Dans une ville où les tensions peuvent éclater en un instant, un homme se tient au cœur de l’action, non pas avec une arme, mais avec des mots, des idées et une détermination sans faille. À Évry-Courcouronnes, une commune de l’Essonne marquée par des défis sociaux, Geoffrey de Giacomo, ancien gendarme, s’est donné une mission : enrayer le fléau des rixes urbaines. Son parcours, mêlant expérience sur le terrain et engagement communautaire, fait de lui une figure clé dans la lutte pour une ville plus apaisée. Comment un homme peut-il transformer une communauté à travers des actions invisibles mais essentielles ? Plongeons dans son histoire.
De Gendarme à Artisan de la Paix
Geoffrey de Giacomo n’est pas un inconnu dans le domaine de la sécurité. Pendant des années, il a servi comme gendarme, spécialisé dans les violences intrafamiliales. Cette expérience, où il a appris à écouter, désamorcer et prévenir, l’a préparé à un rôle encore plus complexe : celui de coordinateur du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) d’Évry-Courcouronnes. Depuis avril 2024, il orche, comme il le dit lui-même, travaille « dans l’ombre » pour tisser des liens et apaiser les tensions.
Son arrivée à ce poste marque un tournant pour la ville. Évry, comme d’autres communes de la région, fait face à une recrudescence des rixes, ces affrontements souvent spontanés entre groupes de jeunes. « Ces violences impactent 100 % de la population », explique-t-il, soulignant que personne, des adolescents aux familles, n’échappe aux répercussions de ces conflits.
« Ça impacte 100 % de la population. Les rixes ne sont pas juste un problème de jeunes, elles touchent tout le monde : les parents, les commerçants, les écoles. »
Geoffrey de Giacomo
Une Semaine pour Changer les Mentalités
Pour Geoffrey, la clé réside dans la prévention. En mai 2025, il a orchestré la première semaine de prévention des rixes à Évry, un événement inédit qui a mobilisé écoles, associations et familles. Cette initiative, loin d’être un simple coup de communication, visait à créer un dialogue durable. Ateliers dans les collèges, rencontres avec les parents, discussions avec les jeunes : chaque action était pensée pour déconstruire les mécanismes menant aux violences.
Pourquoi une telle démarche ? Les rixes, souvent perçues comme des bagarres anodines, peuvent avoir des conséquences dramatiques. Blessures graves, décès, traumatismes : les statistiques locales montrent une urgence à agir. En 2024, l’Essonne a recensé plusieurs incidents graves liés à ces affrontements, certains impliquant des adolescents à peine sortis de l’enfance.
Chiffres clés :
- Augmentation de 15 % des rixes signalées en Essonne entre 2023 et 2024.
- 70 % des rixes impliquent des jeunes de moins de 18 ans.
- 40 % des incidents se produisent à proximité des établissements scolaires.
Un Ancien Gendarme au Service des Jeunes
Ce qui distingue Geoffrey, c’est son approche humaine. Contrairement à l’image rigide que l’on pourrait associer à un ancien gendarme, il privilégie l’écoute et la proximité. Dans les collèges, il ne se contente pas de sermons moralisateurs. Il raconte des histoires, partage des expériences, et surtout, donne la parole aux jeunes. « Ils ont besoin de se sentir entendus », confie-t-il.
Son passé de gendarme lui confère une légitimité unique. Il connaît les rouages de la délinquance, mais aussi les failles du système. Plutôt que de punir, il cherche à comprendre les causes profondes des rixes : rivalités de quartiers, manque de perspectives, influence des réseaux sociaux. Ces facteurs, souvent imbriqués, nécessitent une réponse globale.
Mobiliser les Familles, un Défi de Taille
Si les jeunes sont au cœur des rixes, les familles ne sont pas en reste. Geoffrey insiste sur l’importance d’impliquer les parents dans la prévention. « Beaucoup se sentent démunis », observe-t-il. Pour les soutenir, il organise des ateliers où les parents apprennent à repérer les signaux d’alerte : changements de comportement, fréquentations douteuses, usage intensif des réseaux sociaux.
