Une véritable tempête médiatique s’est abattue ces derniers jours sur Joseph Martin, candidat du Rassemblement National dans le Morbihan. Suite à l’exhumation d’un tweet datant de 2018, plusieurs grands médias comme Libération ou Le Canard Enchaîné ont accusé l’homme politique d’antisémitisme. Mais en y regardant de plus près, l’affaire semble bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Le tweet polémique passé au crible
Tout commence lorsque Libération met en lumière un message posté par Joseph Martin le 22 octobre 2018 sur le réseau social X (anciennement Twitter). On peut y lire : « Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah ». Pris hors contexte, difficile de ne pas y voir une référence douteuse à l’Holocauste. Les réactions indignées fusent, le Rassemblement National prend ses distances. Mais l’intéressé assure que son propos a été mal interprété.
La mort de Robert Faurisson, clé de l’énigme ?
En remontant le fil des tweets de Joseph Martin à cette période, un élément intrigue. La veille du message polémique, le candidat RN écrivait : « Quand le Gaspard, il faut pas rester ». Etrange formulation qui prend tout son sens quand on sait que le 21 octobre 2018, jour de la Saint-Gaspard, est aussi celui du décès de Robert Faurisson, figure du négationnisme condamnée par la justice.
Contacté par le JDD, Joseph Martin confirme qu’il faisait bien référence au négationniste dans ses tweets. Loin de tout antisémitisme, il assure avoir voulu se réjouir ironiquement de la mort de Faurisson en écrivant que « le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah ». Une formulation pour le moins maladroite, de l’aveu même de l’intéressé, mais qui serait donc à mille lieues d’un quelconque propos antisémite.
Venger les victimes de la Shoah, est-ce antisémite ? Non et tous les Juifs qui me connaissent m’envoient des messages de soutien.
Joseph Martin au JDD
Des prises de position qui contredisent l’accusation
Pour appuyer sa défense, Joseph Martin met en avant d’autres tweets attestant selon lui de positions incompatibles avec l’antisémitisme. En novembre 2018, alors que le maréchal Pétain était au cœur d’une controverse mémorielle, il écrivait ainsi que « Pétain doit être banni et oublié de l’histoire en tant que héros » en raison de sa collaboration avec les nazis. Il rappelle aussi avoir présenté des candidats de confession juive sur sa liste lors d’élections municipales de 2014.
Libération tempère, des soutiens s’expriment
Face à ces arguments, Libération semble commencer à faire machine arrière, reconnaissant que l’interprétation de son tweet par Joseph Martin « n’est pas claire ». De son côté, Tristan Mendès France, spécialiste de l’extrémisme en ligne, a retiré son tweet accusateur, notant que « si la formulation reste odieuse, sa motivation n’est pas évidente ». Le Mouvement des Étudiants Juifs de France dénonce quant à lui une « fake news ».
Si nul ne conteste la maladresse des propos de Joseph Martin, la thèse de l’antisémitisme apparaît donc de moins en moins crédible au fil des révélations. Reste à savoir si le mal n’est pas déjà fait pour le candidat, dont le Rassemblement National a suspendu l’investiture sous la pression médiatique. Une affaire qui illustre une fois de plus les ravages que peuvent causer les procès à charge précipités sur les réseaux sociaux. La révision des premiers jugements à l’aune des faits risque fort, elle, de susciter moins d’intérêt…
