Le monde de l’agroalimentaire français est en ébullition. L’Association nationale des industries alimentaires (Ania), premier syndicat du secteur regroupant 19 000 entreprises, se trouve au cœur d’une crise sans précédent. Avec la démission fracassante de plusieurs adhérents historiques, c’est tout l’écosystème qui vacille sur ses bases. Enquête sur les dessous d’une lutte acharnée pour la survie.
Un séisme nommé Fnil
Fin mai, un courrier de la Fédération nationale des industries laitières (Fnil) atterrit sur le bureau de Jean-Philippe André, président de l’Ania. À l’intérieur, une bombe : l’annonce de la démission de ce membre éminent qui rassemble des géants comme Lactalis, Danone ou Savencia. Un véritable coup de tonnerre pour l’instance de représentation.
Les Brasseurs de France, autre adhérent de poids avec ses 500 membres, emboîte rapidement le pas de la Fnil. Si les raisons précises restent floues, impossible de ne pas y voir les prémices d’une scission majeure. François-Xavier Huard, le patron de la Fnil, justifie sobrement : « Ces dernières années, nous avons demandé une refonte de l’Ania ». De toute évidence, le message n’est pas passé.
Un modèle à bout de souffle
Pour bien comprendre les ressorts de cette crise, il faut regarder en arrière. Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent au sein de l’Ania pour réclamer des changements structurels profonds. Gouvernance, représentativité, répartition des pouvoirs : les sujets qui fâchent ne manquent pas. Mais au-delà des équilibres internes, c’est le modèle même du syndicat qui semble à bout de souffle.
L’Ania n’a pas su s’adapter aux nouvelles attentes de ses adhérents, plus portés sur des approches sectorielles ciblées. Le côté fourre-tout et consensuel a fini par lasser.
Un industriel du secteur sous couvert d’anonymat
De fait, la défection de la Fnil et des Brasseurs de France affaiblit considérablement l’Ania, la privant d’une partie conséquente de ses troupes et de ses moyens financiers. Difficile d’imaginer l’avenir du syndicat sans ces deux piliers. « C’est une remise en question existentielle », confie, fataliste, un membre du conseil d’administration.
Front uni des distributeurs
Pendant que l’Ania se déchire, les distributeurs, eux, resserrent les rangs. Fin 2022, les géants du secteur signaient une alliance sans précédent, unissant leurs forces pour peser davantage face à leurs fournisseurs de l’industrie agroalimentaire. Un front commun inédit qui bouscule les rapports de force.
Négociations tarifaires, approvisionnements, questions logistiques : sur tous ces sujets brûlants, la grande distribution parle désormais d’une seule voix. Un rapport de forces inversé qui place une Ania fébrile en position de faiblesse. « Les industriels sont obligés de revoir totalement leurs stratégies face à des distributeurs plus puissants que jamais », analyse un expert du secteur.
Une élection pour la survie
C’est dans ce contexte explosif que se tient, ce jeudi, l’élection du nouveau président de l’Ania. Un scrutin crucial qui ressemble à une dernière chance pour redresser la barre. Deux candidats sont en lice : Jérôme Foucault, actuel vice-président, et Jean-Philippe André, le président sortant qui brigue un second mandat.
Au cœur des débats : la ligne stratégique à adopter pour sauver ce qui peut encore l’être. « Il faut totalement repenser l’Ania, recentrer ses missions, recréer de l’unité », martèle Jérôme Foucault. Son concurrent, lui, mise sur la continuité : « L’heure n’est pas à la révolution mais à l’apaisement ». Deux visions pour un même objectif : la survie.
Une chose est sûre : quel que soit le vainqueur, il devra être un habile rassembleur pour maintenir la cohésion d’un syndicat en plein doute existentiel. Car au-delà de l’Ania, c’est tout un modèle de représentation professionnelle qui vacille. Les mois à venir seront décisifs pour savoir si le pari de la refondation est tenable. Ou si le spectre de l’éclatement aura raison du géant de l’agroalimentaire français.
Négociations tarifaires, approvisionnements, questions logistiques : sur tous ces sujets brûlants, la grande distribution parle désormais d’une seule voix. Un rapport de forces inversé qui place une Ania fébrile en position de faiblesse. « Les industriels sont obligés de revoir totalement leurs stratégies face à des distributeurs plus puissants que jamais », analyse un expert du secteur.
Une élection pour la survie
C’est dans ce contexte explosif que se tient, ce jeudi, l’élection du nouveau président de l’Ania. Un scrutin crucial qui ressemble à une dernière chance pour redresser la barre. Deux candidats sont en lice : Jérôme Foucault, actuel vice-président, et Jean-Philippe André, le président sortant qui brigue un second mandat.
Au cœur des débats : la ligne stratégique à adopter pour sauver ce qui peut encore l’être. « Il faut totalement repenser l’Ania, recentrer ses missions, recréer de l’unité », martèle Jérôme Foucault. Son concurrent, lui, mise sur la continuité : « L’heure n’est pas à la révolution mais à l’apaisement ». Deux visions pour un même objectif : la survie.
Une chose est sûre : quel que soit le vainqueur, il devra être un habile rassembleur pour maintenir la cohésion d’un syndicat en plein doute existentiel. Car au-delà de l’Ania, c’est tout un modèle de représentation professionnelle qui vacille. Les mois à venir seront décisifs pour savoir si le pari de la refondation est tenable. Ou si le spectre de l’éclatement aura raison du géant de l’agroalimentaire français.