Ces sessions ne se limitent pas à des conseils théoriques. Elles offrent un espace d’échange où les parents partagent leurs inquiétudes et leurs solutions. Une mère, lors d’un atelier, a résumé l’impact de ces rencontres : « Avant, je ne savais pas comment parler à mon fils. Maintenant, je pose des questions, j’écoute. »
« Avant, je ne savais pas comment parler à mon fils. Maintenant, je pose des questions, j’écoute. »
Une participante aux ateliers
Les Réseaux Sociaux : Alliés ou Ennemis ?
À l’ère du numérique, les rixes ne se limitent plus aux ruelles. Les réseaux sociaux amplifient les conflits, transformant une simple dispute en un affrontement public. Une vidéo humiliante, un message provocateur : il suffit d’un clic pour embraser un quartier. Geoffrey le sait et intègre cette réalité dans ses actions.
Plutôt que de diaboliser les plateformes, il apprend aux jeunes à en faire un usage responsable. Lors d’ateliers, il explique comment un message peut être mal interprété ou comment une publication peut déclencher une escalade. « Les réseaux ne sont pas le problème, c’est l’usage qu’on en fait », martèle-t-il.
| Facteur | Impact sur les rixes | Solution proposée |
|---|---|---|
| Rivalités de quartiers | Alimentent les tensions historiques | Rencontres inter-quartiers |
| Réseaux sociaux | Amplifient les conflits | Éducation à l’usage responsable |
| Manque d’activités | Favorise l’oisiveté | Développement de projets culturels |
Un Travail de l’Ombre aux Résultats Concrets
Le travail de Geoffrey n’est pas toujours visible. Pas de projecteurs, pas de médailles. Pourtant, les premiers résultats se font sentir. Depuis le lancement de la semaine de prévention, plusieurs établissements scolaires ont signalé une baisse des incidents. Les parents, eux, se disent mieux équipés pour dialoguer avec leurs enfants.
Mais Geoffrey reste réaliste. « On ne va pas arrêter les rixes du jour au lendemain », admet-il. Son objectif est à long terme : changer les mentalités, renforcer la cohésion sociale, et donner aux jeunes des perspectives autres que la violence. Pour y parvenir, il mise sur la collaboration avec les associations locales, les éducateurs, et même les élus.
Les Défis à Venir
Le chemin est encore long. Les rixes, profondément ancrées dans certaines dynamiques sociales, ne disparaîtront pas sans un effort collectif. Parmi les obstacles, le manque de moyens financiers pour multiplier les initiatives et la difficulté à toucher certains jeunes désengagés. Pourtant, Geoffrey reste optimiste. « Chaque pas compte », affirme-t-il.
Pour l’avenir, il envisage d’élargir les actions de prévention à d’autres communes de l’Essonne. Des projets comme des tournois sportifs inter-quartiers ou des ateliers artistiques sont à l’étude. L’idée ? Offrir aux jeunes des espaces où ils peuvent s’exprimer autrement que par la violence.
Projets à venir :
- Tournois sportifs pour fédérer les quartiers.
- Ateliers artistiques pour canaliser les énergies.
- Programmes de mentorat pour les jeunes à risque.
Un Modèle pour d’Autres Villes ?
L’approche de Geoffrey pourrait-elle inspirer d’autres villes confrontées aux mêmes défis ? Son mélange d’expérience terrain, d’écoute et de pragmatisme en fait un modèle adaptable. Déjà, certaines communes voisines s’intéressent à son travail, cherchant à reproduire des initiatives comme la semaine de prévention.
Ce qui rend son action unique, c’est son refus de solutions toutes faites. Chaque atelier, chaque rencontre est adapté aux réalités du terrain. Cette flexibilité, alliée à une vision claire, pourrait bien faire d’Évry un exemple en matière de prévention de la délinquance.
En fin de compte, Geoffrey de Giacomo incarne une nouvelle forme d’engagement : celle d’un homme qui, loin des projecteurs, construit patiemment une communauté plus forte. Son histoire nous rappelle que le changement, même dans les contextes les plus complexes, est possible. Il suffit d’y croire, d’agir, et de ne jamais cesser d’écouter.
