Le président Emmanuel Macron se retrouve empêtré dans un véritable casse-tête néo-calédonien. Alors qu’il comptait faire adopter rapidement une réforme constitutionnelle dégelant le corps électoral pour les élections provinciales, le chef de l’État est sous pression pour reporter ce projet explosif. Une révision qui cristallise les tensions dans l’archipel du Pacifique, secoué par une flambée de violences depuis une semaine.
Un dossier brûlant qui divise
Validée par l’Assemblée nationale et le Sénat, cette réforme ne devait plus être qu’une formalité. Emmanuel Macron prévoyait de réunir le Congrès à Versailles avant fin juin pour l’entériner définitivement. Mais c’était sans compter la bronca suscitée localement par ce texte, perçu comme une remise en cause des équilibres issus des accords de Matignon et de Nouméa.
Des élus de tous bords appellent désormais le président à temporiser. Même ses soutiens, comme la maire Ensemble de Nouméa Sonia Lagarde, plaident pour “une pause” afin d’apaiser les esprits. Les indépendantistes kanak, eux, crient au “diktat colonial” et menacent de boycotter les prochaines échéances électorales.
Le spectre des violences
Car sur le terrain, la situation est plus que tendue. Barrages, incendies, pillages… Nouméa et sa région sont le théâtre de troubles d’une ampleur inédite depuis les années 1980. Un bras de fer qui ravive le spectre des affrontements inter-ethniques ayant endeuillé l’île à l’époque.
“La Nouvelle-Calédonie est devenue l’île la plus proche de l’enfer”
témoigne un habitant de Nouméa
L’état d’urgence a été décrété, des renforts de gendarmes et policiers arrivent en nombre. Mais beaucoup craignent un embrasement général si le dossier électoral n’est pas mis en pause. Un calcul risqué pour Emmanuel Macron, qui joue là une partie de son crédit et de son bilan.
Sortir de l’impasse par le dialogue
Pour sortir de l’impasse, le gouvernement mise sur la reprise du dialogue avec les forces politiques calédoniennes. Mais il sait aussi que reporter sine die cette réforme serait perçu comme un recul, voire un camouflet pour le chef de l’État. Emmanuel Macron est donc condamné à jouer les équilibristes pour tenter de déminer ce dossier ultra-sensible.
- Réunir les différents protagonistes pour renouer le fil du dialogue
- Obtenir des garanties sur la tenue d’élections apaisées et inclusives
- Trouver un consensus sur le corps électoral et le statut de l’archipel
Autant de défis sur lesquels le président va devoir se pencher en urgence s’il ne veut pas voir la Nouvelle-Calédonie sombrer dans le chaos. Un test majeur pour celui qui a promis de maintenir la France dans le concert des nations du Pacifique.