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50 ans après la dictature argentine : la lutte continue

50 ans après la dictature argentine, les familles de Français disparus luttent toujours pour obtenir justice et vérité. Malgré les obstacles, leur combat pour la mémoire se poursuit...

La justice française aussi mobilisée

La justice française n’est pas en reste. En 1990, Alfredo Astiz a été condamné par contumace à la perpétuité dans l’affaire Domon et Duquet. Une information judiciaire ouverte en 1998 se poursuit concernant 11 autres victimes françaises. Pour clôturer ce dossier, il faut encore vérifier « s’il y a des personnes qui ont déjà été condamnées en Argentine pour les mêmes faits » afin « de ne pas doubler les procédures » précise Sophie Tonon, avocate des familles.

Mais le temps presse, alors que témoins et bourreaux vieillissent. S’ils meurent, ils emporteront avec eux « une grande partie de la mémoire de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils ont vu, de ce qu’ils ont entendu et la possibilité de châtiment de leurs crimes », souligne Me Tonon. 50 ans après, pour les familles de disparus, chaque jour compte dans ce combat pour la vérité et la justice.

Un demi-siècle s’est écoulé depuis la sombre période de la dictature militaire en Argentine, mais pour les familles de Français portés disparus entre 1976 et 1983, la quête de justice et de vérité reste un combat de tous les instants. Annie Domon, dont la sœur Alice figure parmi les victimes, a pu assister à la condamnation du responsable de sa mort. Une forme de réparation que d’autres proches attendent encore, près de 50 ans après les faits.

Une lutte pour la mémoire et contre l’oubli

Pour Annie Domon, 84 ans, la vengeance n’est pas le moteur de son combat. « Simplement, il faut que la justice soit rendue », confie-t-elle. « On ne peut pas travailler à la réconciliation sans parler de justice ». Sa sœur Alice, surnommée « Lisette », religieuse partie en mission en Argentine, a disparu en décembre 1977. Elle soutenait alors les Mères de la Place de Mai qui recherchaient leurs enfants disparus.

Lors de sa visite en Argentine, le président Emmanuel Macron a rendu hommage dimanche aux victimes de la dictature dans l’église Santa Cruz de Buenos Aires, lieu emblématique de la résistance. « On ne vous oublie pas », a-t-il lancé aux proches, rappelant que parmi les dizaines de milliers de disparus, au moins 22 étaient français.

Les « vols de la mort », méthode des bourreaux

En décembre 1977, Alice Domon et une autre religieuse française, Léonie Duquet, sont arrêtées avec plusieurs militants des Mères de la Place de Mai. Après avoir été torturées et assassinées, elles sont jetées à la mer lors d’un sinistre « vol de la mort », pratique courante des militaires pour faire disparaître les corps.

Alice était quelqu’un qui est allé au bout de ses convictions. Elle avait une foi chevillée au corps, mais aussi une foi dans les humains.

Annie Domon, sœur d’Alice Domon

Le spectre du révisionnisme en Argentine

Si le procès de l’ancien militaire Alfredo Astiz, surnommé « l’Ange blond de la mort », condamné à perpétuité pour la disparition des deux religieuses françaises, a apporté une forme de réparation à Annie Domon, d’autres familles attendent toujours que justice soit faite. Et les proches redoutent un revirement avec l’arrivée au pouvoir du président argentin Javier Milei, accusé de révisionnisme sur la dictature.

Alors que les organisations de défense des droits humains évaluent à 30 000 le nombre de disparus sous la junte, Javier Milei affirme qu’ils étaient moins de 9 000. Les familles de Français disparus demandent la nomination de responsables français et argentins pour relancer les recherches des corps. Car comme le souligne Éric Domergue, frère d’Yves disparu en 1976, « la disparition est pire que la mort ».

Un combat pour les 30 000 disparus

L’identification en 2010 du corps de son frère Yves et de sa compagne mexicaine Cristina Cialceta, retrouvés à Melincué à 300 km de Buenos Aires, a permis à la famille Domergue de commencer son deuil, 34 ans après leur disparition. Mais Éric Domergue poursuit la lutte pour les autres familles et craint une « amnistie » en Argentine pour les bourreaux déjà condamnés.

Quand je parle d’Yves, je parle des 30 000. Le combat pour la vérité, la mémoire et la justice continue pour les 30 000.

Eric Domergue, frère d’Yves Domergue disparu en 1976

La justice française aussi mobilisée

La justice française n’est pas en reste. En 1990, Alfredo Astiz a été condamné par contumace à la perpétuité dans l’affaire Domon et Duquet. Une information judiciaire ouverte en 1998 se poursuit concernant 11 autres victimes françaises. Pour clôturer ce dossier, il faut encore vérifier « s’il y a des personnes qui ont déjà été condamnées en Argentine pour les mêmes faits » afin « de ne pas doubler les procédures » précise Sophie Tonon, avocate des familles.

Mais le temps presse, alors que témoins et bourreaux vieillissent. S’ils meurent, ils emporteront avec eux « une grande partie de la mémoire de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils ont vu, de ce qu’ils ont entendu et la possibilité de châtiment de leurs crimes », souligne Me Tonon. 50 ans après, pour les familles de disparus, chaque jour compte dans ce combat pour la vérité et la justice.

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