqu’en 2027, Alexandre Ruiz ne se projette pas encore vers le Top 14. « Mon seul objectif, c’est de maintenir le club en Pro D2 l’année prochaine », affirme-t-il. Pourtant, son parcours impressionnant attire déjà l’attention. Un club de l’élite pourrait-il venir le chercher ? « Je réfléchirais, bien sûr », admet-il, tout en restant fidèle à ses valeurs : le travail et l’humilité.
Pour Didier Pitcho, perdre Ruiz serait un coup dur, mais il préfère en rire : « S’ils veulent le prendre, qu’ils fassent un chèque ! » Plus sérieusement, il sait que son entraîneur a encore beaucoup à offrir à Angoulême. La saison prochaine s’annonce déjà comme un défi de taille : confirmer la performance de cette année et continuer à faire grandir le club.
Une Philosophie de Vie : Sans Regrets
Ce qui frappe chez Alexandre Ruiz, c’est sa philosophie : vivre sans regrets. « Je préfère avoir des remords que des regrets », plaisante-t-il, citant Patrick Bruel. Cette mentalité l’a poussé à saisir chaque opportunité, qu’il s’agisse d’arbitrer un match international ou de coacher une équipe en Pro D2. C’est cette même énergie qu’il transmet à ses joueurs, les poussant à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Son histoire est celle d’un homme qui n’a jamais eu peur de prendre des risques. De l’arbitrage au coaching, en passant par les critiques et les doutes, Ruiz a tracé son chemin avec détermination. Aujourd’hui, il est à la tête d’un club qui défie les pronostics et inspire une ville entière.
Soyaux-Angoulême : un club qui prouve que la passion peut déplacer des montagnes.
Pourquoi Cette Aventure Inspire
L’histoire d’Alexandre Ruiz et de Soyaux-Angoulême, c’est celle d’un club modeste qui rêve grand. C’est l’histoire d’un homme qui, malgré les critiques, a su transformer son passé en atout. C’est aussi celle d’une ville, Angoulême, qui se rassemble derrière son équipe pour écrire une nouvelle page de son histoire.
En rugby, comme dans la vie, rien n’est jamais acquis. Mais avec des hommes comme Ruiz et Pitcho, portés par une passion sans faille, tout devient possible. Alors, ce soir, lorsque Soyaux-Angoulême foulera la pelouse face à Provence Rugby, ce ne sera pas seulement un match. Ce sera une célébration de l’effort, de l’ambition et de l’esprit d’équipe.
Et si cette aventure n’était que le début ?
