En plein cœur de Lyon, un immeuble vide est devenu le refuge inattendu de 80 femmes sans-abri et leurs enfants. Depuis une semaine, elles occupent les lieux dans l’espoir de trouver un toit, au moins pour l’été. Une situation d’urgence qui met en lumière la précarité des femmes à la rue.
Un sursis accordé par la justice
Vendredi matin, le tribunal administratif de Lyon examinait la procédure d’expulsion déposée par le propriétaire de l’immeuble, le bailleur social Grand Lyon Habitat. Celui-ci invoquait l’insalubrité et la dangerosité du bâtiment, qui doit faire l’objet de travaux. Mais contre toute attente, le juge a décidé de reporter sa décision au 23 août, accordant ainsi un répit aux occupantes.
Cela va permettre aux 80 femmes et enfants sur place de se reposer un peu même s’il y a expulsion ensuite.
Juliette Murtin, fondatrice du collectif Solidarité entre femmes à la rue
Parmi ces femmes se trouvent des profils très variés et vulnérables : femmes malades, handicapées, avec des bébés, des familles nombreuses, des victimes de violences… Elles espèrent désormais que cette occupation médiatisée poussera les pouvoirs publics à leur proposer des solutions d’hébergement.
Des promesses en attente de concrétisation
La mairie de Lyon a promis au collectif un bâtiment de 60 places pour septembre, mais il nécessite encore des travaux. Le collectif demande 100 places supplémentaires pour héberger toutes ses membres sans-abri. Il réclame aussi la réquisition des bâtiments vides et la reprise des mises à l’abri par la métropole.
En effet, la métropole, compétente pour l’hébergement des femmes seules avec enfants de moins de 3 ans, a gelé ses dispositifs de mise à l’abri, faute de moyens suffisants. Un coup dur pour ces femmes déjà fragilisées.
Le défi persistant des enfants à la rue
Cette occupation fait écho à la problématique plus large des écoliers sans-abri, de plus en plus nombreux à Lyon malgré les promesses de la majorité écologiste. En mai dernier, l’expulsion de familles hébergées dans deux gymnases avait déjà suscité la polémique. L’objectif « zéro enfant à la rue » reste un défi majeur pour la municipalité.
Au-delà de l’urgence estivale, c’est bien un accompagnement global et pérenne qu’attendent ces femmes pour sortir durablement de la rue, avec leurs enfants. Un combat de longue haleine pour lequel la mobilisation citoyenne et politique reste cruciale.