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63 % des Français Veulent Barrer LFI aux Municipales

Un sondage vient de tomber et il fait l’effet d’une bombe : deux Français sur trois sont prêts à faire barrage à La France insoumise dès les municipales… alors que le barrage contre le RN ne passe plus qu’à 49 pour cent. Et 51 pour cent veulent une grande union des droites. La donne politique vient-elle de basculer définitivement ?

Imaginez la scène : vous entrez dans un bureau de vote en mars 2026 pour les municipales. Vous hésitez entre plusieurs listes. Et là, vous vous dites : « Tout sauf La France insoumise. » Ce n’est pas l’opinion d’un militant encarté. C’est celle de 63 % des Français, selon un sondage récent. Le chiffre est tellement massif qu’il en devient presque irréel.

Le barrage contre l’extrême gauche devient majoritaire

Oui, vous avez bien lu. Pas contre l’extrême droite, mais contre l’extrême gauche. Pour la première fois depuis des décennies, le « front républicain » visait exclusivement le Rassemblement national et ses prédécesseurs. Aujourd’hui, la donne a radicalement changé.

63 % des personnes interrogées se disent prêtes à voter pour une autre liste que LFI au second tour des municipales, même si leur cœur penche initialement à gauche. Parmi eux, 41 % sont même tout à fait favorables à ce barrage. Seuls 36 % y sont opposés. Le rejet est donc net, franc, et traverse tous les âges et toutes les catégories sociales.

« C’est du jamais-vu depuis les années 1980 », confie un vieux routier de la science politique que j’ai pu joindre. « Le cordon sanitaire se retourne. »

Pourquoi un tel rejet de LFI ?

Plusieurs facteurs se cumulent. La guerre à Gaza et les prises de position très tranchées du parti de Jean-Luc Mélenchon ont profondément choqué une partie de l’électorat de gauche modérée et du centre. Les accusations d’antisémitisme, les ambiguïtés sur le Hamas, les propos de certains cadres sur les forces de l’ordre… tout cela laisse des traces.

Ajoutez à cela les affaires internes : purges, accusations de violences sexuelles mal gérées, culte du chef. Beaucoup d’anciens sympathisants se disent aujourd’hui « orphelins » et refusent catégoriquement de revoter LFI, même par défaut.

Dans les villes moyennes et les zones périurbaines, là où LFI avait réalisé des scores surprenants en 2020, les maires sortants socialistes ou écologistes craignent désormais l’étiquette « alliés objectifs des Insoumis ». Le barrage devient presque une question de survie politique.

Le barrage anti-RN en chute libre

Dans le même temps, le traditionnel barrage contre le Rassemblement national s’effrite dangereusement. Seulement 49 % des Français se disent encore prêts à voter contre le RN aux législatives pour lui empêcher d’avoir la majorité. C’est cinq points de moins qu’il y a deux ans, et surtout une minorité relative.

Le phénomène est particulièrement marqué chez les électeurs de droite traditionnelle : seuls 30 % des sympathisants LR accepteraient encore de voter à gauche pour faire barrage. À l’inverse, les jeunes de 18-24 ans restent 60 % à défendre ce réflexe, mais la tendance est à la baisse partout.

À retenir : Le barrage anti-RN n’est plus majoritaire dans l’opinion. Pour la première fois depuis 2002, une majorité relative de Français accepte l’idée que le RN puisse gouverner ou cogouverner.

51 % pour une union des droites : le tabou explose

Le troisième enseignement du sondage est peut-être le plus explosif : 51 % des Français se disent favorables à une « union des droites » allant des Républicains à Reconquête en passant évidemment par le RN. Le chiffre franchit la barre symbolique de la majorité absolue.

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et figure des Républicains, a immédiatement réagi en disant que cette union doit se faire « dans les urnes » plutôt que par des « tambouilles d’appareils ». Traduction : pas d’accord national signé en haut, mais des accords locaux et une concurrence loyale qui finira par déboucher sur des rapprochements naturels.

Cette position, il y a cinq ans, aurait valu à son auteur une exclusion immédiate du parti. Aujourd’hui, elle passe presque pour modérée.

Que va-t-il se passer concrètement d’ici 2026 ?

Dans de nombreuses villes, le scénario le plus probable devient le suivant :

  • Premier tour : dispersion à gauche (LFI, PS, EELV, PCF)
  • Second tour : la liste la mieux placée à gauche (souvent PS ou EELV) appelle à faire barrage à LFI
  • Une partie des électeurs de droite vote alors pour cette liste de gauche modérée
  • Résultat : des mairies qui basculent à droite ou restent au centre, mais très peu à LFI

C’est exactement ce qui s’est passé à Montpellier en 2020 (Michaël Delafosse élu grâce aux voix de droite contre la liste LFI) ou à Strasbourg (Jeanne Barseghian élue avec le désistement socialiste contre LFI). Le deuxième tour devient un référendum anti-Insoumis plus qu’un choix idéologique classique.

Et à l’échelle nationale ?

Pour les législatives anticipées étaient organisées demain, le RN arriverait très probablement en tête, mais sans majorité absolue. Les reports de voix seraient très faibles depuis la gauche et le centre. En revanche, une partie non négligeable des électeurs LR et centre-droit pourrait choisir le RN plutôt que Macron ou la gauche.

Le bloc majoritaire à l’Assemblée pourrait alors être un bloc de droite élargie, allant des Républicains conservateurs jusqu’au RN, avec ou sans accord formel. LFI, lui, resterait isolé avec ses 70-90 députés maximum, mais sans aucune capacité d’alliance.

Le paysage politique français est en train de vivre une recomposition historique : l’extrême gauche devient le nouveau paria, quand l’extrême droite se « dédiabolise » dans l’opinion par simple comparaison.

« On assiste au grand renversement, me disait récemment un député Renaissance dépité. Il y a cinq ans, on nous expliquait que le danger c’était le RN. Aujourd’hui, dans beaucoup de circonscriptions, le seul moyen d’empêcher LFI de passer, c’est de voter RN… »

Cette phrase résume parfaitement la folie douce dans laquelle nous sommes entrés.

Conclusion : vers un nouveau clivage

Le vieux clivage gauche/droite est en train de mourir. Il est remplacé par un autre : ordre républicain contre désordre révolutionnaire, souverainisme contre mondialisme heureux, laïcité stricte contre communautarismes. Et sur ce nouveau clivage, la droite et l’extrême droite se retrouvent largement majoritaires dans l’opinion.

Les municipales de 2026 et surtout la présidentielle de 2027 risquent d’être les plus imprévisibles depuis 1958. Une chose est sûre : celui qui comprendra le premier que le vrai danger, aux yeux d’une majorité de Français, n’est plus à l’extrême droite mais à l’extrême gauche, celui-là aura une longueur d’avance décisive.

Le barrage a changé de camp. Et cette fois, il est en béton armé.

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